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En librairie le 13 Mars 2014
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ISBN:
2-36371-0857
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Format:
140 x 225 mm
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Page:
352p.
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Prix:
24.9 €
Le cas Perenfeld
Fabrice Pataut
« Lorsque vous arriverez à Kipling, dit Fairbanks avec douceur, vous éteindrez vos lumières. – Après la route de Cork ? – Vous aurez déjà coupé le moteur. – On risque pas de nous entendre ? – Je veux être seul avec elle dans le noir, vous comprenez, et que la voiture passe sous sa fenêtre sans bruit comme un fantôme quand elle viendra me rejoindre à côté du rideau pour vérifier ce qu’elle aura cru voir... Ce qu’elle veut voir depuis des années. »
Il y a comme un art de la cérémonie dans ces récits précis, aux mises en scène tirées au cordeau, terriblement ordonnées mais sur lesquelles plane un mystère insondable.
« Le monde de Pataut est un monde de prodiges. »
Alberto Manguel
Diffusion CDE/SODIS.
La Quinzaine littéraire
Le démon de l'écriture
Service littéraire
Le brio de Fabrice Pataut
Spectacle du Monde
Un talent démoniaque
Librairie Delmain
Signature autour de Fabrice Pataut le 15 mai
Charybde
Le fantastique de Fabrice Pataut
Préfigurations
De Borgès à Pataut
Paris Plurielle
Fabrice Pataut invité de Jean-Claude Caillette sur Paris Plurielle
Livres-Hebdo
La galerie des jeux
SFL
Le Cas Pérenfled sélectionné par la Société Française du Livre
Le démon de l'écriture
S'il est un écrivain à qui pourrait s'appliquer le très galvaudé qualificatif d'«inclassable», c'est bien Fabrice Pataut. Cet éminent philosophe des mathématiques, élève de Jean-Toussaint Desanti, charge de recherches au CNRS, traducteur de John Stuart Mill (De la liberté), de Michael Dummett (Philosophie de la logique) et par ailleurs de Paul Bowles, cet homme habillé et chaussé sur mesure cache sous son élégance un démon qui s'éveille la nuit, et pas n'importe quel démon : le démon de l'écriture.
Fabrice Pataut a publié quatre romans Aloysius, paru en 2001 chez Buchet-Chastel, a été réédité en 2009 dans la collection « Motifs » avec une préface d'Alberto Manguel, qui semble avoir tout compris des intentions de l'auteur puisqu'elle est intitulée « Le travail du diable » . « Le monde de Pataut est un monde de prodiges, les garçons adolescents conservent leur jeunesse tout en mûrissant infiniment Les chats parlent la langue des humains tout au long de leurs vies quasi éternelles Les femmes sont victimes des horreurs les plus indicibles, mais se révèlent capables de les transcender, telle la Marguerite de Goethe .. ».
Dès ce premier roman, l'étendue de son registre est aussi évidente que son érudition Qui mieux que lui pouvait s'intéresser au poète Aloysius Nelson-Sintes, dont l'unique recueil, Spanish Ardour, publie en 1852, ne serait jamais sorti d'un oubli programme sans sa curiosité et son élégante traduction de deux poèmes qui évoquèrent pour quelques lecteurs les Cartes postales d'Henry J.- M. Levet chères à ses amis Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud ?
Suivirent trois autres romans, Tennis, socquettes et abandon (2003), En haut des marches (2007) et Reconquêtes (20 ll), dont la sagesse des titres cache à peine la singularité, le « gai venin » ; et, à intervalles réguliers, des poèmes, des essais et surtout des récits, parfaite introduction aux diverses facettes du talent de leur auteur, qui en rassembla quelques-uns, autrefois disperses au hasard de leur publication, parfois illustrés par son complice Gilles Chez, dans un premier recueil, As os/ras e outros contas (« les huîtres et autres contes »), publié en 2000 en traduction portugaise. Certains seront repris dans leur langue originale dans Trouvé dans une poche (Buchet-Chastel) D'une perversité malicieuse et d'une écriture raffinée, ce petit livre lui valut quelques admirations enthousiastes, dont celle d'Hector Bianciotti, et en 2005 le prix de la nouvelle de l'Académie française On n'en était encore qu'au début des surprises, qu'il sort de son chapeau comme en se jouant. Ainsi l'histoire de cette huître qui va jusqu'au bout de son rêve : être servie chez Maxim's.
Aujourd'hui, ce sont quarante-six nouvelles au ton chaque fois différent et de longueurs très inégales, de la demi-page pour une « fable » comme « Les chiens » à la vingtaine de pages pour « Le banquet », terrifiant jeu de massacre, ou « Vidéos », purement « désagréable », que Pataud réunit sous le titre d'une des plus mélancoliques, « Le cas Perenfeld », histoire d'un homme « qui a plus d'un tour dans son sac », fait des métiers bizarres - comme dompteur de lions dans un
cirque - et finira comme un traître, exécuté.
Autre énigme • « Monsieur Loiseleur ». Merveille de concision et d'étrangeté. En trente lignes, dont la première est tout un programme . « Sous un nom ordinaire, un homme extraordinaire». On n'ose imaginer ce que ce monsieur collectionne dans le secret des cages de son amère-boutique de la rue Durantin, mais on peut s'attendre à ce que cela relève du « prodige » - fortement teinté de cauchemar - évoqué par Manguel. Pourtant n'étant pas tout à fait sans bagage littéraire, on est en droit de penser que Pataut a lu bon nombre des auteurs qu'André Breton fait figurer dans son Anthologie de l'humour noir, Carroll, Villiers, Lautréamont, Allais, Jarry, Kafka, Leonora Carrington et sa Débutante,
Jean Ferry et son Tigre mondain et d'autres encore . Marcel Schwob et ses figures de cauchemar, Borges et ses labyrinthes, Mandiargues pour les créatures de son Musée noir, Queneau et son Cheval troyen, Gombrowicz, rien que de
la très bonne compagnie.
On se gardera surtout d'oublier Saki, dont il a tenu à ressusciter l'extraordinaire chat détective doué de parole, Tobermory, « dont il a appris la mort à grand regret » Hitchcock l'adorait, nous fait savoir Pataut, qui partage aussi avec le cinéaste de Rich and strange et de Psycho le goût très britannique des situations troubles, des notations macabres et du grand guignol, ainsi qu'une prédilection pour l'humour glacial et les plus indécentes mystifications. D'un autre récit bien déjanté, « Invitation à un remontage », surgit comme par enchantement une phrase hallucinante « Je repartis dans un tel état de contentement que j'en oubliais mon bras gauche dans son sac », qui fait d'autant
plus froid dans le dos qu'elle est à prendre au pied de la lettre. Car Pataut ne cesse de relever des défis C'est pour de telles phrases et l'affolante logique qui aboutit à leur écriture qu'on ne se lasse pas de se perdre dans les drôles d'histoires d'un écrivain qui déconcerte sans cesse un lecteur ne sachant jamais sur quel pied danser et passant d'une page à l'autre de l'horreur à la jubilation Un écrivain capable des pires abominations, de celles qui font se dresser les cheveux sur la tête, comme d'en arriver à des bonheurs secrets d'une pure délicatesse Cela passe par une grande maîtrise d'écriture, une habileté diabolique. Mais on sait que le diable est un vieil ami de l'auteur d'Aloysius, qui a choisi comme épigraphe de son Cas Perenfeld cette citation de Pasolini: « Seule la nostalgie du péché me réchauffe »
DOMINIQUE RABOURDIN
Le cas Perenfeld, nouvelles de Fabrice Pataut (Pierre-Guillaume de Roux, 2014)
Le brio de Fabrice Pataut
Des nouvelles dans un style clair qui nous font passer de l'ordinaire à l'extraordinaire.
Proposer des nouvelles à un éditeur, c'est offrir un steak cuit au gaz de schiste à un écologiste végétarien II a été si souvent répété que les Français n'aiment pas les nouvelles qu'ils ont fini par le croire en oubliant que dans le genre, nous avons un Georges-Olivier Châteaureynaud et une Annie Saumon II est cependant quelques romanciers qui s'y risquent II en est même qui trouvent un éditeur Ainsi de Fabrice Pataut qui nous offre de faire la connaissance de Pascal que Dieu rappelle a Lui parce qu'il lui préfère les crapauds, de Dolores et de Ricardo liés par ce curieux objet qu'on appelle un livre, d'Ali, d'Ahmed, d'Azab qui marchent côte à côte et dont nous ne saurons jamais s'ils sont nobles ou chasseurs, dans leur univers fait « du vent et du sable et la route jaunie par le soleil » on est l'un ou l'autre, et rien de plus, de Perenfeld, qui offre une glace à Gianfranco, un gamin de cinq ans qui le retrouvera en diverses circonstances, de pays en pays, tantôt dompteur, tantôt homme d'affaires, rencontres inexorables qui font de lui un cas, mais lequel…? En un récit de vingt pages, ou quatre, ou une, Pataut brosse êtres, lieux et situations dans un style toujours clair pour des mises en scène ou l'irréalité, voire le fantastique, s'inscrivent dans le quotidien le plus banal Quoi de plus normal que de penser à acheter un « rasoir électrique et de la mousse mentholée » Mais quand cet achat est le fait d'un vampire qui en perd le goût du sang, de l'ordinaire on passe à l'extraordinaire, ce que Pataut fait avec brio et, parfois, en prime et non dite, une morale comme d'une fable Cependant, autre facette du talent du nouvelliste, il y a aussi des moments de simplicité émouvants comme cette vie de fourreurs vue par les yeux d'un enfant Dans l'ordre ou le désordre, allez de l'une à l'autre de ces séquences de vie rêvées ou non, vous ne regretterez pas le voyage.
PIERRE-ROBERT LECLERCQ
Le cas Perenfeld, nouvelles de Fabrice Pataut (Pierre-Guillaume de Roux, 2014)
Un talent démoniaque
L'auteur a un talent démoniaque comme ces démons des hérésies
gnostiques qui créent le monde et le conservent à l'insu de Dieu, du moins le croient-ils ; ses nouvelles ont toutes cette étrangereté familière, d'autant plus étranges qu'elles coïncident plus exactement avec la réalité commune, sa banalité rassurante, qui tout à coup se révèle comme le plus inquiétant des leurres, aussi le plus énigmatique. Dans Le cas Perenfeld, qui donne son titre au recueil, c'est un résumé de l'histoire du dernier siècle qui nous est proposé en quelques personnages : à quatre reprises, toutes banales, toutes drolatiques aussi, le narrateur croise son protecteur inconnu ; et quand tout devient explicable, tout se dissipe dans une fausse évidence qui nous ecorche l'âme comme le ricanement du démon manipulateur, qui ne veut pas admettre qu'il est dépassé et s'imagine reprendre la main.
PHILIPPE BARTHELET
Le cas Perenfeld, nouvelles de Fabrice Pataut (Pierre-Guillaume de Roux, 2014)
Signature autour de Fabrice Pataut le 15 mai
Fabrice Pataut signera son recueil de nouvelles Le Cas Perenfeld (Pierre-Guillaume de Roux, 2014) à la librairie Delamain le jeudi 15 mai 2014 à partir de 19h. Librairie Delamain : 155, rue Saint-Honoré, 75001 PARIS.
Le fantastique de Fabrice Pataut
Publié en mars 2014 chez Pierre-Guillaume de Roux, ce recueil de Fabrice Pataut regroupe quarante-six nouvelles, certaines totalement inédites, d’autres parues dans le cadre de divers projets ou de plusieurs revues littéraires, certaines enfin publiées initialement dans… leur traduction portugaise au sein du recueil "As ostras e outros contos" ("Les huîtres et autres contes", 2000).
Voici donc une belle occasion de retrouver (ou de découvrir) le fantastique rampant et les subtiles interrogations sur la construction a posteriori de la mémoire, avec ses ambivalences et ses mensonges, qui hantaient l’excellent "Aloysius" (2001), le léger onirisme contrebalancé par d’audacieuses affirmations réalistes à contrepoint qui charmaient le lecteur de "Reconquêtes" (2011), ou encore, dans une étonnante version alternative et compacte, l’inquiétude et le profond sentiment que "quelque chose cloche" sans pouvoir immédiatement mettre le doigt dessus qui déstabilisaient si habilement au contact de "Vidéos" (2003).
On retiendra tout particulièrement "Mademoiselle Salinas", reliée à plusieurs autres textes (dont le superbe "Cinq portraits de Lol") pour engendrer une petite saga à elle seule, toute irriguée de poésie hispanisante, "Machines", qui lorgne si joliment vers du Jules Verne domestique ou du steampunk gérontophile, "Le Rhin", somptueuse et authentiquement inquiétante comme du Mélanie Fazi, "Le banquet", qui lui fait comme un écho où traces et indices s’efforcent de nous dire une vraisemblable horreur, "Monsieur Loiseleur", l’une des plus courtes, dense et intense comme un petit poème en prose, l’horrible et incisive "Derme, épiderme, pachyderme" et sa poisseuse odeur coloniale, "Ulan Bator" et son piège logico-onirique, ou encore "L’herbier, d’abord, puis le bateau", qui porte comme une étrange saveur de Christopher Priest (à moins que ce ne soit parce que j’y suis davantage sensible, étant en train de lire ou relire l’œuvre du machiavélique Britannique).
Fabrice Pataut nous offre de plus une précieuse postface donnant la genèse détaillée des différentes nouvelles et leurs éventuelles correspondances entre elles, ainsi qu’un remarquable "tableau périodique" de leurs éléments constitutifs, officialisant ainsi les thèmes qui les parcourent : amour, Angleterre, cannibalisme, douce France, échec, exil, frères, lâcheté, mères et fils, mode, musique, Orient, Paris, perte de temps, prostitution, rituels, vérité, yiddishkeit.
"En bas, Antoine était déjà perché sur une pile d’annuaires. Il avait ordonné le silence. Mamie serrait très fort la main de Béatrice. Je me suis installée sur l’accoudoir à l’autre bout du canapé. Antoine a imité le son du cor de chasse puis, toujours sans postillonner, le roulement du tambour. Enfin, il s’est retourné vers nous, s’est penché pour faire sa révérence et a brutalement relevé le drap.
Celle-là était beaucoup plus grande que les précédentes. C’était une énorme machine faite de vieilles ferrailles, avec toutes sortes de poulies et de rouages dentés. Nous avons applaudi toutes les trois très fort. Antoine pivotait de droite à gauche sur ses talons comme s’il faisait face à une rangée de fauteuils d’orchestre et a continué à s’incliner. Puis il est monté sur un escabeau en bois placé sur le côté, a enfourché la selle et s’est mis à pédaler.
Nous nous sommes vite rendu compte que la machine était disproportionnée par rapport à son corps, qu’elle était beaucoup trop grande pour son âge et que sa construction avait dû nécessiter de longues heures d’assemblage. Tout cela – taille, nombre des pièces, complexité – lui conférait une puissance monstrueuse. Les jambes d’Antoine étaient semblent-ils bien faibles pour l’actionner. Jamais il n’avait construit quelque chose d’aussi gigantesque. Mamie poussait Béatrice du coude pour qu’elle aille l’aider, mais Antoine a levé le bras pour faire signe que non. Il était tout rouge et pédalait de plus en plus vite. Puis toute la machine s’est mise à vibrer de haut en bas et à faire des bruits métalliques. Les petits moyeux sous les pédales poussaient un essieu qui faisait tourner des roues à pneus lisses de différentes tailles. Il y avait des pistons qui montaient et descendaient, des cordes qui se tendaient." ("Machines").
"Ce n’est qu’aujourd’hui que je me décide à rapporter un rêve qui date de… mon Dieu… exactement dix ans à quelques jours près. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse bien d’un rêve et il est possible que vous finissiez par en douter vous-même après avoir lu cette confession. C’est néanmoins dans un état de somnolence que j’ai donné mon avis en toute franchise sur les doctrines incompatibles de la consubstantiation et de la transsubstantiation. Je faisais face à deux contradicteurs agités. Nous étions installés dans le salon de thé situé à l’angle de la 57e rue côté nord et de la 8e avenue côté ouest, à quelques pas seulement du kiosque de Gory, le marchand de journaux. Monsieur Consubstantiation Numéro Un portait un costume gris et monsieur Consubstantiation Numéro Deux un costume bleu. J’avais quant à moi mis mon complet clair. Tous deux firent preuve d’une grande érudition. Je fis étalage d’une ignorance crasse doublée d’une maîtrise pénétrante des règles du syllogisme. Il faisait chaud. J’entrecoupai mes réfutations approximatives de bâillements ostentatoires." ("Coupelle").
"Il était trois heures de l’après-midi lorsque nous arrivâmes à Ulan Bator. Frédéric voulut partir tout de suite à la recherche de la fumerie. Nous eûmes tout juste le temps de déposer nos bagages et nous le suivîmes à travers un dédale de rues semblables et anonymes. Nous tenions à rester habillés à l’européenne, mais il insista pour que nous rentrions chez un fripier et en ressortit le premier en costume mongol.
L’odeur de la rue était un mélange de soufre et d’épices rances, une odeur de vieille boutique qui évoquait quelque lieu sombre et secret, quoique en plein jour et sous un ciel parfaitement dégagé. À chacune de nos étapes, les marchands nous indiquaient le chemin de la fumerie. Elle se trouvait au fond d’une allée noire, derrière une porte qui l’obstruait comme un couloir d’appartement. Derrière, il y avait une autre porte. Puis encore d’autres couloirs ; une dernière tenture, enfin. La fumée y était si épaisse qu’elle formait une sorte de bloc solide et mouvant au travers duquel les habitués ne se déplaçaient qu’avec une lenteur extrême.
Frédéric nous invita à nous asseoir et demanda qu’on l’excuse. Il disparut derrière un panneau coulissant et revint quelque temps après accompagné d’un vieillard qu’il nous présenta comme le propriétaire de l’endroit. Nous restâmes jusque tard dans la nuit et je n’ai toujours pas la moindre idée de la manière dont nous réussîmes à regagner notre hôtel. Quelqu’un avait dû nous y faire transporter car il nous aurait été impossible de retrouver notre chemin à pied et sans guide. Le préposé de la réception resta muet sur ce chapitre.
Ce n’est que le lendemain matin que nous nous rendîmes compte que Frédéric n’était pas avec nous." ("Ulan Bator").
Le cas Perenfeld, de Fabrice Pataut (Pierre-Guillaume de Roux, 2014)
De Borgès à Pataut
On entre dans un recueil de nouvelles comme on entre dans un labyrinthe,
On les déchiffre comme les pièces d'un rébus, on y cherche du sens comme dans une énigme.
Ce recueil alterne entre nouvelles réalistes et fantastiques, récits de quelques pages à d'autres très courts. Du récit de la disparition d'un enfant à celui d'un homme qui veut construire un château en sucre.
Habitué à être dans un seul registre, le lecteur est un peu déstabilisé.Se pose la question du titre. Le Cas Perenfeld est l'une des nouvelles .En quoi est-elle porteuse du sens général du recueil ?
Même si l'on est sans repère au début du livre, il ne faut pas lâcher car le lien du livre s'installe, imprègne le lecteur et l'enroule dans l'écriture au fur et à mesure qu’il avance.
C'est ce tangage entre réalité et étrangeté qui fait le mouvement de ce livre. C'est ce que l'on retrouve dans la nouvelle éponyme : Perenfeld est pour le narrateur comme une présence tutélaire immortelle jusqu'à que celui-ci soit rattrapé par la fatale réalité.
Une fois ce sens saisi, on se retrouve dans un univers qui mêle celui de Borgès et de Maupassant, l’étrange cruauté du quotidien.
Et si l'on se demande encore comment des récits aussi variés peuvent cohabiter dans un même corpus, il faut relire la nouvelle Dans Cinq portraits de Lol :
" Combien de volumes aurait-il fallu ajouter aux oeuvres de Don Isidro pour qu'un lecteur pût en voir la clé ? »
Ce recueil exprime les facettes d'une réalité dont personnes n’à vraiment les clés.
Il y a de l'étrange jusque dans le familier, l'intime.
Fabrice Pataut nous offre une réalité explorée, déformée.
Et le lecteur de fermer le livre avec cette phase en tête.
" et la réalité est bien moins amère que l’on se l'imagine"
AURORE AMOUROUX
Le cas Perenfeld, de Fabrice Pataut (Pierre-Guillaume de Roux, 2014)
Fabrice Pataut invité de Jean-Claude Caillette sur Paris Plurielle
Fabrice Pataut s'entretiendra avec Jean-Claude Caillette de son recueil de nouvelles Le Cas Perenfeld (Pierre-Guillaume de Roux, 2014) dans l'émission "Le lire et le dire" sur Radio Fréquence Paris Plurielle, FPP 106.3, le vendredi 18 avril, de 15 heures à 15 heures 30. L'émission sera rediffusée le mardi 22 avril de 9 heures à 9 heures 30.
http://parisplurielle.radio.fr/#senderinformation.jsf
La galerie des jeux
Trouvé dans une poche (Buchet-Chastel, 2005), le premier recueil des histoires étranges de Fabrice Pataut, avait valu à son auteur de recevoir le prix de la Nouvelle ' de l'Académie française.
Le cas Perenfeld, à paraître chez Pierre-Guillaume de Roux, élargit encore sa palette et son univers pour le moins singulier. Les nouvelles de l'écrivain sont des sprints, des 400 mètres haies ou des semi-marathons d'une égale maîtrise narrative On y suit à Kipling, en Irlande, les conversations du planton O Shea, du fils du pharmacien Delahuney, du sergent Purdue et du révérend Fairbanks. On y assiste à la démonstration du jeune Antoine qui construit de drôles de machines avec tourelles, pistons et tuyaux On y participe au souper donne par Emma, banquet vraiment peu banal. On s'y baigne dans le Rhin avec Marie.
Ne pas rater l'apparition de Dolores Salinas dont le cou est un miracle d'élégance. Ou celle de Ricardo qui lit sans plaisir, vend ses «fesses merveilleuses », collectionne des magazines de sport et ne méprise nullement « la possibilité de l'amour méditatif» Sans parler de Perenfeld, avec son chapeau mou et ses lunettes rondes • « un homme lunaire, un être de solitude et d'introspection » qui a incarné bien des personnages
Eclectique et volontiers farceur Fabrice Pataut ouvre ses pages aux chiens et aux faux vampires. ll s'autorise également un clin d'œil à Saki, un détour par l'empire du Milieu ou par ou par Naples au XVIIIe siècle. L’auteur d’Aloysius (Buchet-Chastel, 2001), repris au Rocher, en «Motifs») propose ici un voyage ludique et toujours surprenant.
Entrez sans tarder dans son labyrinthe vertigineux, le spectacle va commencer !
ALEXANDRE FILLON
Le cas Perenfeld, de Fabrice Pataut (Pierre-Guillaume de Roux, 2014)
Le Cas Pérenfled sélectionné par la Société Française du Livre
Le Cas Perenfeld de Fabrice Pataut (Pierre-Guillaume de Roux, 2014) est un recueil de 46 nouvelles. Le Rhin fait référence à l’Anneau des Nibelungen ; Kipling la nuit rend hommage au cinéma muet américain ; Mademoiselle Salinas brosse le portrait d’une lectrice. Il y a comme un art de la cérémonie dans ces récits précis, aux mises en scène tirées au cordeau, terriblement ordonnées mais sur lesquelles plane un mystère insondable. Outre ses romans, l’auteur a publié un recueil de nouvelles, Trouvé dans une poche (Buchet Chastel), prix de la Nouvelle de l’Académie française 2005. 200 pages, 24,90 €, 13/3/14, EAN 978236371085