SQLSTATE[23000]: Integrity constraint violation: 1062 Duplicate entry 'XxuISHZorVJSShceHeY1h0qQAI2Z91SXpdw8Kmm27VKP3NUBRJsZzIG0hyPhqy4F' for key 'sid'SQLSTATE[23000]: Integrity constraint violation: 1062 Duplicate entry 'Qj3XSzjFPqWX8HvGGtixiIH897gi3AWJKQwsfGXVWKIVi4rOnzbv7Iu7GAgz139B' for key 'sid'
En librairie le 19 Avril 2013
-
ISBN:
2-36371-0574
-
Format:
140 x 225 mm
-
Page:
336p.
-
Prix:
25.5 €
Quand Ulysse revient à Trieste
Boris Pahor
« Sur ordre du commandant de Trieste :
1. Tous les offi ciers, sous-officiers et soldats qui étaient sous commandement italien le 8 septembre doivent se présenter en uniforme à la caserne de Roiano.
2. Ils seront enrôlés d ans les forces allemandes afin de combattre les partisans.
3. Ils formeront une unité militaire spéciale.
4. Les officiers, sous-officiers et soldats qui s’opposeront au susdit enrôlement seront internés et déplacés hors de Trieste.
5. Les officiers, sous-officiers et soldats ne répondant pas à ce décret encourent la peine maximale.
6. Les intéressés doivent se présenter du 19 septembre 1943 à 7 heures au 20 septembre 1943 également à 7 heures. »
Rudi Leban, le Slovène, vient d’échapper de justesse à une rafle allemande à la gare de Trieste. Le voilà contraint de reprendre aussitôt un train qui remonte, lui-même, le fi l d’une longue histoire de résistance au joug italien, illuminée par la présence de la jeune Vida. Replié sur le haut plateau du Karst, Rudi sait qu’il va lui falloir bientôt revenir à Trieste. Revenir chez lui après bien des
détours – comme Ulysse à Ithaque – et chasser de la mythique ville-dans-le-golfe tous les prétendants, fascistes ou nazis, au cœur slovène.
Un récit de résistance et de libération à son apogée.
Par l’auteur de l’inoubliable Pèlerin parmi les ombres (La Table ronde), figure majeure de la culture européenne dont l’oeuvre est traduite dans le monde entier.
Traduit du slovène par Jure Kozamernik.
Diffusion CDE/SODIS.
Le Monde des Livres
Libérer Trieste
Mediapart
Boris Pahor : l'art de ficher le camp dans nos mémoires
L'Express
Quand Ulysse revient à Trieste
Maison de l'Europe
Rencontre avec Boris Pahor le 29 mai à la maison de l'Europe
France Info
Une lecture recommandée par Xavier de Marchis sur France Info
Dernières nouvelles d'Alsace
La traversée du siècle
Libérer Trieste
Cela commence en septembre 1943, dans l'angoisse et dans un train de nuit, en Italie du Nord. A chaque gare, une menace : celle des Allemands qui raflent les hommes en âge de porter les armes et "les dissolvent dans la masse de leurs fusils". C'est le temps de la République de Salo, les débuts de la guerre civile. Dans les wagons à bestiaux équipés de quelques bancs, la conjoncture et l'obscurité libèrent un peu la parole. Des voix évoquent Mussolini porté par les banques, jeté par elles et récupéré par les commandos d'Hitler ; son gendre, Ciano, "passé à la trappe" ; le roi Victor-Emmanuel III "qui fait rire", et "les soldats à poil qui décampent la queue entre les jambes" devant les Alliés qui ont débarqué au sud. Puis, le jour se lève sur une belle plaine à champs de maïs mûr, et les gares continuent de se succéder "comme les graduations d'un thermomètre" dont la peur "fait monter le mercure". Nous sommes en compagnie d'un jeune Italien d'origine slovène, Rudi Leban, qui tente de revenir dans sa ville pour prendre part à la résistance. Sa ville, c'est Trieste.
Avant chaque gare, le train ralentit fortement pour que puissent sauter les gens qui n'ont pas envie de faire de mauvaises rencontres Arrive à Trieste, Rudi réussit in extremis à échapper à une rafle en montant dans un train qui repart en sens inverse. II se retrouve au-dessus de la ville dans le haut pays du karst, des collines calcaires, pays de grottes, de vignes en terrasses, d’étroites prairies, de murets de pierres, de pinèdes, de tulipes, de petits villages, pays slovène exploité par la ville, et où la lutte antiallemande s'organise en même temps que les vendanges. Les femmes y portent des robes à grandes fleurs dont le décolleté laisse parfois voir, « tel du fromage blanc dans un bol, une gorge des plus généreuses». Au fil de quelques jours, Rudi va avoir la tentation de s'intégrer à ce monde et à sa résistance, en même temps que monte en lui, lié à certains souvenirs, un dégoût de Trieste.
Le titre original du livre de Boris Pahor est Mesto v Zalivu, « La ville dans la baie ». A rebours de cette simplicité, le titre français, Quand Ulysse revient à Trieste, fait résonner deux grands mythes que séparent plus de vingt-six siècles, pour annoncer un roman qui les déconstruit. Son auteur y met en évidence, derrière le mythe de Trieste la cosmopolite, une histoire plus rude, plus guerrière, plus inhumaine, celle du conflit entre la ville bourgeoise et son arrière-pays de calcaire. Et celle surtout du conflit entre les Slovènes et les fascistes qui voulurent les faire disparaitre, au moins en tant que langue et civilisation, et allèrent jusqu'à italianiser leurs noms sur les pierres tombales après avoir incendié le palais de leur culture.
Quant au héros d'Homère, Rudi commence par s’en distinguer assez fortement, il n'a pas de femme qui l'attende, pas de royaume, pas de vieux chien. II n'a pas non plus la metis, la ruse de l'Achéen, ni son goût de la vengeance. Mais Trieste est quand même pour lui un pays de Pénélopes qui défont chaque nuit le travail de la journée, ouvriers qui réparent une route mais font sauter un pont, cheminots qui conduisent les trains, sabotent les aiguillages et - au contraire de la reine - se font prendre et mettre à mort.
Le roman de Pahor n'a pas l'innocence des mythes. C'est un roman problématique tendu entre l'engagement et l'ironie, le goût de la nature et la volonté politique, la poésie du cœur et la prose du monde. Une phrase peut y faire naître la magie d'une couleur violette, à l'aube, sur une pente surplombant la mer, et ce moment d'épiphanie est suivi d'une remontée dans l’histoire de cette couleur, à travers la voix d'une vieille paysanne le violet, c'est celui de l'absinthe, la plante amère «qui purifie le sang» et qui s'est répandue pendant et au lendemain de la Première Guerre mondiale. Elle était propagée par les chevaux et les mulets des soldats. C'est ce qui fait dire à Rudi que la domination « qui avait apporté des crânes et des squelettes dans les dolines et les éboulis avait aussi pensé à amener des mulets afin de faire proliférer l’absinthe au milieu des carcasses »
II y a aussi dans ce livre, ne boudons pas notre plaisir, le romanesque du « elles et lui », du jeune homme hésitant entre deux femmes. Vida et Majda Vida est comme le karst, songe Rudi, taillée par la rivière et polie avec sensualité par la brise marine. Slovène méprisée par les Italiens, elle veut aller se fondre, non pas dans Trieste mais dans Venise, Florence et Rome pour devenir plus italienne que les Italiens de Trieste. Elle a, vis-à-vis de la guerre, l'insouciance d'une Hélène surgie de L'Iliade, et ne voit dans l'affrontement qu'un manège sans fin. «Avant, nos gars prenaient le maquis à cause des Italiens, ensuite ce sont les Italiens qui se sont enfuis à cause des Allemands, ensuite nos gars se sont échappés des camps italiens, maintenant c'est de nouveau vous qui prenez le maquis à cause des Allemands, c'est lassant à la fin.» Rudi la trouve insupportable, jusqu'au jour où il découvre qu'elle abrite et soigne, à tout risque, deux jeunes résistants. C'est de l'autre femme, Majda, « belle femme, dont les appâts sont atténués par des traits calmes et assurés », que Rudi tombe vraiment amoureux, dans une scène stendhalienne où, comme Lucien Leuwen, il commence par chuter de son siège au moment où il voudrait séduire. Très vite, la vie les sépare
« Le moule italien »
Rudi est le personnage fictif à travers lequel Boris Pahor, né en 1913, met en fiction et à distance sa propre expérience de Slovène, victime dès les années 1920 de la sauvagerie fasciste. Résistant au régime de Mussolini, puis à l'occupation hitlérienne, Pahor sera capturé en 1944 et envoyé dans différents camps de concentration, le Struthof, Dachau, Dora, Bergen Belsen. Plus tard, cette expérience lui fera dire qu'on ne parle pas assez de certaines minorités victimes elles aussi de l'entreprise génocidaire des nazis. Et il refusera en 2009 la« Médaille du Mérite » décernée par Trieste parce que la déclaration du maire berlusconien faisait silence sur les exactions du régime de Mussolini à l'égard des Slovènes. Là-haut, sur le karst, le héros en vient à agiter des sentiments contradictoires à l'égard de Trieste. Cette ville-mère est aussi« l'usine qui s'emploie à fondre les Slovènes dans le moule italien», l'endroit ou un instituteur peut «suspendre par les tresses au porte manteau une écolière qui a osé parler dans sa langue d'esclave»
Mais la ville qui fait peur et révulse devient justement l'endroit où il faut aller lutter, car « c'est dans la ville qu'il s'agit d'éradiquer le chancre qui nous dévore l'existence» De retour enfin dans Trieste, Rudi croisera Majda, résistante en mission comme lui. Elle lui fera signe de l'ignorer, le laissant à ce mélange de force et d'amertume que les bons romans savent redonner au discours de l'histoire et des mythes quand il menace de s'affadir •
HEDI KADDOUR
QUAND ULYSSE REVIENT A TRIESTE (Mesto v zalivu), de Boris Pahor,
traduit du slovène par Jure Kozamernik, Pierre-Guillaume de Roux, 2013
Boris Pahor : l'art de ficher le camp dans nos mémoires
Vous ne trouverez pas sur terre centenaire si littéraire – excepté Maurice Nadeau, né en mai 1911. C'est le 26 août que l'écrivain slovène Boris Pahor atteindra le nombre fatidique aux deux zéros. Il continue ses activités, avec entrain. L'ancien résistant sait faire preuve d'humour et d'humilité, comme à la fin de la première vidéo ci-dessus, lorsqu'il rebondit sur notre parallèle (démesuré) entre tourisme de masse et déportation. Boris Pahor est le vice-doyen des artistes ayant survécu aux camps de la mort nazis (la doyenne étant la pianiste Alice Herz-Sommer, qui affiche – incroyable mais vrai ! – dix ans de plus que lui).
Boris Pahor est parfaitement italianophone. Il aurait pu écrire dans l'idiome de Dante, comme Claudio Magris, autre “nobélisable” que compte l'étonnante Trieste. Mais dans cette ville, Boris Pahor fut confronté à une scène fondatrice, dont il parle au début de la deuxième vidéo (ci-dessous) : l'incendie de la Maison de la culture slovène, par les fascistes italiens, en 1920 – l'année de ses 7 ans. Il devait ensuite choisir de s'exprimer dans la langue slovène fragile et malmenée. Solidarité fidèle, absolue, qui fera de lui un résistant. Et qui le mènera dans les camps nazis, du Struthof à Bergen-Belsen, en passant par Dachau et Dora.
Il remémorera longtemps dans le désert. Mais tout vient à point qui sait attendre. En 1990, il a 77 ans quand Pierre-Guillaume de Roux, des éditions de La Table ronde à Paris, publie Pèlerin parmi les ombres, qui était paru en 1967 avec pour titre Nekropola, en slovène. En 1995, il a 82 ans quand Jean-Luc Douin consacre, dans Télérama, à l'occasion de Printemps difficile (Phébus), un article qui fera connaître au grand public cet « écrivain éblouissant ».
Pour boucler la boucle, Boris Pahor, l'année de ses 100 ans, voit Pierre-Guillaume de Roux publier un roman inédit : Quand Ulysse revient à Trieste (Éd. Pierre-Guillaume de Roux). Récit magnifique sur la résistance et la dignité slovènes en 1943. Avec une préface de celui qui avait apporté Pèlerin parmi les ombres, dans une traduction italienne, au même Pierre-Guillaume de Roux en 1990 : le photographe aveugle d'origine slovène Evgen Bavcar personnage fabuleux auquel un remarquable documentaire avait été consacré en 1987 : Le regard ébloui).
En 2013, au bout de son parcours, Boris Pahor n'est-il pas en mesure de lâcher : « Rien de ce qui est inhumain ne m'est étranger » ?
Boris Pahor rend compte de ce XXe siècle des wagons à bestiaux, avec un fantastique hérité du XIXe siècle des tables tournantes : « Si nous ne savons pas comment s'établit en nous le contact entre le passé et le présent, il n'en est pas moins vrai qu'un fluide imperceptible et puissant nous traverse parfois et que la proximité de cette atmosphère inhabituelle, insolite, fait tressaillir les autres comme une barque sur une vague soudaine » (Pèlerin parmi les ombres).
Son écriture accouche de spectres. « Nous ne sommes pas des rescapés mais des revenants », confiait Jorge Semprún dans L'Écriture ou la vie. Comme Primo Levi (1919-1987), comme Imre Kertész, né en 1929, lauréat du prix Nobel de littérature (2002), Boris Pahor réussit une transmission à partir des ténèbres de la rétrospection. Sentinelle d'un monde anéanti, le voici comme un ultime trait d'union, arpenteur d'horreurs qui magnétisent la mémoire.
ANTOINE PERRAUD
Quand Ulysse revient à Trieste, de Boris Pahor. Traduit du slovène par Jure Kozamernik. Préface d'Evgen Bacvar (Éd. Pierre-Guillaume de Roux, 336 p., 25,50 €).
Pour écouter les entretiens filmés de Boris Pahor, rendez-vous au lien suivant :
http://www.mediapart.fr/article/offert/de0532f82fb983625d4fd6f70cef6d0b
Quand Ulysse revient à Trieste
Boris Pahor, l'un des grands écrivains du xxe siècle, était à Paris pour la traduction de son récit sur la résistance à Trieste, en 1943. Rencontre avec une vigie centenaire.
Dix-huit septembre 1943. Rudi Leban, passager inquiet du train Bergame-Trieste, redoute l'arrêt à la gare de Vérone, où les rails peuvent conduire tout droit au nord, au col du Brenner, puis en Autriche et en Allemagne. Depuis la déposition de Mussolini, les soldats de la Wehrmacht raflent les jeunes Italiens qui ont enlevé à la hâte leur uniforme de soldat pour rentrer chez eux. Direction : le front russe. Rudi Leban refuse d'être un de ces « malgré-nous ». Il échappe aux griffes allemandes et se cache sur le haut plateau du Karst, leVercors triestin qui domine l'Adriatique, puis redescend dans sa ville afin d'y mener un double combat clandestin, contre les fascistes et les nazis, pour la dignité slovène. Quand Ulysse revient à Trieste est un livre superbe qu'on salue d'un garde-à-vous silencieux. Il n'y a que son auteur qui s'interroge encore, dans un français parfait : « Qu'en avez-vous pensé ? »
Le Slovène, langue humiliée, sera celle de la dignité retrouvée
Ce 8 mai, jour anniversaire de la capitulation du Reich, Rudi Leban – alias Boris Pahor – nous accueille dans un petit hôtel parisien. Il aura 100 ans le 28 août prochain - c'est donc l'un des derniers sujets de l'empire des Habsbourg. C'est surtout un très grand écrivain, l'un des deux Triestins éligibles au Nobel, avec Claudio Magris. Mais, contrairement à l'auteur italien du merveilleux Danube, il écrit en slovène. C'est à Pierre-Guillaume de Roux, grande carcasse qui embrasse ce petit monsieur frêle comme un aïeul vénéré, que l'on doit la publication en français, il y a vingt-trois ans, de Pèlerin parmi les ombres, récit magistral de la déportation de Pahor dans le camp de concentration du Struthof et, sans doute, son livre majeur. C'est au même éditeur, qui a depuis créé sa maison, que l'on doit celle de Quand Ulysse revient à Trieste publié en 1955 dans la ville slovène de Koper (Capodistria).
Italien, Boris Pahor aurait pu écrire dans cette langue apprise au berceau, avec l'allemand et le slovène. Sa renommée aurait sans doute été plus grande. Mais une scène primitive d'une rare violence l'en empêche. En 1920 - il a 7 ans -, il assiste à l'incendie par les fascistes de la Maison du peuple slovène de Trieste, l'équivalent de nos maisons de la culture. L'ancien port de la marine austro-hongroise est alors le champ d'expérimentation de l'italianisation forcée : interdiction de l'usage du slovène, transformation des noms (la famille Pahor y échappe), interdiction d'exercer certains métiers (le père de Boris, photographe, est chassé de la police austro-hongroise). Le jeune homme en fait le serment : le slovène, langue humiliée, sera la langue de la dignité recouvrée.
Après la guerre en Libye dans l'armée italienne, la résistance, la déportation et le sanatorium français où le soigne la belle infirmière Arlette, Boris Pahor écrit. Ses romans, interdits pour «anticommunisme » dans la Yougoslavie de Tito, snobés par une Italie indifférente et plus prompte à célébrer les victimes des communistes titistes que celles des fascistes, sont lus en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Contre vents mauvais et marées chahutées, Boris Pahor vit depuis toujours à Trieste, vestige du monde d'hier. Témoin capital du siècle, il n'a qu'une supplique à l'égard de la jeunesse européenne : « Etudiez l'histoire tragique de votre continent. »
EMMANUEL HECHT
Quand Ulysse revient à Trieste, par Boris Pahor - trad, du Slovène par jure Kozamernik et préfacé par Evgen Bavcar. (Pierre-Guillaume de Roux, 2013)
Rencontre avec Boris Pahor le 29 mai à la maison de l'Europe
Son Exc. Madame Veronika Stabej, Ambassadeur de Slovénie en France
Madame Anne Houtman, Chef de la représentation de la Commission européenne en France
Madame Catherine Lalumière, Présidente de la Maison de l'Europe de Paris
sont heureuses de vous inviter à une
rencontre avec Boris PAHOR - un Slovène de Trieste
à l'occasion de la sortie de son roman Quand Ulysse retourne à Trieste aux éditions Pierre-Guillaume de Roux
la discussion sera animée par René de Ceccatty
le mercredi 29 mai à 18h30
à la Maison de l'Europe de Paris
35, rue des Francs-Bourgeois, Paris IVè
Entrée libre, pour l'inscription obligatoire par mail : europe1@paris-europe.eu
Boris PAHOR est un écrivain slovène né en 1913 à Trieste où il vit toujours. En 1920 il assista à l'incendie de la Maison de la Culture slovène ("Narodni dom") par les fascistes italiens. Quand les nazis prirent le contrôle de la région en 1944, il rejoignit les rangs de l’armée de libération yougoslave. Arrêté, il fut déporté en Alsace (Natzweiler-Struthof), puis en Allemagne (Dachau, Bergen-Belsen, Dora). Il est révélé aux lecteurs de langue française par son récit majeur Nekropola (Le Pèlerin parmi les ombres,La Table ronde, 1990), où il narre son expérience des camps de la mort, puis par son roman du retour à la vie Printemps difficile (Phébus, 1995), suivi d'une série d'autres. Cette année, il fête son centième anniversaire et les éditions Pierre-Guillaume de Roux marquent ce jubilée en publiant un roman inédit Quand Ulysse retourne à Trieste.
Ses ouvrages évoquent d'une part la naissance du fascisme italien à Trieste et la persécution qu'avait subie pendant un quart de siècle, entre 1920 et 1943, sa communauté slovène, et de l'autre, la passion amoureuse rédemptrice et l'ode à la nature. En tant que déporté politique - un Triangle rouge! insiste-t-il toujours - sa chance aura été d’avoir été intégré, grâce à son excellente pratique des langues vivantes, aux équipes d’infirmiers des camps, pour lesquelles il devient traducteur. Comme par reconnaissance, Pahor l'Européen a gagné ses galons dans sa lutte incessante en faveur des langues et minorités en Europe.
René de CECCATTY est critique littéraire au journal Le Mondeet auteur d’une trentaine de romans, essais et biographies, chez Gallimard, au Seuil et chez Flammarion. Editeur et traducteur d’italien et de japonais, il écrit aussi pour le théâtre. Il vient de publier un récit sur Greta Garbo, Un renoncement (Flammarion).
Une lecture recommandée par Xavier de Marchis sur France Info
Ecoutez Xavier de Marchis, directeur de la librairie Contretemps – 41, rue Cler – 75007 Paris – recommander la lecture de Quand Ulysse revient à Trieste, le dernier roman du grand auteur slovène Boris Pahor (Pierre-Guillaume de Roux, 2013) dans l’émission A livre ouvert sur France info en vous rendant au lien suivant :
http://www.franceinfo.fr/livre/a-livre-ouvert/conseils-de-lecture-pour-les-ponts-dumois-de-mai-983757-2013-05-11]
La traversée du siècle
Pèlerin parmi les ombres, l'admirable Boris Pahor a érigé face à la barbarie concentrationnaire qu'il subit au camp du Struthof, une œuvre littéraire considérable. Aujourd'hui, paraît en français Quand Ulysse revient à Trieste qui ravive l'éclat de la culture slovène- l‘une des fondations essentielles du phénomène littéraire triestin.
Arrivé à l’âge d’archive, Pahor est l'un des derniers témoins de l'expérience littéraire triestine, traversée par le souffle épique Slovène. De l'impensable expérience concentrationnaire nazie, il n'a cessé de témoigner. Revenant sur les lieux du crime en Alsace, au camp du Struthof où il fut déporté. S'adressant aux jeunes lycéens, scolaires d'ici et d'ailleurs ; conversant avec les lecteurs de ses livres intenses, exigeants, bouleversants d'intelligence. Boris Pahor a transcendé les tyrannies sauvages du siècle dernier. Alors que l'on découvre en français, ce texte publié en 1955, Boris Pahor a aujourd'hui cent ans. Quand revient Ulysse à Trieste (éd. Pierre-Guillaume de Roux, traduction de Jure Kozamernik) résonne comme l'éternel retour.
L'écrivain slovène nous offre ici un puissant roman où les problématiques de langue, de liberté, d'engagement se cristallisent à travers une écriture ample, souveraine, renouvelée. En réactualisant le vieil archétype d’Ulysse, Boris Pahor active un mouvement dialectique entre archaïque et moderne, entre cultures italienne et Slovène, entre forces dionysiaque et apollinienne. Sur les traces du jeune Slovène Rudi Leban qui vient d'échapper à l'automne 1943, à une rafle allemande à la gare de Trieste, l'auteur développe la problématique identitaire. Au gré de monologues intérieurs, de dialogues avec la belle Vida, de réminiscences fragmentaires, se dévoile la face méconnue de Trieste, la quintesence culturelle Slovène. Cette identité singulière convoie un élan universel. Et porte l'espoir d'une liberté et d'une justice historique.
VEP
Rencontre avec Boris Pahor le 10 mai à l7h à la libraire Kleber à Strasbourg.
Quand Ulysse revient à Trieste, de Boris Pahor (Pierre-Guillaume de Roux, 2013)