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Richard Millet
Ecrivain et éditeur, Richard Millet est notamment l’auteur de L’Enfer du roman, Tarnac, La Confession négative, Ma vie parmi les ombres, Lauve le pur , La Gloire des Pythre ou Le Sentiment de la langue.
Diffusion : CDE/SODIS.
En librairie le 22 Août 2012
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ISBN:
2-36371-037-6
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Format:
12.5 x 19.5
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Page:
128p.
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Prix:
16 €
Faut-il se lamenter sur le sort du roman français, quasiment absent de la scène internationale ? Pas si sûr quand on mesure à quel niveau d’abêtissement conduit le roman dit « international ». Ainsi Umberto Eco n’a-t-il pas hésité à « réécrire » Le Nom de la rose à l’intention des lobotomisés du Culturel : suppression des citations latines, passages amputés des descriptions, appauvrissement du vocabulaire. Un processus de vulgarisation où seul subsiste le scénario, en attendant le video game. Ce qu’on appelle encore « roman » est ainsi devenu le lieu même de la destruction de la langue et de la littérature. La tiers-mondisation culturelle de la France le proclame de toutes parts. Et quand, à la mise à mort de la littérature, s’ajoute la négation de l’idée de nation, n’est-ce pas au néant qu’on donne droit de cité ? Ainsi, le massacre perpétré par Anders Breivik, en Norvège, loin de constituer l’acte d’un homme seul, encore moins celui d’un aliéné, renvoie les politiques et agents « culturels » au miroir d’une société qui, par-delà le scénario « multiculturaliste », a choisi de renoncer à toute communauté de destin, à ses racines vivantes, chrétiennes, donc littéraires.
Diffusion CDE/SODIS.
France Culture
Richard Millet invité d'Alain Finkielkraut sur France Culture
Auteur
Faut-il sauver le soldat Millet
Le Monde.fr
Pour l'honneur de la littérature
L'Express
Pourquoi me tuez-vous ?
La Nef
Richard Millet et la France
France 3
Richard Millet invité dans Ce soir ou jamais
Blog de Pierre Jourde
L'Affaire Millet : un débat faussé
Actualitté
Une critique stupide et infondée contre Eloge littéraire
L'Express
Peut-être suis-je "insoutenables" ?
L'Express
Millet coeur de sniper
Blog de Pierre Assouline
Les déclarations de guerre de Richard Millet
I-Télé
Richard Millet répond à la polémique
L'Orient-Le Jour
Richard Millet crée la polémique avec un éloge de Breivik
Arte
Richard Millet au journal d'Arte
Le Figaro
Richard Millet au coeur d'une violente polémique
Time
French Essayist Blames Multiculturalism for Breivik’s Killing Spree
ActuaLitté
Richard Millet : "L'Europe meurt d'insignifiance et de consensus"
France Inter
Richard Millet sur France Inter
Richard Millet invité d'Alain Finkielkraut sur France Culture
Alain Finlkielkraut recevait Richard Millet dans son émission Répliques du samedi 17 novembre sur France Culture avec Michel Crépu pour un débat : A quoi rime l'éloge littéraire d'Anders Breivik ?
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la langue suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik de Richard Millet.
Faut-il sauver le soldat Millet
L’écrivain Richard Millet, auteur du pamphlet Langue fantôme et Eloge littéraire d’Anders Breivik, n’en finit pas de subir l’ire du petit monde des bien-pensants. Il faut dire qu’il leur a porté une belle estocade dans Langue fantôme en montrant l’indigence de la production littéraire actuelle. Aussi, les attaques sur ses écrits sur Breivik sont en fait un leurre pour mieux occulter la pertinence de son pamphlet.
En effet, suite à la parution de son livre, de nombreux écrivains, dont Le Clézio, Tahar Ben Jelloul et même Bernard-Henri Lévy, se sont fendus d’articles dans la presse pour dénoncer l’infamie de l’auteur. Bien que Richard Millet affirme dès le début de cet essai qu’il n’approuve en aucun cas l’acte de Breivik, il lui est ouvertement reproché d’en faire un héros littéraire et de cautionner en quelque sorte l’acte du meurtrier. Si l’honnêteté intellectuelle était la chose la mieux partagée au monde, ce débat aurait pu ne jamais quitter les salons littéraires pour simplement ne faire que l’objet de joutes verbales, par exemple, en comparant Breivik au Raskolnikov de Crime et Châtiment de Dostoïevski.
Ce ne fut pas malheureusement le cas. Non seulement, tous ces intellectuels rivalisent d’indignation dans la presse mais en plus ils exercent des pressions afin de lui porter atteinte dans ses intérêts vitaux, notamment auprès de la maison d’édition Gallimard à laquelle collabore notre écrivain insolent. Millet passe par une réflexion sur la langue française afin de mettre à jour la décrépitude de notre littérature. Largement influencée par la littérature de masse américaine, les romans se caractérisent par une pauvreté linguistique. Notre langue, selon l’auteur, se tiers-mondialise car elle n’est en aucun cas défendue et intéresse peu la pléthore de faux écrivains. Leurs écrits correspondent à une époque où le culturel a supplanté la culture et où l’immigration massive contraint à baisser le niveau d’enseignement de la langue. De plus, la littérature se plie aux canons du roman international, à savoir un type de roman apatride, déraciné et sans style, qui ne se mesure plus qu’à sa valeur d’échange et aux prix littéraires plus insignifiants les uns que les autres.
La critique de Millet est acerbe et admirablement argumentée. Peut-on reprocher à un écrivain de défendre l’idée de hiérarchie et de transcendance dans la culture française à l’heure du « tout se vaut » ? Alors que les romans inondent les rayons de librairie, les notions de Sacré, du Bien et du Mal, qui jalonnent la littérature depuis des siècles, sont souvent évincées au profit d’intrigues psychologisantes avec peu de contenu éthique et politique. Peut-on reprocher tout simplement à un écrivain français d’aimer son pays, sa langue et sa culture ?
On comprend aisément que cet essai n’a pas eu l’heur de plaire aux bien-pensants multi culturalistes mais il s’agit d’un pamphlet salutaire qui, en quelque sorte, fait œuvre de résistance en cette veille de conflits internationaux.
RACHID NEDJAR
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik, de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Pour l'honneur de la littérature
Au moment où Richard Millet se voit contraint de quitter le comité de lecture des éditions Gallimard pour une apologie du crime raciste qu’il n’a jamais écrite, j’entends en tant qu’éditeur de Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d’Eloge littéraire d’Anders Breivik, défendre la valeur de ce texte tout à fait singulier pour mieux rappeler la seule et véritable vocation qui s’impose à toute maison d’édition qui se respecte : ouvrir au public la plus grande diversité possible de lectures.
C’est avec un égal élan que j’ai, en vingt-sept ans d’édition, publié entre autres, tour à tour, Ivan Bounine, Pierre Boutang, Jean-Pierre Millecam, Boris Pahor, Jean-Pierre Martinet, Ernst Wiechert, Serge Koster, Janos Szekely, Alexandre Tisma ou Petru Dumitriu.
N’existait-il pas pour chacun de ces auteurs une lecture à chaque fois différente, particulière, du monde ? Les douleurs des uns avaient-elles toujours un lien avec celles des autres, quant à leurs joies, n’étaient-elles pas plus contradictoires encore : à la fois universelles, éclatantes et cependant intimes?
Jusqu’à quel point descend-on encore dans la profondeur du texte ? C’était la question qu’avait posée Richard Millet dans la première partie du livre, Langue fantôme, sans laquelle on ne pouvait comprendre L’éloge littéraire qui suivait. Et chose remarquable, le phénomène de délitement qu’il y décrivait s’est produit, pour ainsi dire, à la lettre au cours de la polémique qui accueillit cette publication : déformation systématique de sa pensée, citations isolées, coupées de leur contexte, reprise mimétique des mêmes raccourcis à travers toute la Toile. Peu encore, même parmi ceux qui commencent à pressentir la force inhabituelle de ce texte, ont compris que L’éloge littéraire d’Anders Breivik consacrait avant tout la faillite terrifiante d’une lecture-écriture qui n’a plus lieu, bref de la littérature.
Peu ont passé la porte du sous-titre - qu’il ne fallait en aucun cas prendre au premier degré, parce qu’il était d’abord « littéraire ». Parce qu’il résonnait à l’envers, comme le négatif d’un événement à redouter : comme l’éloge funèbre d’une littérature coupée d’elle-même, transposée dans le spectaculaire, collée à l’écran des futures dépêches intermittentes. Richard Millet déconstruisait la grande tragédie du massacre survenu à Utoya sans aucune complaisance, sans jamais sortir du registre de l’analyse sûre et froide. Il considérait avec une tristesse indicible le fusil d’assaut de Breivik, devinant qu’il avait cru tenir là la réponse absolue : la seule « perfection d’écriture » que permette une époque vouée à la technicité toujours plus aigüe, devancière, vertigineuse. Loin de mettre en accusation le style de Richard Millet, il eût fallu au contraire apprendre à en recevoir le choc comme l’oracle dont il s’accompagnait. Il fallait une audace peu commune pour en arriver à dévisager, les yeux secs, la scène de ce qui n’est avant tout qu’un pressentiment mais si précis, si « voyant » qu’il ne peut que frapper les esprits les plus tendres : celle d’une société devenue plus utopique que toutes les fictions.
C’était l’opinion de Richard Millet. Elle lui appartenait en propre. On y adhérait ou pas, elle valait en tout cas la peine d’être posée comme une énigme, comme un problème. Surtout il me semblait que Richard Millet remplissait soudain à merveille ce rôle difficile qu’attribue Fernando Pessoa à tout grand écrivain : il suscitait l’intranquillité. Il devenait le grand Inquiéteur et en payait le prix plus lourdement que jamais. Et le fait est que son texte, en faisant éclater « le scandale de la vérité », s’est révélé extraordinairement cathartique.
On en aura oublié le magnifique Intérieur avec deux femmes paru au même moment. Pire, on a cherché à rabaisser Richard Millet comme écrivain en le traitant parfois d’ « auteur obscur », « insignifIant », « peu connu du grand public » (comme si un grand écrivain se reconnaissait à son apparition sur la liste des best-sellers…) et j’en passe. Intérieur avec deux femmes, un voyage entre ombre et lumière, en Hollande, contenait tout l’amour de l’art et aussi, il faut bien le dire, l’art de l’amour. A sa guerre, à sa connaissance si tragique de la guerre, Richard Millet opposait une voix, un appel à tout ce qu’il aimait le plus profondément : la peinture de Rembrandt, la musique sacrée, le paysage, les visages et les cœurs, et c’est encore au nom de cette voix, à la fois âpre et ardente, qu’on cherche aujourd’hui à étouffer que j’entends moi-même honorer mon propre rôle de passeur.
On avait donc saccagé l’œuvre, le nom et l’honneur de Richard Millet en refusant de le lire en profondeur. Une exécution sommaire qu’il avait également anticipée dans l’autre essai publié concomitamment : De l’antiracisme comme terreur littéraire où il tentait enfin de tordre le cou aux mauvais procès et aux idées toutes faites. En vain… Dans ces conditions, que devenait un autre art bien français : celui de la conversation, de l’échange d’idées, du vrai et authentique débat ? Il nous aura été interdit depuis le début. Faut-il en conclure que les mots n’ont plus le même sens pour les uns et pour les autres ? Que nous ne parlons plus la même langue ?
Mais prenons garde : faire table rase de la conversation qui rapproche les points de vues les plus opposés, c’est prendre le risque de l’incivilité. De la discorde.
Faute de lecture, on nous propose de nouvelles méthodes : l’anathème, la mise au ban et la condamnation à la mort sociale par voie de pétition. Que deviendra à ce compte la liberté d’éditer ? Quelle cécité a conduit tant d’auteurs, ceux-là même qui se disent écrivains et se considèrent comme des esprits libres, à mettre à terre l’un d’eux ? L’un des plus grands.
PIERRE-GUILLAUME DE ROUX
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Pourquoi me tuez-vous ?
En rien L'Express ne partage les thèses de Richard Millet, l'écrivain qui fait scandale en cette rentrée avec son Eloge littéraire d'Anders Breivik. Mais les cris additionnés, sincères chacun, tout comme les pétitions, forment, ensemble, une lapidation. Tous contre un, ce n'est plus un débat, ni même une polémique. Face à certains textes, l'indignation est un devoir, mais la défense est un droit. Elle a, ici, la parole.
Christophe Barbier
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Le 22 août 2012 ont paru aux Editions Pierre-Guillaume de Roux trois livres qu'un article, une semaine plus tôt, a prétendus abjects, nul ne les ayant lus, malgré leur brièveté respective.
Le premier livre, Intérieur avec deux femmes, est un récit dans lequel mon double narratif, Pascal Bugeaud, rapporte un certain nombre de choses vues, éprouvées, pensées lors d'un voyage à Amsterdam, il y a une dizaine d'années, avec des plongées dans ma mémoire la plus profonde, notamment amoureuse.
Dans le deuxième, Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, je poursuis une réflexion entamée vingt-cinq ans auparavant avec Le Sentiment de la langue, et qui m'a valu une forme d'opprobre, pour reprendre le titre d'un livre paru en 2008 et dans lequel, répondant à mes accusateurs, je tentais de montrer comment on refusait de me lire au seul nom de l'idéologie antiraciste, moi qui ai grandi dans la langue arabe et dans un grand mélange de langues, de religions et d'ethnies. A Langue fantôme, j'ai ajouté un bref essai, Eloge littéraire d'Anders Breivik, qui en constitue la fibule et sur lequel je reviendrai, puisque c'est à cause de lui que la meute s'est lâchée. Avec le troisième, De l'antiracisme comme terreur littéraire, je m'insurgeais contre l'éternelle accusation de "racisme" qui prévaut dans le milieu médiatico-littéraire dès lors qu'on s'interroge sur l'identité nationale : "raciste" a remplacé "facho" et "réac" dans les bouches vertueuses, ou qui se veulent telles, de la même façon que ce vocabulaire s'était substitué à "hérétique". J'espérais en finir avec les invectives et la diffamation. Je me trompais.
Trois livres, donc, soit une donne, comme on dit aux cartes, et néanmoins, d'emblée, une interdiction de jeu, non seulement parce qu'aucun de ces livres n'a été lu, mais qu'on ne le fera pas davantage depuis qu'a éclaté ce qu'il faut bien appeler une de ces "affaires" dont Paris s'est fait une spécialité et qui, cette affaire, perturbe la rentrée littéraire - à supposer que cette affaire, qu'on m'accuse bien sûr d'avoir organisée, avec mon éditeur, Pierre-Guillaume de Roux, par goût du scandale, ou masochisme ou suicide, à supposer que cette affaire, donc, ne soit pas un élément quasi "naturel" de ce spectaculaire qui régit le monde intellectuel occidental, particulièrement en France, où l'ennui et l'insignifiance croissent à proportion de la prétention qu'a ce pays à se croire encore une nation littéraire.
Cette affaire ne serait donc rien si l'on ne déversait sur mon nom toutes sortes d'à-peu-près, d'erreurs et de mensonges, et si l'on ne cherchait à me chasser de la maison d'édition dont je ne suis pourtant qu'un modeste employé. Demander ma tête à Antoine Gallimard, c'était une atteinte à mon intégrité professionnelle, sinon à ma vie personnelle, moi qui ai toujours fait la distinction entre mon activité d'écrivain et celle d'éditeur, au point que je refuse de parler de mes livres et de mes idées avec les auteurs dont j'ai la charge, lesquels ont des parcours, des styles et des idées parfois à l'opposé des miens. C'était oublier, enfin, que la maison Gallimard a d'emblée su exister par une extraordinaire diversité de courants, qui ont mis en regard Gide et Claudel, Drieu la Rochelle et Malraux, Céline et Aragon, Breton et Caillois, Camus et Sartre, pour ne parler que de figures historiques.
En refusant de considérer le geste littéraire que constituent les trois livres que je viens de publier et qui, à de rares exceptions près, je le redis, n'ont toujours pas été lus, ni séparément ni ensemble, c'est donc la littérature qu'on cherche à atteindre à travers moi, qui, contrairement à ce qu'on dit, ne suis lancé dans aucune croisade et ne me prends ni pour Bloy ni pour Bernanos ; il est déjà si difficile d'être soi-même dans l'adversité et le souci de ne pas se trahir en se plagiant qu'on admettra que le souci de perturber la "rentrée littéraire" n'a pu me venir à l'esprit.
Je voudrais néanmoins rappeler qu'une grande partie de ma réflexion vise à comprendre la concomitance du déclin de la littérature et la modification en profondeur de la population de la France et de l'Europe tout entière par une immigration extra-européenne massive et continue, avec pour éléments intimidants les bras armés du salafisme et du politiquement correct au sein d'un capitalisme mondialisé, c'est-à-dire le risque d'une destruction de l'Europe de culture humaniste, ou chrétienne, au nom même de l'"humanisme" dans sa version "multiculturelle". Refusant la politique du fait accompli ou je ne sais quel fatalisme historique auquel le "choc des civilisations" donnerait une justification par défaut, je ne pouvais que m'insurger contre un état de choses que le parti médiatico-littéraire (qu'on peut aussi appeler la Propagande, le Culturel, le Spectacle, le Bien, etc.) présente quotidiennement comme l'assomption extatique de l'humain dans l'"Humanité", et dont le compromis civilisationnel est la sous-culture américaine - ce que le capitalisme américain a inventé sous le nom de "mondialisation" (lequel désigne principalement la soumission au Veau d'or du Marché). Aux nations qui résistent encore et que l'Empire décrète vieilles (avec ce que ce mot a d'infâmant aujourd'hui dans un monde pourtant soucieux de ne rien stigmatiser) le multiculturalisme idéologique et son bras armé, le Droit, font savoir que l'esprit national, le génie des peuples, l'Histoire, la culture, le catholicisme, le silence, le retrait, la pensée, même, ne sont plus que de vieilles lunes : ainsi le multiculturalisme n'est-il qu'une des formes de la décomposition culturelle, spirituelle et sociale de l'Europe, première étape d'une émigration dans le "genre humain" de l'indigène bientôt indifférencié, donc interchangeable, voire déshumanisé.
S'agissant de moi, la haine tient donc ici lieu de lecture - une haine qui est en réalité moins celle de ma personne que celle de la littérature et montre bien la sournoiserie de l'ennemi.
Mes ennemis ? Des fonctionnaires du système médiatico-littéraire, journalistes, échotiers, écrivains parvenus, indigents essayistes : j'ai écrit, ailleurs, qu'ils ne sont que des rôles, donc interchangeables, c'est-à-dire insignifiants, surtout les écrivains, dont l'oeuvre, nombreuse, primée, encensée sans avoir été lue, s'oublie à mesure qu'elle se publie. Ils s'"expriment" à mon sujet sans m'avoir lu, mais en s'indignant à proportion de leur ignorance et condamnant d'autant mieux. N'est-il pas frappant qu'on me dépêche des journalistes qui n'ont pas lu mes livres, qui ignoraient même mon existence quelques jours plus tôt, et que ceux qu'on charge de faire mon portrait soient incapables de se faire une opinion par eux-mêmes ? On va quérir les douteux souvenirs de gens que je croyais morts ou d'ennemis depuis longtemps déclarés ; on cherche l'origine du mal ; on enquête plus qu'on ne peint, l'enquête et l'inquisition allant souvent de pair dans ce monde ludico-vertueux.
Ainsi, la haine qu'on me voue est devenue une chasse à l'homme, tout à l'opposé de la réflexion que j'espérais provoquer afin de susciter non pas un de ces "débats" constitutifs du mensonge politico-littéraire, mais une émotion personnelle qui s'exprimerait autrement que par l'invective et la condamnation, les jeux étant faits d'avance et le but, selon l'impeccable logique girardienne, étant l'expulsion de celui qui se montre hostile à la pornographique prolifération du Même sous le nom pieusement révéré de l'Autre, dont le narcissisme occidental vomit secrètement l'altérité.
Conscient que c'est la littérature qu'on vise à travers ma propre personne, je me vois contraint de revenir sur le fait que les trois livres qui ont paru fin août doivent être lus ensemble et qu'on ne s'attache qu'aux 18 pages que j'ai consacrées à Anders Breivik que pour ne pas lire le reste, sinon les trois livres, du moins l'essai qui précède le texte sur Breivik, lequel vient le clore - et non le clôturer, comme disent les folliculaires amateurs de barbelés et praticiens du stalinisme citationnel : Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, dans lequel je tente de montrer que la perte du style est aussi celle de la langue, donc de la littérature, et que l'affadissement croissant de la littérature conduit à la violence multiculturelle comme au soft totalitarisme mondialisé sous l'espèce de la démocratie américaine autant que de l'islamisme capitalistique, dont le Qatar est le modèle le plus pernicieux.
Dissocier le texte sur Breivik de Langue fantôme est, pour moi, aussi violent que le reproche d'avoir écrit l'apologie d'un tueur. Je peux reconnaître que le titre, dont l'ironie, pourtant démontrée, espérais-je, par l'épithète littéraire, n'a pas été perçue, ou est passée sous silence, ce titre n'est pas heureux ; et, si j'avais quoi que ce soit à regretter, ce serait donc que, tombant sous le coup du grand sérieux idéologique, cette ironie et certaines de mes formules aient pu blesser des lecteurs soucieux de vérité, surtout en Norvège. Pour le reste, ma condamnation des crimes commis par Breivik est sans ambiguïté. S'il y a quelque chose de dérisoirement littéraire dans le cas de Breivik, c'est non seulement qu'il s'est lui-même présenté comme écrivain à son procès, mais surtout ce que son cas révèle de la décadence intellectuelle, politique et spirituelle de l'Europe, dont la littérature était le lien le plus communément admis : Breivik est un écrivain par défaut, ai-je dit ; il est le symptôme démoniaque de ce que produisent nos sociétés, non seulement Breivik, mais aussi, en France, Merah et, probablement, hélas, leurs futurs émules - seuls les imbéciles et les Propagandistes pouvant croire que ces cas "isolés" ne soient pas appelés à constituer un archipel au sein de ce qui se révèle être de plus en plus, pour paraphraser Carl Schmitt, une guerre civile dont les fantômes se matérialisent de façon monstrueuse.
Ces fantômes, est-il interdit aux écrivains de les évoquer ? Reproche-t-on à Dostoïevski ses Démons, à Truman Capote les deux tueurs de De sang-froid, à Genet son goût pour les kamikazes palestiniens, à Bret Easton Ellis le psychopathe personnage d'American Psycho, à Koltès la fascination qu'exerçait sur lui le tueur en série Roberto Zucco, à qui il a consacré une pièce, ou à Emmanuel Carrère son évocation du monstrueuxJean-Claude Romand ? Y aurait-il de bons criminels et d'autres qui ne le seraient pas ?
On me reproche aussi de sembler fasciné par la dimension esthétique du mal et d'avoir loué la perfection formelle des actes de Breivik. Je n'ai rien loué, encore moins approuvé, me contentant de trouver terrifiante l'aisance technique du criminel et la perfection matérielle que peut prendre le Mal. Dois-je rappeler ici que le compositeur Karlheinz Stockhausen avait suscité un scandale pour avoir vu dans les attentats du 11 septembre 2001, dont la perfection formelle, c'est-à-dire technique, reste aussi dans tous les esprits, la "plus grande oeuvre d'art qu'il y ait jamais eue dans le cosmos" - phrase qu'il a en vain reniée par la suite ?
Quant au fait que la Norvège ait "mérité" Breivik, c'est une façon sans doute trop ironique, donc excessive, de suggérer qu'à force de ne pouvoir parler de rien dans une Europe régie par l'irénisme politiquement correct on s'expose à des explosions terrifiantes. En outre, que Breivik n'ait été condamné qu'à vingt et un ans de prison en vertu de l'irénique programme réhabilitationniste de ce pays, voilà qui n'est pas moins monstrueux, chaque victime ne valant au tueur qu'une peine 3,27 mois, ce qui nous fait entrer dans l'impardonnable. Enfin, comment comprendre un récent propos de l'écrivain norvégien Erik Fosnes Hansen, selon qui la Norvège a perdu son innocence ? Etait-ce donc un pays si exceptionnel qu'on pût le dire à ce point innocent?
Mon point de vue est celui d'un écrivain et non, comme on voudrait que je le fusse, celui d'un activiste d'extrême droite. J'entretiens avec les divisions politiques qui rongent la France une distance qui m'a toujours isolé. Je ne suis nulle part - ce qui est mon vrai lieu, faut-il le rappeler à ceux qui pensent qu'un écrivain est un animateur littéraire. Je n'ai pourtant, je le redis, aucun goût du scandale et ne suis animé d'aucune haine, surtout pas contre l'islam, dont j'aime, comme le très chrétien Massignon, les mystiques chiites, et n'ayant pas déclaré, comme Houellebecq, que c'était la religion la plus con. Si je reste hostile au surgissement innombrable de mosquées en terre chrétienne, je suis le premier à m'indigner de la destruction d'édifices religieux dans le nord du Mali - destructions qui ne semblent d'ailleurs avoir guère ému les protestataires professionnels.
"Ce n'est pas vous qui êtes extrême, c'est la réalité", m'écrit ces jours-ci un grand philosophe français. Et c'est sans doute pour avoir touché du doigt l'alliance entre l'insignifiance culturelle de l'Occident et le multiculturalisme idéologique que je suscite une telle haine. On me rapporte qu'un folliculaire suggère que je milite pour l'attribution du prix Goncourt des lycéens à Breivik. Qu'on me permette de suggérer la création d'un prix Breivik qui serait décerné à ce genre d'accusateurs pour la qualité de leur haine, leur ignorance volontaire et la volonté de tuer dont ils font preuve à l'égard des chercheurs de vérité.
Quelques têtes molles se croient tenues de clamer leur indignation, parmi lesquelles un multiculturaliste invertébré, un poète liquide, un francophone mal à l'aise dans la langue française, un pop philosophe reconverti dans le méharisme saoudo-qatari, une romancière extralinguistique, une pasionaria de l'aveuglement postracial, des KGBistes de l'inculture active et tous ceux qui, n'en doutons pas, vont chercher à exister enfin à mes dépens... Pourquoi me tuez-vous ?
RICHARD MILLET
Richard Millet et la France
« Ce qu'on appelle littérature, aujourd'hui, et, plus largement, la culture, n'est que la face hédoniste d'un nihilisme dont l'antiracisme est la branche terroriste.» Ces propos à l'allure provocante, mais non provocatrice car ils expriment la réalité de la pensée de leur auteur, ne tombent pas de la bouche d'un Goebbels contemporain, obscurantiste et autodafeur, mais précisément de la plume de l'un de nos premiers écrivains C'est en quoi il ne faut y lire l'ironie d'un jeu adolescent, ou la pose dépressive d'un suicidaire de pacotille à la Cioran, mais en comprendre la sourde tristesse qui forme le masque artistique de la mélancolie qui atteint la France. La France, Richard Millet ne parle que de cela. Il n'en parle pourtant pas comme un sociologue ou un historien, mais avec la magie de ses dons littéraires tout entiers déployés dans trois petits ouvrages qui forment ensemble comme un Shamrock où se résumerait notre agonie contemporaine - insupportable miroir de celui qui servit à saint Patrick à révéler la Trinité.
Avant d'ouvrir ces livres, il se pourrait bien que le lecteur soit pris d'un long vertige à l'idée de se trouver, une fois nouvelle, une fois encore confronté à la complainte de l'anti- anti-racisme qui depuis une petite décennie a été fredonnée par quelques auteurs, comme le dernier refrain de la chute. Mais il se pourrait aussi que, s'il se donne la peine de les lire tous les trois dans le même temps, il réchappe, en quelque sorte émerveillé de ce saut, de la nuit obscure qu'il redoutait. Certes, Finkielkraut, Camus, Zemmour et encore quelques autres ont frappé déjà le boucher protecteur devant les flèches de l'antiracisme de la gauche folle. Millet va plus loin : il bâtit une œuvre, dans le sens le plus profond qu'a presque oublié notre légèreté, et comme le surent des Stendhal ou des Balzac, qui n'est pas simple miroir de ce temps, mais dont le temps à force devient soi-même une production. Son Intérieur avec deux femmes (récit) charroie un narrateur, double presque parfait de l'écrivain, de la Gare du Nord à Amsterdam, où RER et Thalys se répondent dans un dialogue bestial pour décrire l'horreur de la condition du Français contemporain, là perdu dans un cercle infernal où il devient le dernier immigré à force d'être le seul à ne plus l'être, ici ridiculisé par son refus d'adhérer à la glaciation technique. Un narrateur amoureux déçu qui, censé conférer dans un centre culturel quelconque sur la langue française, croît se consoler de la présence des obsédantes mosquées flambant neuves du pays de Rembrandt en contemplant ses toiles au musée, comme le dernier vestige de ce que fut l'Europe humaniste et chrétienne, mais que rentré a Paris, les « incivilités » du RER comme dit la nov- langue, où il voit des «jeunes noirs » harceler une « jeune fille blonde », ramènent à sa déréliction première, qui est finalement autant la sienne propre que, selon lui, celle d'un continent complètement submergé par une absurde invasion.
Qu'on ne s'y méprenne pas, il n'y a nulle intention raciste chez Millet, comme il le raconte dans De l'antiracisme comme terreur seulement le besoin de décrire, quand bien même cela serait inutile parce qu'aucun lecteur ne se présenterait plus pour en prendre connaissance, la déroute d'une civilisation, rongée par les deux bouts, celui des petits-bourgeois héritiers des soixante-huitards qui se dissimulant derrière leurs artefacts « culturels » se révèlent entièrement dépourvus de science de quelque ordre que ce soit, et celui des immigrés-importés, jetés là, et dont l'incompréhension du monde qu'ils hantent en précipite la chute.
Dans Langue fantôme, Millet tisse sa chronique du désastre par la chaîne de la langue, en traitant la France, pays littéraire par excellence naguère, de « république bananiers de la littérature ». Les répugnants soixante-huitards une fois encore sont convoqués dans ce qui n'est pas un tribunal mais un constat final, pour leur entreprise victorieuse en démolition de la langue et de la littérature qui a été réduite à n'être plus que roman, ce genre indéterminé idéal pour l'univers métisse que construit la modernité
Dans cette trinité livresque donc éclate le génie de Millet pour ceci que, derrière les apparences, niant qu'on puisse encore créer une œuvre littéraire aujourd'hui, il en bâtit, pour lui, une entièrement réelle, et certainement grâce aux détours buissonniers qu'il emprunte, et aussi que son chant funèbre est, comme finalement toute prosodie de ce type, dans son essence même un ferment de vie nouvelle - d'une vie non encore visible, mais dissimulée là, sous la terre de France qui n'attend que le signal de l'aurore pour entamer sa germination.
http://www.lanef.net/t_article/richard-millet-et-la-france-jacques-de-guillebon-25653.asp
JACQUES DE GUILLEBON
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d’Eloge littéraire d’Anders Breivik, de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Richard Millet invité dans Ce soir ou jamais
Ecoutez et regardez à nouveau Richard Millet répondre à Frédéric Taddéi dans l'émission de rentrée de Ce soir ou jamais sur France 3 du 4 septembre 2012.
L'Affaire Millet : un débat faussé
Jérôme Garcin, ici même, a dit ce qu’il pensait du texte de Richard Millet sur le tueur norvégien. Un texte qui fait l’éloge d’un tueur aussi répugnant que Breivik, en n’accordant aucune attention à ses victimes, un tel texte est abject. C’est ce qui doit être affirmé avant toute autre considération. Depuis, on s’est beaucoup agité là-dessus, la question principale devenant, finalement: Gallimard doit-il virer Millet? Autrement dit, encore une fois, on a réussi à mener un débat complètement faussé.
1- Faussé parce qu’il faut lire les textes avant d’en parler. Le titre de Millet, Eloge littéraire d’Anders Breivik, est assez trompeur, et volontairement provocateur. Millet considère Breivik comme un symptôme, un pauvre type sans repères, désespéré par une Europe qui a perdu son identité et sa culture. L’immigration extra-européenne est présentée comme l’une des causes de cette perte d’identité. La thèse est discutable, c’est le moins qu’on puisse dire. On peut aussi considérer que Millet avance masqué, joue de l’équivoque, etc. traitons-le de réac, de crypto-fasciste, allons-y. Pour autant, il n’y a pas dans le texte d’éloge à proprement parler. Ce qui est véritablement inadmissible, encore une fois, c’est de faire aussi peu de cas des victimes.
2- Faussé parce qu’on donne à ce texte un écho excessif. Depuis plusieurs années, Richard Millet recherche très consciemment le scandale. Cela fait partie de sa stratégie d’auto-victimisation. Il n’aime rien tant que se poser en paria, en réprouvé sur lequel s’acharnent les tenants de la «pensée unique». La seule vraie réponse à apporter à son texte serait le silence. Il faut refuser ce piège, cet automatisme de la machine à victimisation. Les vraies victimes sont celles de Breivik.
3- Faussé parce que l’«affaire Millet» est révélatrice du désir de scandale qui est la véritable motivation à la fois de l’auteur et des bonnes âmes qui s’en prennent à lui. Ah, comme on le sent bien, dans certains papiers bien insinuants, bien patelins, ce parfum de gibier débusqué, de scandale recherché pour le scandale. Comme toutes ces bonnes consciences sont au fond reconnaissantes à Richard Millet de jouer le rôle du méchant qui permet de s’assurer d’être du côté du bien. L’article de Raphaëlle Rérolle dans Le Monde du 28 août joue la dramatisation, et, après le cliché obligatoire sur le «milieu feutré» de l’édition, parle de «désarroi palpable» chez Jean-Marie Laclavetine, collègue de Millet au comité de lecture de Gallimard. Désarroi purement imaginaire, comme a pu le constater, chers lecteurs, votre chroniqueur bien-aimé, qui était présent aux côtés de Jean-Marie Laclavetine pendant le coup de téléphone du Monde, et qui n’était pas du tout désemparé, croyez-moi, mais il faut bien faire monter la sauce dramatique, que voulez-vous.
4- Faussé parce qu’il tourne à la chasse à l’homme. Répondre à des mots par des mots reste une attitude au moins légitime. Mais c’est autre chose qui est en train de se passer actuellement. Les chiens sont lâchés. Annie Ernaux demande que les auteurs Gallimard se mobilisent. Dans quel but? Faire exclure Richard Millet de la maison Gallimard? C’était l’idée. Les flics habituels, les Bourmeau et les Kaprièlian, l’ont agitée. Comment, une maison comme Gallimard, garder un salopard de cette espèce! Inimaginable! Mobilisez-vous, braves gens, pour que l’affreux Millet soit à la fois interdit de publication et chômeur. Etrange comme les bonnes consciences de gauche aiment, depuis quelque temps, la censure, le renvoi, le licenciement et l’interdiction. On l’a déjà observé à propos de Renaud Camus et d’Eric Bénier-Bürckel. Autrefois, c’était l’Etat qui interdisait, qui faisait condamner les livres mauvais, dangereux, criminels. Maintenant ce sont les intellectuels progressistes. La liberté d’expression ne serait donc plus une valeur de gauche, alors? C’est au nom de l’humanisme qu’il faut virer et interdire?
5- Faussé par détournement d’objet. Tout tourne autour de la maison Gallimard, où Millet fait un travail d’éditeur unanimement reconnu. On ne parle pratiquement pas de la maison de Roux, qui a publié son texte. Pourquoi les Ernaux, Kapriélian, Bourmeau n’appellent-ils pas, au nom du Bien, du Bon et du Vrai, comme au joli temps du Second Empire, à boycotter, voire à fermer les éditions de Roux? A faire condamner l’éditeur? A mettre son catalogue à l’index?
6- Faussé parce qu’il laisse entier le problème posé précisément par Millet dès le début de son texte, et qui n’a jamais été réellement discuté. Si l’on comprend le sens profond de toute cette agitation, la littérature doit être du côté du Bien. Le Mal n’est pas son affaire, ni l’éloge du mal. Mais alors c’est toute la modernité, globalement, qu’il faut envoyer dans les poubelles de l’histoire, avec Richard Millet. Désormais, la littérature sera morale, comme sous Louis XIV, circulez. Comiquement, en face du papier de Mme Rérolle dans Le Monde, figurait une page sur Bataille, et sur ses illustrateurs«mettant en scène l’innocence noire de cruels jeux d’enfants où tout est permis. Corps accouplés, désarticulés, mutilés, l’indicible bataillien».
Moi, si j’étais Annie Ernaux, je demanderais une mobilisation des auteurs Gallimard pour faire interdire Bataille. Et n’oublions pas que l’entrée de l’abominable Sade dans le corpus des grands auteurs est un des jalons de la modernité. Sans parler de Huysmans, Hamsun, Léon Daudet, Céline, Maurice Sachs, sans parler des écrivains symbolistes, tel Laurent Tailhade, qui se réjouissaient des morts suscités par les attentats anarchistes, sans parler des surréalistes. Millet rappelle que Breton recommandait, comme geste surréaliste, celui qui consiste à «tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule». Qu’attendons-nous pour nous mobiliser contre tous ces salauds? Que fait la police, notamment la police de la pensée, que fait le commissaire Bourmeau? Il est urgent de censurer tout ça.
Finalement, l’affaire Millet permet d’observer une amusante inversion des rôles: ceux qui se réclament du progrès, comme Bourmeau, pour qui tout ce qui n’est pas moderne est condamnable, nient la modernité littéraire et se réclament d’une conception archaïque des relations entre littérature et morale. Du coup, c’est l’affreux réactionnaire Millet qui se retrouve du côté de la modernité. De la tragédie norvégienne, le milieu littéraire français a réussi l’exploit de tirer une farce.
PIERRE JOURDE
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la langue, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik, de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Une critique stupide et infondée contre Eloge littéraire
Contacté par ActuaLitté, alors que depuis une dizaine de jours, le ciel lui tombe sur la tête, Richard Millet déplore le manque de professionnalisme de la part de la critique et des médias en général. Son Éloge littéraire d'Anders Breivik, publié aux éditions Pierre Guillaume le Roux depuis le 22 août, nourrit en effet depuis une dizaine de jours la polémique. De concert avec le dirigeant de Gallimard, troisième groupe de l'édition française à ce jour, il regrette le vieil idéal de liberté d'expression, tout en qualifiant la critique de « stupide ».
« J'espère au moins que toutes les souffrances que j'ai endurées ces dix derniers jours, ainsi que les désagréments subis par mon éditeur, auront servi à desserrer l'étau en matière de liberté d'expression. » C'est que l'auteur a essuyé de nombreuses attaques verbales et autres tentatives d'intimidations. D'aucuns diront c'est chose commune, le tarif normal pour de tels propos, mais ce qui affole surtout Richard Millet, c'est la stupidité de l'opinion publique et précisément des journalistes encore trop superficiels, quand bien même cela les arrangerait.
"Rien de condamnable... dans mes trois ouvrages"
En effet, si l'ouvrage n'a pas encore éveillé la colère des dieux, il l'a frôlée avec ces 18 pages (voir notre actualitté). C'est que l'auteur et éditeur ne mâche pas ses mots, au-delà de ces quelques lignes abrasives. Le livre heurte de plein fouet le discours traditionnellement policé, où rien ne doit choquer. Et à ce titre, a connu un véritable engouement médiatique - et subi ses assauts.
« Je défie quiconque de trouver une expression condamnable en justice dans mes trois ouvrages, et je regrette que les colporteurs de la critique se soient tous passé le mot sans avoir lu mes trois livres ». Dans l'Éloge, les « métis violacés » sont pourtant logés à la même enseigne que les « blancs cadavériques ».
"Une croisade anti-multiculturalisme"
En outre et d'après l'AFP, Antoine Gallimard a simultanément tranché la question, au nom de la liberté d'expression de son auteur et éditeur. Selon lui les convictions socio-politiques de Millet ne gênent en rien son propre travail « Richard Millet a toujours été un lecteur et un éditeur de qualité, attentif, il n'a jamais failli à son professionnalisme, ni fait jouer ses convictions idéologiques dans ses recommandations littéraires. Les propos tenus dans sont Éloge littéraire d'Anders Breivik, que je ne partage absolument pas, relèvent davantage d'un bric-à-brac intellectuel et d'une volonté de partir dans une croisade anti-multiculturalisme. Il a le droit de les exprimer ».
Et d'ajouter : « Absent de Paris, j'ai été informé du scandale déclenché par la publication du pamphlet de Richard Millet. Je suis choqué par les idées qu'il exprime : utiliser cette effroyable tragédie pour illustrer la fin de notre civilisation occidentale est particulièrement déplacé », précise le PDG à l'AFP.
Des propos conformes à la déclaration de Richard Millet « J'ai toujours entretenu une relation de confiance avec mon éditeur, il n'y a entre lui et moi aucune ambiguïté. » Millet n'avait pour sa part rien à dire sur le jugement d'Antoine Gallimard, qui perçoit néanmoins dans ses convictions politiques un « bric-à-brac intellectuel ». « Que voulez-vous que j'ajoute à cela ? Il a le droit d'être choqué, et j'ai le droit de m'exprimer », ajoute-t-il, comme pour rappeler que les frontières entre la liberté d'expression d'un auteur, les devoirs d'un éditeur et enfin les droits d'un citoyen, sont justement perçues.
L'éditeur indépendant de l'auteur
Et Antoine Gallimard d'ajouter « Son statut d'éditeur deviendrait incompatible avec ses opinions s'il faisait de la maison le champ de propagande de ses convictions personnelles ». Délivrance ! L'avenir nous dira s'il est légitime de crier victoire pour l'auteur. Antoine Gallimard doit d'ailleurs s'entretenir avec Richard Millet le 3 septembre, comme nous le confirme l'écrivain ; rencontre au somment, évidemment.
Pendant ce temps, comme une musique qui voudrait adoucir les mœurs, Richard Millet a remis un nouveau roman à son éditeur. Un texte qui interroge cette fois les rapports amoureux, et le gouffre que peuvent parfois créer les sentiments. Il n'en a pas encore indiqué le titre, mais précise que le narrateur porte un regard ironique sur les sentiments. L'ouvrage devrait paraître en janvier 2013. En attendant, c'est du fond d'un autre gouffre que Richard Millet tente de s'échapper, le piège des mots.
Pour l'heure, la situation chez Gallimard reste sereine, le patron promettant : « Je lui réitère toutefois la confiance que son activité d'éditeur m'inspire, et espère qu'il saura préserver celle que les auteurs avec qui il travaille lui accordent. » Mais du côté de Richard Millet, aucune raison de revenir sur quoi que ce soit : « J'estime que je n'ai pas à me justifier tant la critique a été stupide et infondée. »
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik, de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Peut-être suis-je "insoutenables" ?
L'éditeur Richard Millet s'explique après le scandale provoqué par son Eloge littéraire d'Anders Breivik, le tueur d'Utoya.
Richard Millet, en intitulant l'un des trois livres que vous publiez simultanément Eloge littéraire d'Anders Breivik, vous deviez bien vous douter qu'il susciterait une polémique?
Absolument pas. Je m'attendais à ce que mes ennemis habituels aboient, mais je n'imaginais pas des réactions d'une telle ampleur. Contrairement à ce que certains insinuent, je n'ai pas recherché ce scandale. J'ai tout simplement accompli ma tâche d'écrivain. Mon titre se voulait naturellement ironique -il va de soi que je n'approuve pas les actes commis par Anders Breivik-, mais il semblerait que cette ironie ne soit pas perçue. Je m'interroge : peut-être ai-je été maladroit dans ma formulation ?
Dans votre pamphlet, vous évoquez néanmoins la "perfection formelle" des actes d'Anders Breivik...
C'est une observation technique, non un jugement de valeur. Il a réussi son coup, hélas. Je l'entends au sens où le musicienKarlheinz Stockhausen avait pu attribuer une "beauté luciférienne" aux attentats du 11 septembre (ce qui lui avait valu à lui aussi une violente polémique). Je n'admire pas Breivik, mais la question du Mal me fascine. Pourquoi n'aurais-je pas le droit d'invoquer Breivik, alors que les polars scandinaves ou Bret Easton Ellis auraient le droit de mettre en scène des serial killers?
Breivik n'est pas un héros de papier, il est l'assassin de jeunes gens que vous qualifiez de "petit-bourgeois métissés, mondialisés, incultes, sociaux-démocrates"...
Pour moi, un écrivain est quelqu'un qui voit, qui regarde, sans oeillères le monde réel. Une "écrivaine" m'a reproché un jour d'oser regarder la peau des Français. Eh bien oui, en effet, je pense qu'un écrivain a le droit de regarder la peau et la couleur des Français.
A ce propos, vous observez à plusieurs reprises dans vos livres que vous êtes souvent le seul "Blanc" dans le RER. En quoi cela vous gêne-t-il ?
Je ne me sens pas menacé, mais cela me met mal à l'aise historiquement. Et m'amène à m'interroger : qui suis-je, moi, né voilà bientôt soixante ans dans un pays où tous les gens autour de moi étaient blancs ? J'ai grandi au Liban, au milieu de dix-sept communautés et la question de l'origine me passionne. J'aime les romans des origines et la manière dont ils s'articulent avec le roman collectif. Je rejette évidemment les accusations de racisme qui sont portées contre moi. J'aime les races, les peuples, les frontières, la diversité du monde. En revanche, je ne crois pas qu'une immigration massive de gens qui sont éloignés de nous culturellement et religieusement soit viable. Mais dire cela, c'est déjà s'exposer aux attaques.
Certains vous qualifient d'auteur d' "extrême-droite". Pourriez-vous appeler à voter Marine le Pen?
Non ! Je n'ai jamais voté de ma vie, ni même été inscrit sur les listes électorales. Mon isoloir, c'est le bureau où j'écris. Je ne suis nulle part, politiquement. J'ai par exemple refusé d'être décoré par Nicolas Sarkozy.
A l'exception de Renaud Camus, qui vous a défendu sur le fond tout en regrettant la référence à Anders Breivik, aucun écrivain ou intellectuel ne vous a soutenu. Comment l'interprétez-vous?
J'ai tout de même reçu des coups de téléphone et des messages de soutien privé. Mais peut-être suis-je insoutenable ? Alain Finkielkraut avait été violemment attaqué, l'an dernier, pour avoir osé m'inviter à son émission de France-Culture. Plus généralement, il me semble qu'un climat de repentance pèse sur la France et empêche que l'on débatte librement : selon les censeurs et les propagandistes, nous devrions encore expier les Croisades, la colonisation, Vichy, etc. Ma prise de conscience de ce phénomène date de l'époque où j'étais encore professeur : au tournant des années 90, j'ai compris que l'on ne pouvait plus raconter "notre" histoire en employant le "nous" devant certains élèves, qui manifestaient un refus d'assimilation. Je m'interroge : quelle citoyenneté pour ces gens-là ?
A vous lire, on a parfois le sentiment que la France serait entrée dans une guerre civile sans le dire...
Vous savez, les touristes sont très étonnés de voir des militaires avec des mitraillettes autour du Louvre ! S'ils sont là, c'est bien en raison du risque d'attentats islamistes, non ? Je crois qu'il existe en effet des zones de conflits sur notre territoire, que le Qatar et l'Arabie Saoudite investissent massivement dans notre pays et que la délinquance des banlieues peut s'articuler avec le terrorisme, comme on l'a vu avec l'affaire Merah. Je crois qu'il y a d'autres Merah et d'autres Breivik en puissance dans notre pays.
Plusieurs auteurs - Tahar Ben Jelloun, Annie Ernaux- ont demandé votre départ de Gallimard, où vous exercez la profession d'éditeur. Où en est-on?
Pour l'instant, je n'ai pas eu l'occasion d'évoquer la situation avec Antoine Gallimard, le patron de la maison. Nous verrons bien. Ma situation est très simple : le matin, j'écris chez moi, et l'après-midi, je travaille chez Gallimard, où j'édite et défends des livres qui, d'ailleurs, sont parfois éloignés de moi littérairement ou idéologiquement. J'ai également publié une quinzaine d'ouvrages , essais, fragments ou romans, dans cette maison. Certains, commeDésenchantement de la littérature et L'Opprobre, m'ont valu des attaques. Mais, contrairement à ce qui a été écrit, jamais Antoine Gallimard ne m'a déclaré ne plus vouloir éditer mes essais. Si j'ai publié mes derniers pamphlets chez Pierre-Guillaume de Roux, c'est parce que je pense que pour certains livres particuliers, un petit éditeur est plus efficace qu'un grand éditeur. Il y a toujours eu chez Gallimard une tradition de grande tolérance : Gide y a publié son Retour d'U.R.S.S, un ouvrage très violent, Aragon son Traité du style, Drieu la Rochelle y côtoyait Malraux, Sartre et Céline étaient publiés simultanément. Les temps auraient-ils changé ?
PROPOS RECUEILLIS PAR JEROME DUPUIS
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik de Richard Millet
(Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Millet coeur de sniper
En deux pamphlets, l'agent provocateur des lettres françaises vitupère le métissage et la société décadente. Mais, le temps d'un récit, il garde toute sa fraîcheur pour les jeunes femmes.
Ca y est, on le tient, chef ! Le voilà, le méchant, le nazi,le pestiféré des lettres. Nom : Millet Prénom : Richard. Profil : 59 ans, catholique, hétérosexuel, ancien combattant aux côtés des chrétiens au Liban. Délit : publie simultanément trois ouvrages en cette rentrée, un récit et deux brefs pamphlets (dont l'un sous titre, non sans provocation, Eloge littéraire d'Anders Breivik, du nom du jeune Norvégien coupable du massacre d'Utoya), dans lesquels il dénonce sans pincettes le métissage et l'emprise croissante de l’islam sur la société française. Signe particulier : est en même temps éditeur chez Gallimard, maison favorablement connue de nos services, où il a notamment couveéJonathan Littell et Alexis Jenni, tous deux Prix Goncourt
Le RER comme métaphore de notre décadence
On le voit, il y a un cas Millet Lui même enjoué, d'ailleurs « Ainsi, constatant que je suis le seul Blanc, dans la station de RER Châtelet Les Halles, à six heures du soir, ou déclarant que je ne supporte pas de voir s'élever des mosquées en terres chrétiennes, ou encore trouver que prénommer, à la troisième génération, ses enfants Mohammed ou Rachida relève d'un refus de s'assimiler, c'est a dire de participer a l'essence française, tout cela ferait de moî un raciste », note-t-il dans De l'antiracisme comme terreur littéraire. Pour Millet, la station RER de la gare du Nord, avec ses«métis violacés», ses«Tamouls verdâtres » et ses « Blancs cadavériques », serait la métaphore obsédante d'une société décadente, que le « politiquement correct » nous sommerait de célébrer
Mais son propos n'est pas seulement idéologique. Le « prêt-à-porter » littéraire aurait sa part de responsabilité dans cette dissolution généralisée des esprits. Le triomphe du gros best seller américain annoncerait la mort de notre civilisation (Mais, pourrait-on objecter, dans le passé, n'avait-on pas déjà Delly ET Gide, Pearl Buck ET Kafka?) On le sait, pas de bon pamphlet sans noms. Ainsi, après s’en être pris au très « rasoir » Umberto Eco, Millet fustige le discours de réception de Vargas Llosa au Nobel,«tissu de lieux communs politiquement correct» Plus courageux, il ose s'en prendre à l’intouchable icône Le Clezio. «Son style est aussi bête que naïve sa vision manichéenne du monde et ses romans dépourvus de ressort narratif. » Avouons-le, c'est un jugement qui se murmure par fois dans l'entre-soi des cocktails de Saint Germain-des-Prés, mais que l'on a peu l'occasion de lire noir sur blanc ?
Alors courageux ou kamikaze ? Notons au passage que Llosa et Le Clézio sont deux auteurs historiques de son « employeur » Gallimard. Si Millet peut compter sur la neutralité bienveillante des éditeurs de la maison - Sollers, Laclavetine - et sans doute de la direction administrative - rien ne vaut un Goncourt pour renflouer les caisses -, en revanche, certains auteurs Gallimard, comme Annie Ernaux ou Tahar Ben Jelloun, ne cachent pas leur hostilité à son égard. MaIs, après tout, on est là dans une vieille tradition familiale. Malraux et Drieu la Rochelle ne se croisaient ils pas dans les bureaux de la NRF en 1943 ?
Après ces deux pamphlets, on attendait évidemment notre sniper des lettres au tournant. Alors, que vaut son court récit autobiographique, Intérieur avec deux femmes ? Cet aller-retour Paris Amsterdam sur fond de crise amoureuse sorte de Sylvie nervalien où le Thalys aurait remplacé le fiacre, est porté par une tension sourde et une belle langue. Millet s'y montre à la fois « peu sympathique » et touchant, guettant fébrilement, tel un adolescent, le SMS d'une « très jeune femme» qui s'éloigne. II y développe aussi nombre de théories réjouissantes et parfaitement réfutables : que la peau des femmes de plus de 40 ans a la «consistance d'une poire mûre », que tous les lecteurs de L'Equipe sont des débiles mentaux , ou qu'il existe une corrélation entre le degré d'embourgeoisement et le niveau d'épilation du pubis des femmes. On est loin de ses pamphlets ? Pas vraiment… Après avoir aperçu du tram la gigantesque mosquée honnie de Rotterdam, Millet arrive à Paris, gare du Nord. Et plonge dans le RER. Et tout peut recommencer •
JERÔME DUPUIS
Langue fantôme, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik,
De l'antiracisme comme terreur littéraire
Intérieur avec deux femmes, par Richard Millet
(Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Les déclarations de guerre de Richard Millet
Richard Millet est tout sauf un écrivain insignifiant. L’adjectif est choisi à dessein : c’est celui qui revient le plus souvent sous sa plume pour désigner indistinctement l’essentiel de ce qui se publie dans l’ordre de la littérature et la plupart des écrivains contemporains. Insignifiant, il ne l’est ni par son œuvre de fiction, ni par ses essais, ni par son engagement et, partant, par la position qu’il se donne sur la scène littéraire et politique, eut-il dénoncé l’inanité même du spectacle qu’elle produit. L’exclure du débat d’idées en le traitant de fou, de réac, de fascistoïde ou de raciste revient à en faire un martyr sacrifié sur l’autel de la Littérature, mort au champ d’honneur dans la défense de la langue et donc de l’âme perdues de la France, ostracisme qui ne serait pas pour lui déplaire mais ne présente aucun intérêt. Il faut le lire et le discuter parce que ce qu’il met en jeu n’est précisément pas insignifiant. Il vient de publier d’un même élan trois brefs livres qui peuvent s’appréhender d’un même regard une fois déployés tels un triptyque de Francis Bacon. La tyrannie de l’actualité a focalisé l’attention sur l’un d’eux aux dépens des autres ; encore n’est-il que l’appendice du texte-amiral : Eloge littéraire d’Anders Breivik paraît à la suite de Langue fantôme (120 pages, 16 euros, Pierre-Guillaume de Roux). C’est cet éloge, long d’une quinzaine de pages à peine, qui fait scandale aujourd’hui.
Qu’y lit-on ? Que, tout en n’approuvant pas l’assassinat de 77 jeunes norvégiens l’an dernier sur l’île d’Utoya (encore heureux), allant même jusqu’à le condamner (que de précautions) tout en lui conférant la noblesse d’un acte politique (ce qu’il est effectivement), Richard Millet est frappé par sa « perfection formelle » comme s'il s'agissait d'une installation néo-surréaliste : il y voit une dimension littéraire dans sa relation avec le Mal, dont la "beauté" le fascine. Un souci esthétique pour un geste artistique que l'on jugera obscène ou abject, ou à tout le moins aussi indécent que le texte dans lequel Salim Bachi se mettait dans la tête de Mohamed Merah au lendemain du massacre de Toulouse. Se flattant d’avoir lu les 1500 pages du délirant manifeste que Breivik avait mis en ligne sur son site (ce qui est effectivement un exploit), il veut voir en lui un patriote à la dérive, un nationaliste à la boussole déréglée par la perte de sens, pris de vertige devant l’abime identitaire qui s’ouvre sous les pieds de tous ceux qui ne reconnaissent plus leur
Occident, désespéré par la fin annoncée de la civilisation en laquelle il avait cru si fort. En lisant donc attentivement le compendiun du tueur en série, Richard Millet a trouvé « des analyses pertinentes de la perte de l’identité nationale ». Il est vrai qu’elles aboutissent à une conclusion qui ressemblent fort à celles d’un certain Richard Millet dont on ne sache pas que les essais soient traduits en norvégien : pour avoir renoncé à défendre ses racines chrétiennes, la France est actuellement en proie à une guerre civile sans nom qui a commencé en 1789 ; la littérature est sa première victime car, telle que l’entend l’écrivain, elle est l’ennemie du nombre, du multiculturalisme, de l’horizontalité, de la perte du sens… In fine, il s’indigne de ce que l’on traite de fasciste tout individu qui ose s’interroger sur la pureté, l’identité, l’origine. Voilà brièvement rappelé l’essentiel de ce texte- et que ni l’auteur ni l’éditeur ne viennent nous dire que le texte n’a pas été lu et qu’ils font l’objet d’une curée ou d’une quelconque campagne. Qui expose s’expose. Tant Richard Millet que Pierre-Guillaume de Roux qui le publie, font preuve d’un certain courage. Mais s’ils n’ont pas conscience de la charge provocatrice de la chose en question, alors qu’ils changent de métier ; et s’ils en ont conscience, comme je le crois, qu’ils en acceptent les conséquences dans toute leur violence.
En fait, cet Eloge littéraire d’Anders Breivik n’a d’intérêt que parce qu’il s’inscrit dans le combat personnel d’un écrivain exigeant, qui se fait une très haute idée de la littérature, sanctuarise la langue dans l’espace de la loi et l’écriture dans celle du sacré. Une véritable guerre. C’est elle qu’il cherche et non les coups ou la bagarre et surtout pas le duel à fleurets mouchetés. Ancien compagnon de route des Phalanges chrétiennes au Liban (1975-1976), ce qui le place au moins dans le camp peu fréquenté des écrivains qui mettent leurs actes en accord avec leurs idées (si toutefois cet engagement passé n'est pas de l'ordre du fantasme), il est de ceux qui s’enivrent de l’odeur de la poudre. Comme pour prouver l’unité du tout, c’est dans son pamphlet De l’antiracisme comme terreur littéraire (90 pages, 14,90 euros, même éditeur) que l’on trouve une justification indirecte du geste d’Andres Breivik : « Le goût des armes ne me quitte pas. Qui ne s’est jamais battu à l’arme automatique ignore tout du chant de la kalachnikov ou du M16 et de la danse qu’ils suscitent, dans laquelle le fait de tuer peut donner, hors toute cruauté, au cœur de l’action, une jubilation singulière ».
De même que dans son essai Langue fantôme ou dans son récit Intérieur avec deux femmes (140 pages, 16,90 euros, même éditeur), Richard Millet enfonce un clou, un seul, le même depuis un certain temps, avec une constance remarquable au risque de se répéter et de lasser (en quoi il fait penser à Philippe Muray qui, inlassablement de livres en articles, enfonça le clou de la dénonciation de l’homo festivus ). Cette fois, il prend Umberto Eco comme paradigme de la décadence de la littérature au motif qu’il a retouché le Nom de la rose pour les jeunes (bof…), de sa dégradation en prêt-à-porter romanesque international rebaptisé « postlittérature », le roman ayant laissé place à la « narratique ». Il est à ses yeux un acteur-clé de cette paupérisation, les coupables étant mai 68, la démocratie, le multiculturalisme et son « cloaque ethnique », le tiers-mondisme culturel, le terrorisme de l’antiracisme, l’abandon de la chronologie, le renoncement aux racines gréco-latines et chrétiennes de la langue, la haine du savoir, de la pureté, de la grandeur. Voilà comment une grande nation littéraire comme la France est devenue la République bananière des Lettres. En chemin, on glane une belle définition du classique (« Emet des signes longtemps après sa mort »), une juste reconnaissance de Sebald pour avoir perpétué la littérature sans recourir au roman et dans un style d’emblée reconnaissable, et un scoop (les néo-écrivains travaillent le plus souvent en équipe).
Millet, qui n’en est pas à un excès près (mais n’est-ce pas la loi du genre pamphlétaire ?) ne fait pas de différence entre l’architecture de l’Opéra-Bastille et celle d’un centre de Sécurité sociale. Pire : il homogénéise ses cibles pour les besoins de sa démonstration. Ainsi les romanciers francophones sont-ils rejetés en bloc, de même que les écrivains français (« vulgarité quasi générale »), les belles âmes et les grands têtes molles (suit une rafle emportant Murakami, Garcia Marquez, Lessing et surtout Le Clézio), les « cadavres dansants » de la médiocrité littéraire (Sagan, Gary, Nemirovsky), les blogs « ces champs d’épandage ». Il y a dans cette apocalypse annoncée une dimension crépusculaire et testamentaire qui fait froid dans le dos car Richard Millet, qui place le style au plus haut, est aussi l’auteur de grands livres (La Gloire des Pythre, Lauve le Pur,
Ma vie parmi les ombres, L’Orient désert, Le Sentiment de la langue…) et qu’il possède les armes pour toucher et émouvoir tout en évitant le pire du pathos. Même si, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, il n’est pas la réincarnation du grand Bernanos ou de Léon Bloy. Il se voit soldat perdu d’une cause qui l’est tout autant, franc-tireur dans le champ de ruines moral et intellectuel d’une Europe dévastée, objet de la haine unanime de ses contemporains, éternel exclu des médias (ce qui est faux), ne disposant plus que du bouclier Lévi-Strauss pour se protéger de l’accusation de racisme. Dans sa dérive paranoïaque, le proscrit autoproclamé se campe seul, esseulé, solitaire. Minoritaire au sein d’une minorité. En retrait comme Blanchot en sa place des Pensées. Plus et mieux : un écrivain maudit. Suicidé de la société, il s'imagine en ultime héraut de la pureté dans un champ d’ordures – à ceci près qu’Artaud, lui, ne siégeait pas au comité de lecture de Gallimard mais à l’asile de Rodez. Non seulement il veut se placer sur le terrain de Thomas Bernhard par un processus assez naïf d’identification, mais il veut être le seul à le défendre de l’accusation de nihilisme et le seul à avoir relevé sa puissance comique (désolé mais non, d’autres l’ont fait). Sur bien des terrains (défense de la langue ou d’une certaine idée de l’éducation et de l’enseignement, dénonciation de la doxa politiquement correcte), il y rejoint pourtant Renaud Camus, Alain Finkielkraut, Pierre Guyotat, Pierre Bergougnioux, Pierre Michon et d’autres. Mais effrayé par le monde qui s’annonce, il voudrait être le dernier des Mohicans.
Si c’était une pièce de théâtre, un seul décor suffirait, issu des dernières pages de Intérieur avec deux femmes : un wagon de RER entre Paris et Arcueil la nuit, dans lequel Richard Millet serait le seul Français de souche de race blanche hétérosexuel et catholique, entouré d’immigrés, noirs, maghrébins et musulmans, prêts à lui tomber dessus après avoir violé une passagère. Il faut un certain courage pour exprimer ses angoisses, ses fantasmes, ses névroses, ses cauchemars et ses peurs.
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik, de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Richard Millet répond à la polémique
Richard Millet répond à la polémique déclenchée par la publication de Langue fantôme, essais sur la paupérisation de la langue, suivi d'Eloge littéraire (Pierre-Guillaume de Roux), sur le plateau d'I-Télé.
Richard Millet crée la polémique avec un éloge de Breivik
L'essayiste et romancier français, Richard Millet suscite une nouvelle polémique avec son "Éloge littéraire d'Anders Breivik".
"Même les maîtres à penser de l’extrême-droite ne sont guère aventurés à commenter les massacres perpétrés en Norvège". L’un des enfants terribles de la littérature française, l'écrivain Richard Millet, est de nouveau au centre d'une polémique en France. En cause, son "Éloge littéraire d'Anders Breivik", publié aux éditions Pierre Guillaume de Roux.
Anders Breivik est l'extrémiste de droite norvégien qui, le 22 juillet 2011, avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, faisant huit morts et une trentaine de blessés, puis avait tué 69 autres personnes, des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utoeya.
Il a été condamné, vendredi 24 août, à 21 ans de prison avec possibilité de prolongation, la peine maximale. Lors de son procès, Anders Breivik a dit avoir commis ces actes "atroces mais nécessaires" pour préserver la Norvège du multiculturalisme.
Dans son "Éloge", qui fait partie du recueil "Langue fantôme", Richard Millet, essayiste polémique, défenseur de l’identité chrétienne, commence par préciser, rapporte l'Express : "Je n’approuve pas les actes commis par Breivik le 22 juillet 2011. C’est pourtant sur ces actes que je me pencherai, frappé par leur perfection formelle, donc, d’une certaine façon, par leur dimension littéraire, la perfection, comme le Mal, ayant toujours peu ou prou à voir avec la littérature".
"Une habile précaution oratoire", selon l'hebdomadaire français, qui qualifie l’Éloge de "déplaisant".
Puis Millet écrit, selon des passages de son "Éloge" rapportés par Le Point, que Breivik est "sans doute ce que méritait la Norvège et ce qui attend nos sociétés qui ne cessent de s’aveugler". Sur quoi ? "Les ravages du multiculturalisme", "l’islamisation de l’Europe" et son renoncement à
http://www.lorientlejour.com/news/print.php?id=775280 Page 1 sur 2L'Orient-Le Jour | Richard Millet crée la polémique avec un éloge de Breivik 28/08/12 17:16
l’"affirmation de ses racines chrétiennes". Que Breivik, enfin, "est tout à la fois bourreau et victime, symptôme et impossible remède".
"Au fil d’un texte vindicatif, Millet définit Breivik comme un +produit exemplaire de la décadence occidentale+, un +enfant de la fracture idéologico-raciale que l’immigration extra-européenne a introduite en Europe +", note L'Express. "Son crime s’expliquerait ainsi par la perte d’espoir et d’identité nationale en Occident", poursuit l’hebdomadaire.
Pour Millet, l’acte d’Anders Breivik ne doit pas être réduit à un accès de folie. "Le déclarer fou, c’est l’occasion de ne surtout pas ouvrir les vrais débats, sur la présence islamique, par exemple. De se voiler la face". Breivik n’est pas fou, continue Millet, il est le signe "désespéré et désespérant, de la sous-estimation par l’Europe des ravages du multiculturalisme". Ses actes sont "au mieux une manifestation dérisoire de l’instinct de survie civilisationnel".
Le Point critique vertement l’écrivain qui fait partie du comité de lecture de Gallimard. "On ne fera pas mieux aimer la littérature, ni même le génie du christianisme en accordant sa compréhension, sinon son absolution, à un tueur d’adolescents. Quand bien même, sans que l’on comprenne vraiment le rapport, ce tueur, comme l’écrit Millet, aurait pu être écrivain".
Pour le quotidien Le Monde, Richard Millet "déroule avec rage la litanie des haines qu’il a déjà déversées dans d’autres écrits, notamment Opprobre, paru chez Gallimard en 2008. Inscrit dans une pensée d’extrême-droite qui n’hésite pas à esthétiser la violence, Millet n’en est pas à ses débuts, en matière d’anathème". "Même les maîtres à penser de l’extrême-droite ne se sont guère aventurés à commenter les massacres perpétrés en Norvège", poursuit Le Monde.
Et le journal de souligner que la gêne se fait sentir chez Gallimard. "Que faire d’un salarié particulièrement efficace faiseurs de prix littéraires, mais dont la dérive idéologique s’aggrave de livre en livre ? s’interroge Le Monde. D’autant qu’en mai 2012 les éditions Fata Morgana ont publié un pamphlet (Printemps syrien) dans lequel Richard Millet, fidèle à ses engagements passés auprès des phalangistes libanais, apporte un vigoureux soutien à Bachar el-Assad".
Richard Millet a une histoire particulière avec le Liban où il a vécu entre 6 et 14 ans et où il est revenu pour combattre avec les chrétiens pendant la guerre civile. Il est l'auteur, entre autres, de "La fiancée libanaise" et de "La Confession négative", tous deux publiés chez Gallimard.
Dans le magazine ActuaLitté, l'éditeur de l'"Éloge", Pierre Guillaume Roux, exprime sa colère face aux critiques. "C'est évident, ils n'ont pas lu ce livre. (...) Ils veulent le tuer, le calomnier de toutes les manières. Ce sont des attaques avec la volonté de détruire".
Dans le même magazine, Richard Millet répond aux critiques en affirmant que "c’est le jeu institué, il faut +penser bien+, c’est-à-dire ne pas dire autre chose que ce qui est attendu. Un écrivain doit regarder ce qui se passe et dire ce qu’il voit. Mais pas en France".
http://www.lorientlejour.com/category/�+La+Une+(Slideshow)/article/775280/Richard+Millet+cr.html
Pour mémoire, dans L'Orient Littéraire
Richard Millet : l’adieu au roman Millet, promeneur en chambres, La confession d'un innocent
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Richard Millet au journal d'Arte
Le 28 août, une équipe d'Arte a interviewé Richard Millet dans nos bureaux de la rue de Richelieu.
Un sujet complet a été consacré à Eloge littéraire d'Anders Breivik dans le journal d'Arte de 19h45.
La polémique se poursuit.
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature, suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivk de Richard Millet
(Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Richard Millet au coeur d'une violente polémique
L'écrivain est accusé par les médias de racisme et d'apologie du crime. La poémique fait suite entres autres, à la publication de son essai Éloge littéraire d'Anders Breivik, le meurtrier norvégien condamné à 21 ans de prison.

Romancier reconnu, essayiste couronné par l'Académie française, éditeur (chez Gallimard), Richard Millet a fait l'objet ces derniers jours d'attaques particulièrement violentes et pernicieuses venant à la fois de la presse écrite et d'écrivains, y compris de sa propre maison d'édition. Le motif de cette vindicte unanime: la publication simultanée de deux textes: un pamphlet intitulé De l'antiracisme considéré comme terreur littéraire, et d'un essai, Langue fantômesuivi d'Éloge littéraire d'Anders Breivik, le meurtrier norvégien condamné à 21 ans de prison à l'issue de son procès à Oslo.
«Richard Millet ‘perd la tête'»?
Ses détracteurs lui reprochent son racisme supposé, sa dénonciation des «ravages du multiculturalisme» et la défense de l'assassin d'Utoya. Avant même la sortie en librairie des textes en question (le 22 août), Le Nouvel Observateur a parlé de «livre abject». Le Monde, dans ses éditions en date du 28 août a donné la parole à plusieurs auteurs, dont l'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun qui estime que Richard Millet «perd la tête» et le romancier éditeur (lui aussi chez Gallimard) Jean-Marie Laclavetine qui précise que «ce n'est pas la première fois qu'il publie des choses inacceptables». Entre-temps Le Point s'est déclaré «triste pour cet homme qui avait du style et le gâche dans des propos suicidaires».
«C'est ignoble. Cette polémique est de très bas niveau»
Pour son éditeur, Pierre-Guillaume de Roux, contacté mardi dans l'après-midi, «il s'agit d'une véritable curée à laquelle se livrent les éternels donneurs de leçon qui ne se sont même pas donné la peine de lire les ouvrages incriminés. Millet est pourtant clair dans ses 18 pages sur Breivik: jamais il n'y porte l'assassin aux nues! C'est ignoble. Cette polémique est de très bas niveau. Il n'y a là aucun débat, sinon l'opprobre généralisé, l'anathème aveugle. C'est le rôle de la littérature, et Richard Millet est un immense écrivain, d'être à l'écart, de susciter l'intranquillité, de déranger.Aujourd'hui, les soi-disant chantres de la liberté veulent fermer la bouche de Millet.»
Les textes en question sont-ils coupables aux yeux de la justice? Pour l'heure, aucune action n'a été engagée… La polémique enfle et continuera d'enfler aux cours des prochains jours, largement relayée par les médias.
THIERRY CLERMONT
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
French Essayist Blames Multiculturalism for Breivik’s Killing Spree
Richard Millet is an accomplished figure in French literature. His book Le Sentiment du Langue (The Feeling of Language) won the Académie Française’s 1994 essay award. His work as an editor for celebrated publisher Gallimard, meanwhile, helped produce two recent Prix Goncourt winners — including the 2006 novel Les Bienveillantes (The Kindly Ones) by American author Jonathan Littell. Now, however, Millet is getting attention of an entirely different kind with a new work attacking immigration and multiculturalism, and describing the acts of convicted Norwegian mass murderer Anders Behring Breivik as “formal perfection … in their literary dimension.”
That bookish qualifier, says newsweekly L’Express in its critique of Millet’s new essay, “Éloge Littéraire d’Anders Breivik” (Literary Elegy of Anders Breivik), is a “gratuitous facade” for an otherwise “vindictive text” and thesis. Indeed, though Millet states he does not approve of Breivik’s murderous actions on July 22, 2011 that left 77 people dead, he does write the slaughter was “without doubt what Norway deserved.” The reason? Norway, Millet contends, allowed immigration, multiculturalism and the domination of foreign customs, language and religion to become such dominant influences that a self-designated defender of traditional society felt compelled to take decisive action.
(MORE: When Slogans Beget Slaughter)
“Multiculturalism, as it has been imported from the United States, is the worst thing possible for Europe … and creates a mosaic of ghettoes in which the [host] nation no longer exists,” Millet told France Info radio on Aug. 27. “Breivik, I believe, perceived that and responded to that question with the most monstrous reply.”
Little wonder that such views — published just as Breivik was being sentenced Aug. 24 — have sparked controversy in France. As word of Millet’s writing spreads, so too may the objections it has inspired.
(PHOTOS: Explosion and Shooting Rock Norway)
If so, that may only serve to reinforce Millet’s accusations that most of Europe — and indeed the West — is dominated by the same attitudes that motivated Breivik’s attack. Breivik, Millet writes, is “an exemplary product of Western decadence” and a “child of the ideologico-racial fracture that extra-European immigration has introduced in Europe.” Because he sees the resulting “loss of national identity” and “Islamization of Europe” decaying “Christian roots” everywhere, Millet appears to believe acts similar to Breivik’s may be replicated outside Norway as well.
“Within this decadence, Breivik is without doubt what Norway deserved, and what awaits our societies that won’t stop blinding themselves in denial,” Millet writes in “Éloge Littéraire d’Anders Breivik,” one of three essays published under the collective title Langue Fantôme (Ghost Language) on Aug. 24 by publisher Éditions Pierre-Guillaume de Roux. “European nations are dissolving socially at the same time as they’re losing their Christian essence in favor of general relativism.”
(MORE: Why Norway Is Satisfied with Breivik’s Sentence)
After the disclaimer in which he insists he does “not approve of the acts committed by Breivik,” Millet admits being “struck by their ‘formal perfection’ and ‘literary dimension.’” But unimpressed critics contend Millet’s artistic conceit and florid prose rationalizing Breivik’s acts are little more than an apology advancing extreme-right doctrine. In its Aug. 27 review, the daily Le Monde points to his accompanying essay, “De l’Antiracisme Comme Terreur Littéraire” (Antiracism as Literary Terror) as reflecting Millet and his conservative worldview:
The man hates a lot, and [does so] in a refined style that’s sometimes obscure. But it’s sufficiently clear for the objects of his malice to distinctly appear: social democracy (and democracy, full stop), extra-European immigration, the remainders of Marxism and their supposed corollaries of ignorance, political correctness and the weakening of language. All of that is leading to the crumbling of Europe — a decomposing continent where “a civil war is under way.”
Though such views are regularly championed by the extreme right, their association with Breivik’s massacre is something leaders like Marine Le Pen of France’s National Front party have assiduously avoided. Indeed, Le Pen has attacked efforts to explain or justify Breivik’s killing spree as a consequence of extreme-right views put into action. Given the enduring taboo of seeking to explain Breivik’s acts as anything short of madness, Millet’s essay may not only lead Le Pen to deny any ties to the author or his work — but may also force the venerable Gallimard to do likewise.
(PHOTOS: Inside the World’s Most Humane Prison)
Though the famous Paris publisher has no involvement with or responsibility for Millet’s controversial essays, it’s nevertheless coming under pressure to sever its relationship with a man airing such controversial views. On Monday, francophone Moroccan author Tahar Ben Jelloun called Millet’s essay a “ridiculous, useless and, above all, disgusting provocation.” Ben Jelloun told France Info that Gallimard, publisher of Ben Jelloun’s books, had to realize Millet “can’t be part of this organization and, elsewhere, propose such horrible things.”
Author Annie Ernaux agreed, telling Le Monde on Monday that Millet’s writing represents “a dangerous political act” by a Gallimard employee that “engages the responsibility of the company.” She said “a collective reaction from all Gallimard writers” to force action on Millet’s case is now under consideration.
But even as he echoed the “indignation over such cretinous and notorious statements,” Gallimard author Jean-Marie Laclavetine nevertheless told France Info that people protesting Millet’s essays must “be careful about [becoming] thought police”
“Everyone has the right to think as he wishes and write what he wants,” Laclavetine said. “I think it would be very bad for Gallimard to fire him. I too wish Richard didn’t think what he thinks and wrote what he wrote, but that’s his right.”
(MORE: Have We Turned a Blind Eye to Domestic Terrorism?)
Neither the controversy surrounding his essays nor calls for his ouster from Gallimard seem to bother Millet. Indeed, the man who described Breivik’s 77 victims as “mixed-raced, globalized, uncultivated, social-democrat petit bourgeois,” appears to take a certain pride in the anger and consternation his essays have provoked.
“I’m one of the most hated French authors,” he told France Info on Monday. “It’s an interesting position that makes me an exceptional being.”
Given his previous accomplishments as an editor, Millet could have made that literary boast before publishing his essays. Now that they’re out, he can add peerless polemicist — and possibly leading ideologue — of Europe’s extreme right to that list of distinctions.
MORE: Anders Behring Breivik, the Extremist Behind Norway’s Tragedy
Read more: http://world.time.com/2012/08/28/french-essayist-blames-multi-culturalism-for-breiviks-norwegian-massacre/#ixzz25QpS8jR1
Richard Millet : "L'Europe meurt d'insignifiance et de consensus"
Exclusif ActuaLitté : C'est actuellement le livre qu'il faut abattre, signé par un auteur-éditeur, Richard Millet, dont certains journaux veulent la peau. Auxditions Pierre Guillaume de Roux, qui publient ses trois ouvrages, on nous répond d'ailleurs avec une pointe d'agacement. « Vous appelez pour Richard Millet ? » La messe est dite. Faut reconnaître que depuis plusieurs semaines, tout le monde s'est passé le mot, et le dernier billet en date de Jérôme Garcin ne fait qu'enfoncer le clou. « Oui, tout le monde en parle, mais en diffusant une vaste désinformation sur le livre », regrette la maison
Richard Millet, c'est un éditeur installé aux éditions Gallimard. Et depuis quelques années, « il dérape. Pour ne pas dire qu'il vrille complètement », souligne un collaborateur de la maison. « C'est un bon écrivain, très classique, mais cela fait un moment qu'il se lâche dans ses déclarations. » Ah, oui, il sera reproché à ce courageux anonyme de conserver le silence sur son nom. Mais l'omerta, n'est-ce pas.
Licence to Kill
L'éditeur, Pierre Guillaume de Roux ne décolère pas, devant les réactions et critiques de la presse. « C'est évident, ils n'ont pas lu ce livre. Le magazine qui se prétend littéraire parle même d'un 'roman', comme pour prouver qu'ils ne l'ont pas ouvert. Ils veulent le tuer, le calomnier de toutes les manières. Ce sont des attaques avec la volonté de le détruire, sans même s'être penché sur le livre. » Et si on évoque de la part de Richard Millet des dérapages, comme cette émission de juin 2011, face à Finkielkraut, l'éditeur nous rétorque : « C'est un homme qui observe, en écrivain, une civilisation qui passe son temps à se dénigrer. Mais avec des propos que l'on ne peut tenir. Il défend une culture à laquelle il est viscéralement attaché, refuse le communautarisme : sont-ce là des choses qui sont répréhensibles ? »
Et l'auteur, pour sa part, ne tient pas un autre discours, dénonçant une presse qui ne s'est intéressée qu'à « 25 pages d'un appendice, quand je publie trois livres. C'est un procédé connu depuis Staline : déconstruire, extraire des citations, les détourner ».
Ne sachant pas s'il faut y voir des attaques contre son poste d'éditeur chez Gallimard, ni des remugles de l'article que Nicole Caligaris avait publié dans Le Monde, Richard Millet répond sans détour : « C'est le jeu institué, il faut “penser bien”, c'est-à-dire ne pas dire autre chose que ce qui est attendu. Un écrivain, doit regarder ce qui se passe et dire ce qu'il voit. Mais pas en France. Cette histoire est ridicule : je suis dans le métro, et je vois une personne... de couleur ? Est-ce comme cela qu'il faut dire ? Quelle circonlocution ! Bien, et j'éprouve un sentiment de solitude, de... Caucasien ? Faut-il employer ce terme pour me définir. Tout ce cirque pour dire que je suis un blanc, seul, dans un RER, entouré de noirs ? Bien sûr, cette situation me pose des questions, et je l'exprime simplement. Oui, je regarde les gens, et je regarde leur peau, mais enfin, je ne m'arrête pas à cela : je pose des questions. Ces reproches sont aberrants. »
Focus sur l'affaire Breivik
Alors ce petit livre, qui débute par un exergue de Drieu La Rochelle -- réminiscence d'une relecture du Feu follet, qui a inspiré le film Oslo 31 août - mérite-t-il les attaques subies ? L'affaire Breivik souffre-t-elle qu'on lui consacre un Éloge littéraire ? « Cette formulation est évidemment ironique. Breivik, c'est un cas qui devrait nous questionner tous, en cette ère post-ittéraire, alors qu'il est l'illustration autant que le symbole de la ruine de l'Europe. D'ailleurs, au cours du procès, Breivik s'est lui-même présenté comme un écrivain, c'est aussi qui m'a interpellé. »
Le livre débute ainsi :
Au moment d'entreprendre ce qui pourrait être un Éloge littéraire d'Anders Behring Breivik, je voudrais qu'on garde à l'esprit que je n'approuve pas les actes commis par Breivik, le 22 juillet 2011, en Norvège. C'est pourtant sur ces actes que je me pencherai, frappé par leur perfection formelle, donc, d'une certaine façon, et si tant est qu'on puisse les détacher de leur contexte politique, voire criminel, par leur dimension littéraire, la perfection, comme le Mal, ayant toujours peu ou prou à voir avec la littérature.
Le dernier en date des détracteurs, ce fut Jérôme Garcin, pour le Nouvel Observateur. « Mais tout le monde a oublié quelle fut la couverture de l'Obs au moment des faits, l'an passé ! C'était, à s'y méprendre, ressemblant à une couverture de Millenium. En changeant le visage de Breivik, par celui d'un acteur comme Brad Pitt ou Tom Cruise, on aurait eu une affiche de film. Simplement parce que les médias ne se sont pas interrogés sur ce qui s'était tramé. Ne pas chercher plus loin que la folie pour comprendre cet acte. Alors que ses motivations sont tout aussi claires que nombreuses. Et qu'à la différence de tous les actes de criminalité de ce genre, Breivik n'a pas retourné son arme contre lui - ainsi qu'il faut dire avec la plus grande retenue - mais il s'est rendu à la police. En faire un film ne fera pas assez vendre ; on aura besoin de rafistoler le scénario, pour un film. »
Où chercher alors ? « Dans cette rupture culturelle, dans cette identité qui est malmenée, perdue, et qu'on voudrait défendre pourtant. Quand un groupe islamiste réclamen cette année à la Norvège de pouvoir profiter d'un territoire indépendant, pour avoir le droit d'appliquer la charia, ne peut-on pas considérer que l'identité d'un pays est menacée ? Est-il simplement interdit de poser la question ? » (voir l'information) « Et que Breivik inspire, ou suscite des vocations, au point que, dernièrement, en République tchèque, un jeune a été arrêté alors qu'il s'apprêtait à commettre les mêmes crimes, prétendant protéger les mêmes valeurs. Or, il se revendiquait de Breivik ; un symbole supplémentaire, une marque de cette perte globale d'identité, face aux manifestations communautaires, de plus en plus
fortes. »
La "perfection formelle" ou "la plus grande oeuvre d'art réalisée" (Libération)
Le petit livre contient donc 25 pages qui interrogent : comment, en Europe, dans l'héritage des Lumières, peut-on provoquer l'apparition d'un Breivik ? « C'est un immense mensonge médiatique de ne pas voir que cette question se pose au plus haut point. De croire - et faire accroire - que, dans le rêve d'une immigration idéalisée, il serait possible qu'un homme venu de Syrie, puisse se fondre dans la population aussi simplement qu'un autre venu de Belgique. L'immigration musulmane dans les pays nordiques pose un problème, comme dans d'autres endroits. Cela, il faut le taire. Et pourquoi ? Ne serait-il pas préférable de s'interroger ouvertement ? » C'est en cela que le cas Breivik est intéressant, pour ce qu'il tente d'exprimer quelque chose, un combat, complètement perdu dans une volonté de préserver un certain idéal, une vision. Dans le texte, l'auteur ajoute :
Je ne cherche pas à faire de la socio-psychologie politique ; je ne suis pas un « expert », et nullement proche de Breivik dont, je le répète, je condamne les actes ; je constate que la dérive de Breivik s'inscrit dans la
grande perte d'innocence et d'espoir caractérisant l'Occident, et qui sont les autres noms de la ruine de la valeur et du sens.
« Aujourd'hui, des auteurs comme Stephen King maîtrisent les trames de l'horreur. Et tout un chacun admire son ingéniosité, tout comme celle des romanciers nordiques, prompts à découvrir des complots nazis qui s'abîment dans des histoires sordides. Et l'on salue l'ingéniosité avec une grande fascination. Alors, oui, Breivik montre abominablement que tout cel est possible dans la réalité. Il en devient fascinant, mais dans l'horreur de son acte. Fascinant de découvrir la méthode avec laquelle il s'est équipé en arme, a posé son geste, méticuleusement, la manière dont il s'est rendu - pas assez spectaculaire pour que l'on en fasse toutefois un film. Mais ce que je décris comme une “perfection formelle” ne signifie nullement que je l'approuve. »
Une folie plus confortable
À plusieurs reprises, dans le livre, Millet marque sa désapprobation, condamne les actes de Breivik. Mais il n'oublie surtout pas de dénoncer le jugement qui sera rendu demain ; le tribunal proposera la folie, et ce sera l'internement à vie, plutôt qu'une peine de 20 années, au terme desquelles Breivik sortairait âgé de 52 ans. « Mais le déclarer fou, c'est l'occasion de ne surtout pas ouvrir les vrais débats, sur la présence islamique, par exemple. De se voiler la face. Et je ne suis hostile à rien du tout ; je ne crois simplement pas à un mélange à haute dose, contrairement à ce que le capitalisme et les médias tentent de nous faire avaler. L'Europe n'est pas l'Amérique, qui n'est elle-même pas un melting-pot, mais une mosaïque de communautés qui s'observent et prônent chacune pour leur communautarisme. Mais cela, on préfère ne pas le dire. De même qu'il serait déplacé de dire qu'au Brésil, être blanc signifie être proche du pouvoir. La France, elle, refuse qu'un écrivain puisse exister, ou ouvrir des dossiers autrement qu'à la manière dont les autres l'ont sagement fait. »
Nous y sommes : le domaine du politiquement correct et de son vernis frappeur. « Notre insignifiance et le consensus ambiant auraient tué Marcel Aymé, qui combattait le confort intellectuel, déjà. Cette chère, si précieuse liberté d'expression, il nous faut l'employer, mais à condition de ne rien dire, sinon ce vague discours droitdelhommesque. Mais même sur ces points, la France n'est pas exceptionnelle : c'est ainsi pour toute l'Europe qui meurt d'insignifiance et de consensus. »
Alors, ce traité, cet éloge littéraire à Breivik, comment s'arrêter au seuil, et le condamner, si hâtivement ? « On reproche aux auteurs nordiques de polars, de n'avoir pas prévu Breivik. Et puis, on va puiser dans quelques textes anciens, dans les épopées, de quoi retrouver des origines violentes, chez les peuples scandinaves. On bricole une archéologie fantaisiste, et l'on en arrive à rendre la littérature responsable de ces meurtres. Je le souligne : Breivik n'est que le marqueur d'une ruine familiale, dans un contexte où le nombre de divorces est en permanente augmentation, autant que de la fracture idéologico--raciale ambiante. »
Les limites de l'esprit
Avant de conclure : « Il faudrait revoir cet incroyable film, La chute du Faucon noir, et comprendre différemment ce passage où un noir dit à un blanc : “Vous autres, Américains, vous vivez tellement vieux, que vous vous ennuyez.” N'est-ce pas une incroyable assertion et une triste réalité que de voir cet Occident qui s'ennuie et s'affaisse ? » Et
de rappeller, nécessairement, que Breivik « a agi seul, et non en accord avec un programme terroriste, ses actes étant au mieux une manifestation dérisoire de l'instinct de survie civilisationnel ». Les critiques - lapidaires ou justifiées, c'est selon - auront alors dévoilé ce qu'il fallait comprendre : chacun apporte les réponses qui lui viennent aux interrogations posées. Et l'on ne trouve finalement que ce que l'on est en mesure d'y apporter.
Il n'est jamais question d'apporter de la reconnaissance, mais bien de reconnaître, c'est-à-dire d'identifier, de discerner. Si l'on est dans l'abject, c'est que l'assassinat de 77 personnes est monstrueux. Et pas plus de suicide dans ces propos que de lucidité dans l'impérieuse nécessité de questionner - d'aiguillonner, se prenant pour le poisson-torpille que les contemporains d'un certain Socrate haïssaient en leur temps.
Les temps changent, dites-vous ?
A lire (tant c'est rapidement expédié)
NICOLAS GARY
http://www.actualitte.com/societe/richard-millet-l-europe-meurt-d-insignifiance-et-de-consensus-36200.htm
Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik
(Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
Richard Millet sur France Inter
Ecoutez Richard Millet sur France Inter au sujet de Langue fantôme, essai sur la paupérisation de la littérature suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik et de De l'antiracisme comme terreur littéraire (Pierre-Guillaume de Roux, 2012) qui fait la polémique de cette rentrée de septembre.