SQLSTATE[23000]: Integrity constraint violation: 1062 Duplicate entry '7MycoGq28HjXvIR7inVLBmm7XiRKM6LJI9MWG2PFzYtVxaTFoEhPQuNECuffrQPZ' for key 'sid'
Richard Millet
Ecrivain et éditeur, Richard Millet est notamment l’auteur de L’Enfer du roman, Tarnac, La Confession négative, Ma vie parmi les ombres, Lauve le pur , La Gloire des Pythre ou Le Sentiment de la langue.
Diffusion : CDE/SODIS.
En librairie le 6 Mai 2011
-
ISBN:
2-36371-005-5
-
Format:
12.5 x 19.5
-
Page:
154p.
-
Prix:
16 €
PRIX DES IMPERTINENTS 2011
Comment peut-on encore être Français , quand l’immigration de masse ne permet plus l’assimilation des nouveaux venus, quand les Français de souche renient eux-mêmes leurs traditions pour épouser le conformisme du consumérisme mondialisé, quand le droit à être Français et la tentation du communautarisme l’emportent sur l’aspiration à un destin national, quand enfin la France n’est plus qu’un nom que nous froissons au fond de notre mémoire, pressés de sacrifier notre héritage chrétien et notre langue au relativisme culturel ? Derrière cette fatigue, derrière cette faillite à être soi-même, c’est bien l’effondrement des valeurs les plus hautes qui est à l’œuvre. Une dignité trahie qu’achève de terrasser l’immigration extra-européenne sous un flux grandissant et hostile à tout enracinement. Comment dès lors savoir ce que nous sommes et où nous allons, si nous persistons à nier d’où nous venons ?
Diffusion CDE/SODIS.
Le Figaro magazine
Richard Millet le nouveau mécontemporain
Prix des Impertinents
Richard Millet lauréat du Prix des Impertinents 2011
L'homme nouveau
Richard Millet parmi les finalistes du Prix des Impertinents
Eléments
Richard Millet l'imprécateur
Monde et Vie
Entretien avec Richard Millet sur la guerre civile inommée
Revue des Deux Mondes
Ligne de crête
Boojum
La fatigue du sens
Parutions.com
Les mélopées de Saint-Polycarpe
Critiques libres
L'impossible existence nationale
Eléments
Richard Millet contre le nouvel ordre moral
Monde et Vie
Dites-nous des choses qui plaisent
Service littéraire
Millet le réactionnaire blessé
France Culture
Olivier Germain-Thomas reçoit Richard Millet
Spectacle du Monde
Comment avons-nous cessé d'être fidèles à nous-mêmes ?
Nouvelle Revue d'Histoire
Le courage de Richard Millet
blog.lefigaro.fr/rioufol
Borloo, champion de la pensée conforme
Valeurs actuelles
Richard Millet enfreint nos tabous
Culturemag
Richard Millet : l'homme blessé
France 3
Ce soir ou jamais - Frédéric Taddéi reçoit Richard Millet
France Culture
Répliques - Alain Finkielkraut reçoit Richard Millet
Richard Millet le nouveau mécontemporain
«La France n'a jamais connu une telle dégradation unanime de la langue. Quand la langue est malade, le reste est malade. Le cancer de la langue est k cancer social par excellence. »
En 1977, jeune professeur, il croyait la maladie réversible. « J'ai enseigné le français pendant une vingtaine d'années. Je m'y suis donné tout entier, sans faire de différence entre les origines des élèves. J'ai cru très longtemps quelque chose. J'ai vu que k système excluait toute volonté réelle de transmission. Quand j'ai constaté que je sortais du système, je suis sorti de tout. » Sortir de tout, c'était rejoindre « l'épaisseur rythmée », la « mémoire frémissante» de la langue, et mourir au monde pour ne pas mourir avec lui. Ecrire des romans (son premier, L'Invention du corps de saint Marc, a paru en 1983), des récits autobiographiques, mais aussi des essais, sortis en rafales ces dernières années. Désenchantement de la littérature, L'Opprobre, L'Enfer du roman, Fatigue du sens balaient un vaste champ : le culturel contre la culture, la loi contre l’éthique, l'incompatibilité de l'islam avec l'Europe, le viol de la langue, l'américanisation de la France, la faiblesse du roman national et la « soupe narrative accommodée aux épices de la mondialité anglophone », la fiction de l'antiracisme, le cancer du nihilisme, etc. En retour, ses « ennemis», les suppôts du « Nouvel Ordre moral », l'ont habillé pour l'hiver de la pensée : «pseudoprophète égaré dans ses vaticinations idéologiques », « négativiste teigneux», ouvertement «lepéniste », « homophobe », etc.
Ses ennemis ? « Les sicaires d'un système qui se prétend de gauche ou d'extrême gauche mais qui, en réalité, participe du capitalisme le plus sauvage. Contradiction qu'ils assument sans aucun état d'âme. » Dans Fatigue du sens, il prévient d'emblée qu'il n'écrit pas « contre les immigrés, les races, les ethnies, lésé/rangers, l'islam, etc. », mais des extraits sortis de leur contexte, des focalisations excessives ont laissé croire le contraire. Au fond, il n'a jamais rien eu d'un polémiste, et chez lui, la théorie critique n'est même pas première. Elle naît d'une forme de stupéfaction devant le monde tel qu'il va et où il voit se dissoudre son identité d'homme « blanc », « catholique »,«hétérosexuel ». Cette inquiétude l'engage parfois dans les voies du paradoxe, de la provocation, de l'équivoque, du ressassement pénible. Elle catalyse aussi sa pensée, l'élève au plus haut point d'une sécession et d'un exil qu'on ne saurait réduire à son ironique position d'« apartheid volontaire ». Les trouées, les nuées de Millet sont vertigineuses. Il faut le lire lentement, sans zapper. Mais qui prend le temps du sens aujourd'hui ? Sûrement pas les damnés de la blogosphère. Lui en rajoute dans la pose christique : « Aux caresses des amis je préfère les crachats. » Au risque de passer pour le réac, le proscrit, l'imprécateur de service. A la télé, il brocarde Jack Lang qui « a contribué l'aplatissement de la culture » et Dominique de Villepin pour son goût du slam. Il se moque de mettre la doxa servile dans sa poche. Quand il se dit gêné « esthétiquement » par les Américains obèses en goguette au Louvre, il est moins applaudi que Nicolas Bedos.
JEAN-MARC PARISIS
Photos Nicolas Reitzaum
Fatigue du sens, essai de Richard Millet, (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Richard Millet lauréat du Prix des Impertinents 2011
Le Prix des Impertinents 2011 a été décerné, lundi 21 novembre, à Richard Millet pour son essai Fatigue du sens, publié aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Le Prix des Impertinents, remis à la brasserie Montparnasse 1900, partenaire du prix, distingue un livre s’inscrivant à contre-courant de la pensée unique. Le jury, présidé par Jean Sévillia, réunit Christian Authier, Jean Clair, Louis Daufresne, Chantal Delsol, Bruno de Cessole, Paul- François Paoli, Rémi Soulié, François Taillandier et Eric Zemmour.
Prix des Impertinents 2010 : Michèle Tribalat, Les yeux grand fermés. L’immigration en France, Denoël.
Prix des Impertinents 2009 : Claire Brière- Blanchet, Voyage au bout de la Révolution, de Pékin à Sochaux, Fayard.
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Richard Millet parmi les finalistes du Prix des Impertinents
Le Prix des Impertinents 2011 sera décerné le 21 novembre.
Parmi la sélection déjà opérée par le jury, présidé
par Jean Sévillia, et qui comprend :
Laurent Fourquet, L'Ère du consommateur (Cerf)
Jean-François Mattéi, Le Procès de l'Europe (Puf)
Jean-Claude Michéa, Le Complexe d'Orphée (Climats)
Richard Millet, Fatigue du sens (éd. Pierre-Guillaume de Roux).
Richard Millet l'imprécateur
Romancier, essayiste, éditeur et membre du comité de lecture de Gallimard, Richard Millet est aujourd'hui un écrivain condamné à l'exil intérieur dans un pays qu'il ne reconnaît plus, la France. Avec son dernier opus, Fatigue du sens, il brosse le tableau clinique d'un pays fatigué d'être lui-même et de son symptôme le plus évident, l'immigration de masse, ce « trafic d'êtres humains où les intérêts mafieux rencontrent ceux du capitalisme international». Rencontre avec un écrivain guerrier.
Alain de Benoist: Votre livre est un long cri de tristesse et de colère indignée contre les pathologies sociales engendrées par l'immigration. Mais, à très juste titre, ce n'est pas tant aux immigrés que vous vous en prenez qu'à un climat général qui, entre autres choses, a rendu possible cette immigration. Vous parlez de la « fatigue du sens » qui règne sur la France, « grand corps épuisé » - et vous expliquez très bien l'origine de cette fatigue. Mais vous mettez aussi en cause l'économie de marché et la « disneylandisation ethnique » (« Disneyland comme résurgence hédoniste des camps de concentration »). Quel lien peut-on faire entre les deux phénomènes ?
Richard Millet: Le lien peut se trouver dans le rapport entre l'hégémonie du Marché et des populations obéissant au principe de mondialisation, laquelle s'établit surtout sur ce qu'on n'ose plus appeler le Tiers-monde et sur des nations fatiguées d'être elles-mêmes, rongées par une culpabilité fantasmatique, par l'abaissement culturel, par la chute de toute verticalité en un vertige horizontal petit-bourgeois, fade, américanisé, devenu l'idéal commun ou l'unique lien entre indigènes et immigrés. La disneylandisation du culturel va de pair avec celle du politique: le « métissage » comme horizon ultime, et Obama comme face vertueuse de Berlusconi. Le Marché ne va pas sans le droit, comme l'a montré Michéa; or, si le Marché n'a cure des nations, des traditions, des peuples, des langues vernaculaires, de la culture, il a grand besoin de main d'oeuvre, quelle qu'elle soit; d'où une ethnicisation du juridique, le droit ayant moins pour fonction de défendre les immigrants et les « minorités » que de rappeler à l'ordre les récalcitrants. Rien d'étonnant que, devant certaines résistances à son programme hédoniste-totalitaire, la propagande se soit dotée d'appareils de répression tels que la loi Gayssot et tout ce qui a été regroupé dans ce nouvel organisme appelé, je crois, les droits de la personne. Nous vivons dans un système où le ludique et le « cool » sont l'expression vertueuse d'un totalitarisme inédit.
Alain de Benoist: Comme beaucoup, vous êtes frappé par le naufrage de l'école et l'effondrement de la culture qui en a résulté. La crise de l'école est avant tout une crise de la transmission. Pourquoi ne parvient-on plus à transmettre ?
Richard Millet: Pour transmettre, il faut un un instrument, en l'occurrence une langue ; or, la transmission même de cette langue est passée au second plan, quand elle n'est pas méprisée, voire oubliée: la langue est aujourd'hui en lambeaux. Regardez à quel flottement sémantique aboutit la féminisation idéologique des noms de métiers et des titres. Quant au flottement orthographique et syntaxique, il reflète bien la dégradation du lien social. Il y a donc crise, non pas des « valeurs », comme on tente de le suggérer, mais contestation de la valeur en tant que telle et en tant qu'elle serait l'apanage d'un monde ancien, révolu, dont le nôtre n'est que le simulacre inversé : quoi de plus petit-bourgeois par exemple que le « mariage homosexuel » ou la prétendue liberté sexuelle? L'idée même de transmission, donc de connaissance, est suspecte - le passé l'étant plus que tout, et objet de « révisions » perpétuelles.
Alain de Benoist: À part le suicide, quelle solution pour ceux qui, comme vous, se sentent en état d'«exil intérieur»?
Richard Millet: Ce sont les autres qui se suicident moralement, et les peuples qui se renient; moi, je survis: exil intérieur, ou apartheid volontaire, qui suppose une intense activité intellectuelle. Il faut regarder, écouter, témoigner, chercher des témoins pour les témoins que nous sommes. La solitude du témoin fait sa force. Le pire ayant déjà eu lieu, et sans croire que quelque chose de meilleur puisse poindre ni nous abandonner au désespoir, au moins faisons- nous savoir que nous ne sommes pas dupes. Et puis la solitude est une forme de dissidence...
Fabrice Valclérieux: Vous partagez l'opinion d'un nombre croissant de témoins -dont la rédaction d'Éléments, mais aussi nombre d'enquêtes nationales et internationales- sur la dégradation, voire le délabrement, du système éducatif français, mais pouvez-vous nous dire pourquoi, à vos yeux, on en est «arrivé là». Quelles en sont les raisons ? Qui en sont les « responsables » ?
Richard Millet: II y a eu, dans les années qui ont suivi les troubles de Mai 1968, une volonté de traquer l’« idéologie dominante » et d'en finir avec toute forme d'autorité, notamment de libérer l'« enfant ». J'ai enseigné pendant une vingtaine d'années et j'ai vu comment la droite giscardienne a mis en oeuvre, dans les années 1975, avec la réforme Haby, le programme de la gauche : fin des classes de niveaux (avec lesquelles il était pourtant plus facile de travailler qu'avec ce marécage mis en place par le « collège unique »), contestation grandissante du pouvoir des professeurs, d'ailleurs débaptisés en « enseignants », élimination du contenu littéraire au profit du journalistique et du communicationnel, suspicion jetée sur l'histoire de France, la langue française vécue comme instrument de domination de classe, et tout ce qui a été peu à peu jeté à bas pour faire mine d'intégrer des immigrés toujours plus nombreux et qui n'avaient nulle envie d'être français, surtout les musulmans. L'enseignement, comme le reste, est une structure flottante, en perpétuelle réforme, et en voie de paupérisation intellectuelle, travaillée en profondeur par la propagande. Comment admettre qu'un bachelier ou un licencié sache à peine la langue française ni l'histoire du pays où il vit? Ne peut-on pas penser que se dessine là le vrai, le cynique visage du libéralisme-libertaire qui veut des consommateurs, c'est-à-dire des esclaves « citoyens »?
Fabrice Valclérieux: Pensez-vous qu'il soit possible de sortir de ce marasme, et si oui comment ?
Richard Millet: Un marasme ? Plutôt une forme de guerre civile qui ne dit pas son nom, mais qui est la projection sur le territoire européen de la double intimidation islamique et américaine; l'islamisme comme miroir de la mauvaise conscience européenne, et l'américanisme comme vertige d'un impossible métissage; une guerre civile qui pourrait être une violente source d'espoir si l'islamisme ne faisait pas partie du Marché et de ses enjeux, et si les Américains ne détenaient pas le pouvoir technologique et symbolique par lequel ils définissent le nouvel ordre mondial.
Fabrice Valclérieux : En tant qu'éditeur et écrivain, que suggéreriez-vous pour améliorer le niveau de connaissance et de pratique de la langue et de la culture françaises ?
Richard Millet: Je ne crois plus qu'à l'épreuve individuelle, à l'expérience intérieure, aux rencontres bouleversantes - la rencontre avec une oeuvre, une pensée, un art, ce qui suppose un renoncement à la « Culture » et à ses mythologies, ou, plus exactement, au Culturel qui a pris la place de ce que les Européens appelaient la culture. Contre cette universalité de l'« entertainment», il faut revenir à une aristocratie de l'esprit, à un refus de l'utile, de l'humanitaire, de la culpabilité, à une esthétique de l'écart perpétuel. La culture universelle s'est jouée sur peu de noms, toujours article_actifs.
Michel Marmin: Votre critique du roman contemporain n'induit-elle pas une critique du genre lui-même? Ne peut-on pas considérer que le roman, mettons depuis Pamela de Richardson, est consubstantiel à la modernité et qu'il est l'expression même de cette « horizontalité » que vous dénoncez ? Ne s'oppose-t-il pas radicalement, à cet égard, au conte, par essence traditionnel et « vertical »? Qu'en pense le romancier Richard Millet ?
Richard Millet: Que la crise soit le mode d'existence du roman, depuis Sterne ou même Rabelais, soit Le roman doit viser les effets de surface de l'horizontalité pour les référer, les confronter a une forme de verticalité et a l'histoire de la langue dans laquelle il s'écrit, c'est ce croisement, cette dimension critique, parfois grammaticalement dissidente et esthétiquement solitaire, qui m'intéressent chez Balzac, Flaubert, Proust, Kafka, Faulkner, Alejo Carpentier, Jouhandeau, Claude Simon, Thomas Bernhard, Sebald, Handke II est cependant vrai que je suis un peu las d'un genre qui, incapable de se reenchanter et de produire du mythe, ne fait plus que perpétuer de façon infernale sa propre copie
Michel Marmin : Vous reconnaissez-vous des prédécesseurs ? Vous citez Péguy en exergue de Fatigue du sens. En vous lisant, j'ai plutôt pensé à Flaubert et à Montherlant. Ces rapprochements vous semblent-ils incongrus?
Richard Millet: Je connais mal Montherlant Sollers m'a signalé la série des Jeunes filles épatant, très moderne, et politiquement très incorrect ! Pour Flaubert, je reste hanté par son héroïque conception de l'écriture - cela même qui s'évacue aujourd'hui sous le double effet de l'ignorance ou la plupart des romanciers sont de leur propre langue et du roman anglo-saxon qui ne se soucie pas de « style ». Mes prédécesseurs sont plutôt ceux dont je viens de donner le nom.
Michel Marmin : II y a un grand mystère dans le monde actuel, c'est la musique. Alors que la littérature s'installe dans une sorte de « mainstream » qui est pire quetout, car c'est l'« horizontalité » lisse et indolore, alors que l'art contemporain est bel et bien contemporain dans la mesure où il ne relevé plus de l'esthétique, mais du marché, la musique savante connaît depuis Schoenberg une fertilité créatrice ininterrompue : vous en témoignez avec enthousiasme dans votre livre Pour la musique contemporaine. Ayant été personnellement impliqué dans certains courants de la musique contemporaine, ayant assisté à beaucoup de concerts, depuis ceux du Domaine musical, il y a une cinquantaine d'années, jusqu'à ceux de l'Ircam, ayant enfin un peu écrit sur le sujet, je n'ai jamais trouve d'explication à ce mystère. Le pouvez-vous ?
Richard Millet: La musique suppose une science, une connaissance a quoi ont renonce les autres arts pour privilégier une prétendue authenticité de l'« expression de soi » Une jeune fille me disait récemment n'avoir pas trouvé en France d'école ou apprendre le dessin elle est donc allée l'étudier a Florence, déjà ignorants de leur langue, les romanciers ne lisent plus Je voudrais aussi risquer ceci la musique savante est aussi une expérience du sacré, en rapport avec les mystères majeurs - cela même qu'on peut entendre jusque chez des compositeurs incroyants comme Debussy, Bartok ou Webern Et puis la récente levée des tabous mélodiques et rythmiques redonne toute sa chance à cette musique, comme chez Dalbavie, Part, Rihm, et tant d'autres Mais l'inculture menace aussi ce domaine le compositeur Régis Campo me dit ses étudiants incapables d'écouter une symphonie de Bruckner ou de Mahler en entier et a peu près ignares en littérature Comme la solitude, comme la liberté de penser, le silence est devenu insupportabl.
Pierre Le Vigan : Vous constatez dans Fatigue du sens l'« effondrement du politique dans la religion de l'Humanité». Cette religion de l'humanité n'a-t-elle pas un lien quasi consubstantiel avec le christianisme?
Richard Millet: L'humanité est ici un concept politique, une conséquence idéologique de la mondialisation antiraciste et des droits de l'homme non l'humanité au sens chrétien. En ce sens, l'humanité est sa propre religion Rappelez-vous le catéchisme de Michelet, antichrétien acharné, infatigable progressiste, grand écrivain mais benêt politique, intitulé La Bible de l'humanité.
Pierre Le Vigan: Vous parlez de « l'alliance objective entre le protestantisme et l'islamisme qui sont les deux religions sur quoi s'appuie le marché ». Vous ne pensez pas que, s'il existe un islam de marche et si le protestantisme a pu (c'était la thèse d'Alain Peyrefitte) concourir à un certain dynamisme économique capitaliste, l'inquiétude religieuse constitue néanmoins un élément de résistance au tout marché et au culte du progrès matériel ?
Richard Millet: Plutôt que d'« inquiétude religieuse », j'aimerais entendre parler de certitude, de foi Je respecte la foi islamique. Je ne tolère pas l'islamisation de l'Europe, tête de pont d'une guerre en cours que le capitalisme islamique a bien du mal à faire oublier Je ne suis cependant pas naïf au point de croire à une dialectique entre islam et chrétienté. C'est une dialectique effondrée dans le capitalisme, des répliques grotesques et cyniques de spiritualité, une dégénérescence de l'idée de religion. La religion comme « culture »? Laissez-moi la croire tout autre chose la laïcisation de la société, le multiculturalisme et la terreur antiraciste ayant coupé l'Europe de sa dimension chrétienne, c’est un continent devenu à peu près illisible culturellement. Comment dans ces conditions regarder une cathédrale, écouter Bach, lire Bossuet ou Simone Weil? Comment résister, dès lors qu'on est aveugle et sourd ?
Pierre Le Vigan : Vous écrivez que « tout éloge des frontières ne peut être qu'une ruse de l'horizontalité mondialiste ». Pourquoi? Régis Debray est-il pour vous un « faux ami »? Et là encore, pourquoi?
Richard Millet : J'ai dit combien j'aime passer les frontières, aller chez autrui, avoir le sentiment de l’ailleurs, et non celui d'une globalité du même, d'un totalitarisme de l'identique. J'aime l'universalité en tant qu'elle est productrice de vraies différences, non pas d'une juridisation politique de l'« Autre ». Je me méfie de ce que la propagande récupère, y compris le sentiment de la frontière. Quant aux amis, pour peu que j'en aie, j'ai appris à m'en méfier. Je vous disais que je suis seul...
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
(Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Entretien avec Richard Millet sur la guerre civile inommée
Richard Millet, vous êtes un des rares romancier d'aujourd'hui dont on
puisse dire d'ores et déjà qu'il est à la tête d'une oeuvre. Et vous vous mêlez
d'écrire sur les dysfonctionnements de notre société. N'y a-t-il pas contradiction ?
Il se trouve que j'ai fait scandale en disant « Quand on s'appelle Ahmed à la troisième génération, on ne peut pas être français.» Mais je ne sors pas de mon travail d'écrivain en disant cela. Le travail d'un écrivain, c'est de nommer J'ai des amis un peu tièdes qui disent« S'il se contentait d'écrire des romans !»Mais pour moi, cela fait partie de ma démarche, qui passe par une lecture non fictionnelle de la société contemporaine S'il y a des choses que l'on doit à tout prix éviter de nommer, alors autant aller planter des choux ! La tolérance n'est pas en cause : regardez la Hollande, le Danemark, la Suède, ils ont des députés populistes, c'est-à-dire d'extrême droite. Et pourtant du point de vue sociétal, du point de vue des mœurs, ce sont les gens les plus tolérants du monde. Alors on crie, on pleure. Et on ne dit pas pourquoi. Ce pourquoi, c'est souvent l'immigration non contrôlée, notamment musulmane. Ce que je mets en cause, c'est l'idéologie qui mène au silence et qui ne peut déboucher que sur un oubli de tout ce que l'on est, un flottement dans le présent, consécutif à l'oubli de toutes les traditions et de toutes les mémoires et notamment de la nôtre.
Ne croyez-vous pas que vous risquez de faire une fixation sur cette question de l'immigration, en lui consacrant des ouvrages entiers ?
Une romancière m'a violemment attaqué en disant « II regarde la couleur des gens » Je regarde l'autre en tant que tel. Cela ne signifie pas que je sois réductible à l'extrême droite ou que je sois raciste ! J'ai beaucoup discuté avec les élèves que j'ai eus « Nous, monsieur, on n'est pas Français, on tient à rester Algérien ». Moi je tiens à rester Français et je ne crois pas à l'idéologie du métissage obligatoire Je dirais : notre génération, au moins, elle a les moyens de la lire, cette idéologie. Mais les jeunes subissent un tel matraquage qu'ils ne comprennent plus ce qui est en jeu. Je n'ai rien contre l'immigré en tant que tel. En revanche, l'immigré, tel qu'il est instrumentalisé par la propagande, est une figure du nihilisme contemporain.
On ne peut pas dire que l'immigré ait le monopole du nihilisme...
Ce que je dénonce c'est une dialectique du pire, dans laquelle personne ne veut accepter l'autre : les uns ne veulent pas ou ne peuvent pas s'intégrer. Les autres se sentent pris dans la haine de soi (sur l'air bien connu : on est allé les envahir
pendant 100 ans, c'est normal qu'ils viennent chez nous) Qu'est-ce qui se perd dans cette dialectique négative entre l'indigène et l'immigré ? C'est l'esprit de la nation Je suis désespéré. Nous sommes quelques esprits, les derniers encore libres, à pouvoir dire cela. Mais cette perte pourrait bien être irréparable. J'ai le sentiment de me battre pour l'honneur. Connaissez-vous ce petit fait divers autour des cloches de Sartrouville. La Marne a interdit aux cloches de sonner. En substance, voilà ce qui est arrivé : « Nous ne voulons pas de muezzin, alors nous faisons taire la cloche » C'est une expression abjecte de la soumission au politiquement correct, la menace, en face, on la voit mais c'est notre culture que l'on neutralise ou que l'on pénalise.
On vous a beaucoup reproché ce que l'on appelle une posture de votre part, celle du dernier écrivain...
Je ne prétends à aucun monopole et à aucune posture ! Je veux rappeler que notre culture est une culture chrétienne. Et si je parle du dernier écrivain, c'est comme Nietzsche parle du « dernier homme ». La conviction de Nietzsche était que l'on a besoin de s'appuyer sur le désespoir pour toucher le fond. C'est vrai qu'il peut y avoir dans le désespoir du nouveau. Mais je ne le vois pas pour l'instant. Cela dit, je suis attentif à ce qui peut surgir de ce désespoir, ne serait-ce que tout ce qui montre que je ne suis pas seul. Pour l'instant, ce qui me touche, ce sont les premières réactions à ce livre Fatigue du sens, les gens qui déclarent « Enfin, je vois écrit ce que je pensais » Une lectrice m'a dit «Avant de vous lire, je croyais devenir folle » ll y a un bouche à oreille qui se met en place. C’est très difficile de se représenter un élément d'espoir face à la grande entreprise nihiliste. Ces réactions sont comme des signes que quelque chose va se produire. Mais la situation, reconnaissons-le, est particulièrement opaque. On n'est plus dans le même monde que Soljénitsyne par exemple. Lui s'attaquait à quelque chose de reconnaissable, d'identifiable. Nous faisons face à un contexte protéiforme, mouvant, qui peut paraître extrêmement sympathique, mais qui a l'appareil judiciaire derrière lui. Nous sommes dans une guerre civile innommée.
Qu'est-ce qui vous a fait entrer en résistance ?
Je n'ai jamais milité pour quoi que ce soit, je ne suis inscrit dans aucun parti politique. Ma démarche est personnelle. Je m'appuie sur mes lectures. Le mensonge général devant lequel on se trouve, cette déformation systématique de la réalité, Guy Debord appelait cela le spectaculaire. II nous a appris à ne pas nous laisser impressionner par le spectaculaire. Jean Baudrillard prolonge en quelque sorte le regard de Debord sur le spectaculaire. Dans Cool memories, quand il nous explique par exemple que « la Guerre du Golfe n’a pas eu lieu », on voit bien qu'il n'est pas dupe, lui non plus, de ce qui paraît. Dans ce registre, ma dernière découverte est Jean-Claude Michéa, un orwellien, qui explique le fonctionnement de notre société.
Avez-vous eu d'autres référents pour construire cette vision du monde qui se dégage de Fatigue du sens
J'ai lu René Girard La violence et le sacré. J'avais 20 ans C'est un livre qui a beaucoup compté pour moi, parce qu'il m'a donné, à moi lecteur de Nietzsche, une clé la victime émissaire. Je me suis beaucoup intéressé parallèlement à Georges Bataille, à la question de la part maudite. J'ai compris que la société ne peut survivre qu'en sacrifiant quelque chose de matériel. C'est le principe de la dépense somptuaire : la société n'est pas le produit d'un calcul. Elle ne peut survivre que par le don.
Et aujourd'hui...
Aujourd'hui, comme dit Michéa, en examinant la question libérale, il y a deux instances : le Marché et le droit. Voilà à quoi se réduit notre magnifique démocratie : on ne peut agir sur rien. Ce sont les marchés qui gouvernent le monde. Pas la peine de nous faire croire autre chose ! Et du coup, le politiquement correct a pris la relève des valeurs chrétiennes. Voyez l'anti-modèle américain puisqu'il y a mondialisation économique, l'obstacle ce sont les nations, les langues, les religions Elles gênent ce que nous voulons : la libre circulation des marchandises, mais aussi des hommes. Voilà le Marché. Et face au Marché, il y a des récalcitrants ? Pour régler la question des récalcitrants, vous avez le droit. En France ce sont les Lois Gayssot ou feu la Halde. Ceux qui veulent résister sont littéralement coincés entre ces deux instances.
C'est à partir de ce cadre que vous écrivez vos pamphlets ?
Ce ne sont pas des pamphlets. Le pamphlet déforme. Pour moi, je ne cherche pas à politiser les choses. Je fais une lecture du réel, qui se dérobe derrière toutes sortes de simulacres comme disait Baudrillard. Et c'est cette lecture du réel qui me fait dire que l'immigration extra-européenne est le problème majeur de l'Europe, notamment dans sa composante musulmane. Cette composante musulmane révèle plus que toute autre nos propres blocages par rapport à nous-mêmes. On veut nous faire croire que nous vivons dans un paradis social, intellectuel et même spirituel. Lire le réel, c'est faire voler en éclat le mensonge entretenu sur nous-mêmes.
Comment caractériseriez-vous ce mensonge en un mot ?
Lorsque l'on fait de « l'humanité » le concept politique ultime, selon la formule de Pierre Manent on tombe dans une sorte de phobie de l'autre. L'idéal c'est l'indifférencié. Et on s'y perd soi-même. Voilà ce que j'ai appelé « la fatigue du sens »Il n'y a rien que je haïsse avec autant de constance que le monde contemporain, ce monde où l'on peut constater tous les jours cette «fatigue du sens » Permettez-moi pour conclure cet entretien et donner envie au lecteur de découvrir la fulgurance de ce petit ouvrage de quitter la forme orale de l'entretien et de citer l'un ou l’autre des aphorismes qui, selon moi, définissent le mieux cette tentative de description d'une vente volontairement cachée et cette haine du monde comme « contemporain » qui est la vôtre « Ce n'est plus l'homme que nous voyons c'est le réel où l'homme advient comme simulacre, I immigration étant l'un des noms de cette dégradation qui fait de l'homme un produit biodégradable au coeur d'un Marché ou l’original (la vie elle-même) s'est perdu » Et encore « Je mets dans le même sac les immigrés qui méprisent ouvertement la culture française et ces Français de souche dont l'ignorance a contribué à faire basculer cette culture dans le Culturel, autrement dit dans le relativisme americain »
Merci, Richard Millet, d'avoir accepté de parler aux lecteurs de Monde et Vie Merci avant tout pour cette écriture somptueuse, qui nous fait pressentir quelque chose de la vente de notre condition contemporaine.
Propos recueillis par l'abbé G DE TANOÜARN.
Fatigue du sens, essai de Richard Millet
(Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Ligne de crête
S'il existe une véritable ligne de crête dans la vie intellectuelle française, c'est celle qui partage ceux qui croient à la guerre civile de ceux qui n'y croient pas. Croire en la guerre civile, c'est considérer que le métissage de la société ne peut être en aucun cas fraternel. On connaît cette expression angoissante de « Grand Remplacement » chez Renaud Camus, qui désigne l'épuration silencieuse anti-française qui est selon lui à l'oeuvre, on se souvient des thèses de Jean Raspail, et, sans que ces noms soient mélangés dans mon esprit tant leur orientation respective est différente, on a en mémoire les analyses de Finkielkraut sur la défense de la culture et de la pensée. Naturellement, un certain esprit de responsabilité reproche à ces auteurs de mettre le feu aux poudres, de pousser leur prophétie à s'auto-réaliser. À quoi un Richard Millet, auteur avant l'été d'un Fatigue du sens (2) très inquiétant, douloureux, et étrangement beau, répondrait que la guerre est déjà là, que l'apologie béate du métissage est la face idiote, sympathique, et irréelle, d'un véritable conflit souterrain entre un type d'homme qui disparaît, l'homme de la civilisation française, qui se trouve défié et sera bientôt anéanti par ses deux rivaux survitaminés que nous appellerons, sans trahir sa pensée nous semble-t-il, le « mahométan réformé » (que Millet appelle plutôt l'islamo-protestant), d'une part, et un « Homo economies pénaliste », esclave du Droit et du Marché, d'autre part. Pour Millet, ces deux types humains vont d'ailleurs converger pour déclencher une sorte d'Apocalypse ontologique, et déchireront allègrement, dans une scène digne d'une orgie satanique filmée par Stanley Kubrick, le manteau de cathédrales qui nous a recouverts depuis un millénaire.
Qu'est-ce qu'un mahométan réformé ? C'est un fanatique religieux, un excité de l'universel, sans profondeur, sans doctrine, sans colonne vertébrale. Un ectoplasme violent. Il croise dans son cerveau immanentiste la révélation directe (islamique) et la haine (protestante) des médiations. C'est un « Mao Spontex » qui croirait en un Dieu hologramme de son nombril haineux. À la différence d'un catholique français, qui accorde à son pape et à l'Église ce beau rôle pastoral de tenir la doctrine droite au milieu des turpitudes de l'esprit et de l'histoire, et qui dispose par conséquent, dans son rapport avec l'Éternel, d'un soutien à ce qu'il sait être ses limites spirituelles,
intellectuelles et morales, le mahométan réformé déteste les autorités spirituelles, ces béquilles de la finitude, car il est outré de lui-même dans sa prétention au dialogue direct avec Dieu, et il est aveuglé par un prophétisme à portée de haine, autant dire un fanatisme. Ce caractériel horizontal n'a pas de limite connue à son prosélytisme nihiliste, et n'a pas compris l'essentiel selon Millet, à savoir le sens de la phrase de Balzac selon laquelle l'amour universel est hors de portée de la « machine humaine » (en passant, je ne crois pas que ce soit la phrase la plus catholique de Balzac, et ceci est un euphémisme). Attention à l'excès d'universel et à la logique de prise directe sur le divin, voilà le message. Sauf qu'il est trop tard pour éviter le choc des civilisations, car ces mahométans réformes sont légion, et passionnément ambitieux, en bons nihilistes. Ils ont déjà gagné la plupart des esprits, selon l'auteur, car ils sont souvent nés catholiques et français depuis vingt générations : c'est simplement qu'ils se sont oubliés en route et ont rejoint le banc des abrutis, c'est-à-dire des hommes sans échelles et sans histoire.
Quant à {'Homo economicus pénaliste, l'homme du Marché et du Droit, c'est un adorateur de l'argent fréquemment traversé de pulsions de chicanes, grandi à l'ombre de la Bourse et des tribunaux. Un ventre vindicatif, un appétit procédurier, un accusateur automatique dont la seule et pauvre jouissance est de passer à la caisse sous le regard du dieu Dollar. Je veux dire : un crétin américain (la moitié de ma famille étant américaine et mon épouse calviniste, j'aurais des prétextes pour ne pas être patient avec Richard Millet !
Mais je tiendrai bon, car Millet fait l'effort de ne pas haïr ce qu'il n'aime pas, c'est vraiment un auteur recommandable). Convaincu, transparent, moral, matérialiste (l'argent est béni, donc celui qui en gagne beaucoup est dispensé de la nécessité de penser à son origine, là où Bossuet aurait ouvert ses yeux effrayés et les nôtres sur la genèse des fortunes des meilleures familles catholiques...), dénué de vie intérieure, sourd à l'ambivalence, agent du bien, probe, pragmatique, agressif, accusateur. En un mot : un manager sympa, un sénateur néo-conservateur, un éditorialiste Murdoch, mais aussi un démocrate impérial du « meltingpot » façon Clinton, etc.
Et ça y est, les mahométans réformés ont réalisé leur jonction avec les ploutocrates grandis à l'ombre des tribunaux américains, nourris à la chicane, dopés au pénal. Ça ne va pas être facile tous les jours, la guerre civile pour de vrai est sur le point d'avoir lieu, et je vais devoir m'y coller à mon corps défendant ; d'ailleurs, en un réflexe ancestral, j'ajuste mes cubitières en vous écrivant. Ma belle Savoie va bientôt devoir se défendre contre un projet de califat montagnard branche sur Wall Street, poursuivi militairement par des mollahs hagards, époux de dix ombres de femmes désespérées, tenues en esclavage. L'argent des Américains financera leurs missiles au nom du Droit. Stéphane Hessel sera un peu dépassé par les événements, il aura du mal à les faire entrer dans sa grille... Des agités du barreau constitués en tribunal international justifieront cette croisade à l'envers et diront « amen » en langage juridique onusien au moment de l'assaut sur mes positions. Je crois que c'est le moment de relire à l'envers la Prise d'Orange (anonyme) et la Jérusalem délivrée (du Tasse). Dans la famille, on a l'habitude de ce genre de situation, compliquée spirituellement (allez savoir qui a raison, demandons au chapelain entre deux assauts), mais simple militairement (on nous tire dessus, ripostons, de préférence sans perdre notre âme). Je vous tiendrai au courant de l'évolution de la situation.
Fatigue du sens est le journal intime d'un monde dans lequel l'épée est l'axe de l'histoire, sans que sa fin en soit la paix. À cet essai, j'ai deux objections. La première est pratique : quiconque a tenu un fusil d'assaut ou un lance-roquettes antichar dans ses mains, ou a commandé une section d'infanterie, sait bien que moins d'une seconde suffit pour basculer d'un monde sans drame à l'autre, le monde de la guerre. Le monde de la guerre ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà sur le progrès moral de l'homme : au mieux, la chevalerie, au pire, les nazis. Déclarer la guerre, c'est faire bégayer l'histoire spirituelle de l'homme. Bégayer n'est pas faire avancer Deuxième objection : certes, nous sommes d'accord, le pseudo-monde sans drame dans lequel nous vivons est entièrement bidon, mais rien n'interdit de le déballonner, qui du fond de son monastère, qui du fond de sa thébaide, qui du haut de sa chaire. Il ne faut pas jeter les vrais innocents - veuves, orphelins, vieillards - dans la guerre pour régler leur compte aux faux innocents, qui, j'en conviens volontiers avec l'auteur, nous pompent furieusement l'air.
Mais ce n'est pas parce qu'elle est désarmée que l'intelligence doit être pessimiste. Et ce n'est pas parce qu'il recule que le catholicisme doit cesser d'être universel.
MARIN DE VIRY
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
La fatigue du sens
Maître ès littérature et déclinologue, romancier misanthrope au catholicisme paradoxal ; Richard Millet n'est pas un écrivain qui échappe aux définitions. À l'inverse même du cliché qui voudrait qu'un artiste ne rentre dans aucune case, sous peine de ne pas mériter sa place dans l'histoire des lettres, Millet se glisse dans les habits abîmés des décadents en épousant l'esthétique de ces réactionnaires mélancoliques pour lesquels la nostalgie figure la seule révolution qu'ils ne condamnent pas et qu'ils réclament en guise de dernière liberté quand la modernité leur a enlevé toutes les autres, — et celle de la parole en premier lieu.
Avec La fatigue du sens, c'est d'abord, comme dans ses précédents essais, par une réappropriation du langage que Millet s'engage dans la polémique mais, ici, selon une fureur désabusée qui menace de le stigmatiser définitivement aux yeux des inquisiteurs du politiquement correct, quand bien même ce ne serait déjà pas le cas, parce qu'elle ne s’embarrasse plus de détour et dit haut et clair sa parole. Cependant, cette colère froide résonnant à merveille avec le style de marbre cher à l'écrivain et qui le situe, sans aucun doute, à la plus haute place du panthéon littéraire de la France contemporaine, figure moins la forme d'une pensée profonde que le mouvement essentiel qu'elle cache. Et ce mouvement plus que la ligne de crête du pamphlet politique, ou même celle de l'analyse sociétale et déprimée, c'est la méditation de la mort d'une civilisation entière, dans le mélange abrutissant du tout avec le rien, que Millet définit par son appétence à une horizontalité présageant la position funèbre que chacun adoptera au tombeau. Chant mélancolique et fragmenté, La fatigue du sens, si l'on désire bien comprendre cet épuisement que Millet raconte, et qui fatigue le sens en premier dès avant de fatiguer l'homme qui ne le comprend plus en second, n'est ni la saillie d'un réactionnaire moins encore que le ressassement nauséabond d'un ressentiment invoqué à l'aune de quelques lubies : comme celles de la décadence ou celle de l'immigration. C'est plutôt, et plus essentiellement, l'abandon d'un monde, celui de la langue et celui de la France, que l'auteur de « L'opprobre » confesse sans se consoler dans l'espérance d'un « après » qui semble au mieux lointain, et plus sûrement chimérique.
Si chercher en lisant La fatigue du sens la faute raciste et n'interpréter ce recueil d'aphorismes où se mélangent la nostalgie et la fureur qu'à l'aune de la doxa antiraciste, que Millet définit justement comme ce qu'elle est, cette doxa qui se rêve doctrine, un « racisme sans race », c'est ne pas savoir lire et moins encore comprendre, c'est paradoxalement à Gobineau et à son traité sur l'inégalité des races que cette fatigue crépusculaire ressemble le plus. Non pas certes, dans la systématique raciale, carrément absente chez Millet et stupide jusqu'au grotesque chez le comte dépressif, mais dans ce mouvement inéluctable vers l'indistinction dont nous parlions à l'entrée de cet article, et qui tient la vrai place de sujet dans le traité gigantesque de l'ami de Tocqueville (que l'on aurait tort d'ailleurs de rabaisser à un simple délire raciste vomit sur plusieurs centaines de pages). Car même si la forme elle aussi diffère, le traité pseudo-érudit chez l'un, la sentence chez l'autre, permane dans les deux livres la même mélancolie, située à mille lieu d'une quelconque révolte politique, qu'aucun finalement n'appelle, puisqu'ils devinent ensemble que cette marche n'a d'autre issue que le néant où elle s'abolira.
Livre insupportable, parce qu'il dit la vérité sans ambages, quitte à cela de prendre le risque de se faire mal comprendre, et livre magnifique en raison de cette vérité, fut-elle seulement celle de Millet, qui n'accepte plus de transiger avec la novlangue de l'époque laquelle, dégueulant sa moraline derrière son sourire bisounours, annonce des lendemains nettement plus meurtriers que ces appels à la haine que l'on reproche à Richard Millet et que pourtant, à condition de le bien lire, il ne profère pas !
REMI LELIAN
http://www.boojum-mag.net/f/index.php?sp=liv&livre_id=2433#
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Les mélopées de Saint-Polycarpe
C’est la fin. Il n’y a plus rien. Tout est effondré. Steppe partout ! C’est par un tonnerre de livres (Désenchantement de la littérature, L’Opprobre, L’Enfer du roman) que Richard Millet nous annonce le grand vide des temps et des lettres. Et ces jours-ci, coup sur coup, deux livre siamois : Arguments d’un désespoir contemporain et Fatigue du sens. Cette ardeur démultiplicatrice a de quoi surprendre chez un ennemi déclaré du nombre. Quelle assiduité dans le désarroi ! Quelle endurance à dire la fatigue ! Cette fatigue nous gagne, à lire ces deux textes, où nous use moins le désespoir (quoi de plus désespérant qu’un optimiste ?) que la répétition – un des visages du démon, selon Richard Millet…
Fatigue du sens inquiète ; non pas tant parce qu’il y est question du rapport entre les figures de l’immigré et de l’autochtone en des termes propres à atterrer les zélateurs du Bien, que parce qu’on y ressasse jusqu’à l’étourdissement : pas moins de 150 pages, et deux fois autant de fragments, pour déplorer la dilution des singularités dans le bouillon américain du marché, du métissage, du nombre ; pour signifier l’inanité des multitudes apatrides ; pour faire part de la fuite de l’écrivain Richard Millet, non au désert, mais dans «l’apartheid volontaire». («Apartheid volontaire» ? Étrange, cette façon dont certains écrivains pourtant au fait, en général des pièges du langage, sont prompts à ramasser les mots de l’ennemi, pour les lui jeter au nez, assortis d’un signe moins – ripostes qui se veulent radicales, «anti-politiquement correct», et ne sont que spectaculaires... À novlangue, novlangue et demi ! Et c’est ainsi qu’à la surdité s’oppose la surdité ; que s’ouvre dans la langue le plus sûr chemin vers cette guerre civile qu’on s’inquiète par ailleurs de voir poindre aux confins du mensonge contemporain !). Fragments-mantras donc, psalmodies, comme pour tenir Dieu éveillé, et le démon à distance. Nulle échappée dans Fatigue du sens ; mais la même thèse grimée, rhabillée cent fois… Lire un fragment de Fatigue du sens, c’est les lire tous, ou quasi. Étrange dépit du lecteur de dériver au long de ce mauvais infini que Richard Millet redoute plus que tout !
«Au début des années 90, est-il écrit dans l’essai Arguments d’un désespoir contemporain, le Nouvel Ordre moral se mettait en place, irrésistiblement, dans les habits mêmes de l’idéal démocratique, avec la volonté de défaire, en les discréditant et en les vidant de leur contenu, les vieilles nations, les langues, le christianisme, la musique savante, la littérature, le secret, toute forme de pensée indépendante, au nom du relativisme généralisé et des lobbies minoritaristes qui prenaient le contrôle de la pensée». Richard Millet a des airs de Polycarpe, ce saint qui s’enfuyait en criant, mains sur les oreilles : «Mon Dieu ! Dans quel temps m’avez-vous fait vivre !» Saint Polycarpe a son charme, et c’est à bon droit que Richard Millet méprise ce dont s’enorgueillit notre Très-Bas-Empire : son horizontalité hyperdémocratique, athée, antiraciste, bavarde, procédurière et tautologique, travaillant frénétiquement à la prolifération du Même – ce qu’en laquais comique de l’Amérique protestante et multiculturelle, la France nomme diversité. Cependant…
«Ce monde nouveau, ce cauchemar post-humaniste, Nietzsche, Péguy, Spengler, Bernanos, Guénon, Huxley, Orwell, l’ont annoncé, Heidegger, Arendt, Marcuse, Debord, Baudrillard, Steiner, Muray, Fukuyama, Lyotard, Gauchet, Lipovetzky, Sloterdijk, Schaeffer, Michéa en ont proposé à des degrés divers la généalogie, la description, l’herméneutique […]». Aimable procession ! C’est qu’on se presse, depuis un siècle, pour jeter la dernière poignée de terre sur le cadavre de l’Occident, dont la sanie phosphorescente est prélevée, avec régularité, pour être mise en bocal, analysée, étiquetée. Ainsi, à quoi bon multiplier les requiems, qu’on sait par cœur ? Et puis Richard Millet, tétanisé par le monde tel qu’il va, c’est-à-dire tel qu’il ne va, c’est vrai, plus nulle part, s’inquiète médiocrement de chercher la cause de cette fringale de néant, de cette passion maladive pour le rien. Quand on prétend avoir la passion de l’origine, on jette sa sonde un peu plus profond ! Alors, coupables, les «bien-pensants», «antiracistes», droits-de-l’hommasses et autres démocratistes ? Sans doute, mais n’accablons pas tant notre clique d’imbéciles horizontaux. Nos petits kapos du parc d’attractions moderne, pour durs et rassis qu’ils soient, sont plus fragiles qu’on ne croit ! Que pense en revanche Richard Millet de ce plus gros morceau – de la curieuse fatalité du destin européen ? Comment s’accommode-t-il de ce que c’est l’Europe, et le mûrissement, le pourrissement, de ses meilleurs fruits, qui sont la cause de son tragique effondrement ; que c’est d’elle, puisqu’il faut rappeler cette banalité, que sont sortis les vers du nazisme, du communisme, du fascisme ; qu’enfin c’est sur ses ruines qu’ont pu prospérer l’Amérique et ses ersatz culturels ? Richard Millet touche quelque chose du doigt, mais pas plus, quand il écrit : «Il est possible que l’horizontalité culturelle (ou le multiculturalisme, ou le relativisme généralisé) soit le contrecoup, voire le prix que doit payer la culture humaniste pour avoir non seulement permis le goulag, Auschwitz et Hiroshima, mais aussi les justifier a posteriori, en un mouvement expiatoire qui trouvera dans le Spectacle post-éthique sa vraie justification» Permis le goulag, Auschwitz et Hiroshima ? Les justifier a posteriori ? Ô subtilité, qui dit bien la honte de l’homme européen, d’avoir chu de lui-même – comme un grand qu’il était!
Dès lors, en appeler, contre l’idéologie du métissage, contre «l’effondrement de la langue», et contre la fin, certes regrettable, du «grand roman des origines», à la pureté de la langue et de la race ? «J’aime non seulement qu’il existe des races, mais aussi leur pureté qui, comme la pureté des frontières, m’empêche de haïr le genre humain, dont je suis pourtant l’ennemi». Bien. Peut-on seulement se demander, tout en tenant à bonne distance l’antiracisme de sacristie, ce que ce mot de «pureté» et ce mot de «race» peuvent, accolés, avoir, pour certains, d’absolument inaudible ; si tel écrivain qui, comme Richard Millet, se répute, à bon droit, soucieux de la langue, peut revendiquer d’user de ce mot si amoché de pureté, comme on irait cueillir des coquelicots, innocemment, à Tchernobyl ? «Je ne suis excessif que par contraste ou par refus», écrit Richard Millet, qui ne manque ni de vigueur ni de courage ; mais l’excès seul, sans espérance, sans aspiration, sans tension ? Non plus l’excès, mais le confort… Et la bigoterie antiraciste, les Nicole Caligaris de tout poil, ont alors tôt fait de vous rejeter, non dans l’ombre chérie, non dans la douce moiteur des marges, mais dans l’histrionisme de la pestilence, où l’on fait, entre soi, des enfants mort-nés.
«J’ai appris à lire en même temps qu’à tuer», annonce Richard Millet en ouverture de ses Arguments. Et plus loin : «Je ne suis pas un homme cruel. Je hais la souffrance et l’agonie, et je ne crois pas à la victoire de la mort. Pourtant, j’ai tué beaucoup d’animaux, surtout des chiens». Notre saint Polycarpe libano-limousin ne cultive, on l’aura compris, ni la compassion d'un Hulot, ni l’enthousiasme benêt d'un Bégaudeau, ni la charité caramélisée d'un Mgr Gaillot. Il apprenait à lire en tuant des chiens, quand nous désapprenons de lire, en faisant du chien un citoyen comme les autres. Ainsi, quand il écrit : «Le monde où je suis né est mort», nous le croyons sans peine, mais après tout, avoir eu un monde, c’est toujours ça de pris, et puis ça fait de beaux livres : Le Goût des femmes laides, Le Sommeil sur les cendres, l’extraordinaire Confession négative. Un monde englouti ? Mais ça tient chaud ! «Si je ne puis plus me référer au monde où je suis né, ni à celui dans lequel j’ai grandi, non plus qu’à la somme d’expériences qui me constituent, au premier rang desquelles la guerre, il ne me reste plus, par un coup d’archet injustifiable autrement que par son audace, qu’à décréter que mes valeurs ne sont pas obsolètes mais, au contraire, terriblement actives, et que le monde d’où je viens n’est pas mort, qu’il m’est possible de le rendre sensible […]»
Voilà peut-être, au fond, le mot le plus vigoureux du livre, aux antipodes du mot de fin, qui est navrant : «Fidèle, je ne le suis qu’à moi-même» ! Non, cher Richard Millet ! Ceci, c’est le mot du dernier homme, s'avalant lui-même dans un bruit de courant d'air... Vous ne mangez pas de ce pain-là, vous qui croyez, affirmez-vous, à la Résurrection.
JEAN-BAPTISTE FICHET
http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=1&srid=123&ida=13763
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
L'impossible existence nationale
Fatigue du sens est un essai rédigé par Richard Millet et publié au mois de mai 2011 aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. Alternant brèves réflexions lapidaires et anecdotes personnelles, cet analyste prend soin de dévoiler, démasquer et ausculter les rouages d’une immigration de masse extra-européenne qui a selon lui, dégradé l’identité française de tradition hélléno-chrétienne. Considérant que le capitalisme marchand détruit les identités parce qu’elle réduit les personnes à des individus interchangeables, favorisant ainsi le communautarisme grâce à une gauche qui a institué « Un Nouvel Ordre Moral », « un antiracisme d’état » nécessaire à la bonne circulation des immigrés sur le territoire français.
1/ L’horizontalité: un principe article_actif du monde post-moderne
Professeur de français dans les années 1980 dans la banlieue sud-est de Paris, il prit conscience de sa progressive incapacité à instituer et référer à un seuil de connaissances commun dû à l’accroissement du nombre d’immigrés. Confronté à des revendications communautaires d’immigrés extra-européens, il devint impossible de dire « nous », d’où cette solitude du professeur, enfermé dans une identité et une histoire française qu’il ne pouvait transmettre. Assistant à une inflation du nombre d’élèves immigrés dépourvus de repères historiques français, Richard Millet ne peut que constater que ce vide fait le lit d’un capitalisme hédoniste prenant la forme de « sous américains » en quête d’identité. Il affirme P 64 « C’est dans l’enseignement que tout s’est joué. J’ai constaté que l’échelle historique s’était effondrée et que privés de repères, les élèves flottaient dans une temporalité si vague qu’elle faisait le lit d’un monde horizontal. »
L’horizontalité résulte d’une immigration qui engendre la destruction des repères historiques communs qui font que chaque citoyen se reconnaît dans l’Autre parce qu’il partage avec lui, une histoire, une langue et des valeurs communes. Ainsi, elle est l’expression même du libéralisme puisqu’elle réduit l’individu au consumérisme et privé de repères. Mais la perversité de l’horizontalité réside dans la revendication obsessionnelle de droits de la part des immigrés puisque tout se vaut, tout est équivalent, culture littéraire et « cultures de banlieue » alors qu’elle ne sont, selon lui, qu’une dégradation d’une langue noble, et une gesticulation frénétique et inculte calquée sur le modèle des ghettos américains et favorisée par une gauche couarde car inapte à imposer un modèle de référence. Or, la verticalité fut pour cet essayiste, l’expression même de l'assimilation puisqu’elle permettait d’abdiquer une identité passée au profit exclusif d’une nation par l’adoption de fait de sa culture que l’on faisait sienne. Ainsi, la soumission des immigrés aux principes républicains français, permettait l’universalisme et le rayonnement de sa nation. Mais, il pointe du doigt une troisième génération d’immigrés qui ne se sent ni originaire d’Afrique, parce que n’étant jamais allée dans le pays de leurs grands-parents, vivant en banlieue et revendiquant des droits d’une communauté qu’ils méconnaissent tout en recherchant l’immédiate satisfaction de leurs désirs consuméristes. Affirmant l’incompatibilité de la culture arabo-musulmane avec la culture occidentale hélléno-chrétienne, il se sent étranger dans un pays peuplé de nombreux étrangers, ce qui le conduit à « un apartheid volontaire ».
2/ Fatigue du sens: l’impossible existence nationale
Richard Millet promeut la pureté des identités nationales en tant qu’elles révèlent l’essence même d’un pays. Or, il voit dans la France, un pays de servitude volontaire. Ostracisés, selon lui, les français, blancs, catholiques sont irrépressiblement répréhensibles car suspectés de racisme et condamnés à vivre dans un non lieu puisqu’ils n’appartiennent à aucune communauté particulière, hormis celle des indigènes à qui on a imposé de nouvelles règles. Fustigeant, cette dictature de l’antiracisme, il écrit P 74 » d’une certaine façon, l’antiracisme finira par jeter l’opprobre sur ceux qui, n’appartenant à aucune minorité « visible » ne sont que des Français de souche et déjà discriminés au sein de l’indifférencié consensuel ». Accusé de racisme Richard Millet, serait inepte et simpliste. Il faut y voir l’écriture d’un désespoir contemporain et l’exaspération d’un écrivain qui cherche dans l’écriture la perfection de la langue française comme ultime espoir de préserver ce qui reste du patrimoine français.
Admiratif des différences culturelles, il reconnaît la qualité et la noblesse des autres civilisations lorsqu’elles savent préserver leur histoire. On peut lire P106 « j’aime l’idée d’être un pur français: que pourrais-je être d’autre? J’aime la pureté où qu’elle se trouve et me suis toujours méfié du discours sur l’impur comme valeur ». Face au politiquement correct qui assimile l’idée de pureté nationale au nazisme, il est impossible de défendre cette valeur qui favoriserait l’assimilation des étrangers à la nation française. Le politiquement correct affirme selon lui, une injonction « le métissage généralisé » qui détruirait l’essence nationale des indigènes et feraient d’eux des immigrés sans droit de cité et obéirait ainsi à la logique libérale qui recherche la destruction des frontières propice au consumérisme.
L’authenticité du discours de Richard Millet le conduit a affirmé P117 « j’aime qu’il y ait d’autres peuples et n’en juge aucun supérieur aux autres, même si j’en estime certains plutôt que d’autres pour des raisons culturelles, esthétiques, historiques et religieuses. Préférence qui suggère que les peuples doivent rester eux-mêmes » L’authenticité d’une nation est à l’identité ce que le peuple est à sa langue, la vertu et l’épaisseur d’une intelligence collective qui l’immunise contre les dictatures trompeuses que prennent selon lui le visage du " droit de l‘hommisme et l'humanitarisme » pour servir les intérêts du Marché.
L’avis du blogueur
Un livre à lire sans préjugé pour sa qualité esthétique, dans une syntaxe parfaite et une recherche de la complexité signifiante.
AKTUKRITIK
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/27807
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Richard Millet contre le nouvel ordre moral
Richard Millet à qui I’on doit quelques-unes des plus belles oeuvres littéraires parues ces dernières années n’en peut plus. ll n’en peut plus de voir la France peuplée de plus en plus par de nouveaux arrivants qui n’ont pas la moindre intention de devenir français. ll n'en peut plus d'un nouvel ordre moral qui fait de I impératif de « métissage » un moyen privilégie de faire disparaitre toute conscience de soi. « Que serait une France entièrement métissée écrit-ii sinon une nation vidée d’elle-même, un pays qui aurait reçu de l'Autre une altération telle que l'Autre même que je serais devenu n’y aurait plus droit de cité. » Mais I’auteur sait aussi que l’immigration incontrôlée est moins une cause qu’une conséquence, et d'abord la conséquence de l'épuisement de la perte d’énergie d’une société trans- formée toute entière en non lieu («laFrance un grand corps épuisé»). C’est pour quoi il parle d’une«fatigue du sens», c'est-à-dire d'un«renoncement à toutes les valeurs de la verticalité». «Ce n'est pas I’immigré extra-européen qui détruit la culture européenne, écrit-il encore, c’est la conjonction d’une fatigue culturelle et de l’économie de marché.» Comme Renaud Camus et quelques autres, Richard Millet se sent donc progressivement exilé dans sa patrie. ll en souffre au point de dire à cent reprises combien son désespoir est profond. Chrétien qui a longtemps vécu au Liban, il voit autour de lui se répandre de pair I’égoïsme, I’athéisme et le narcissisme petit-bourgeois. Lucide, il en identifie les causes. L’immigration de masse devenue un cauchemar « pour les immigrés comme pour les autochtones », n’est qu’«un trafic d’êtres humains où les intérêts mafieux rencontrent ceux du capitalisme international.» Quant au terrorisme du Bien (l'« hystérie antiraciste »), il rend impossible tout débat. Que reste-t-il alors à ce solitaire qui ne se sent plus français ? ll lui reste le recours à la langue française. « Je me situe sur l'autre bord de la langue, sur I’autre rive du verbe» dit celui qui parle en tant qu’écrivain. Un cri de colère. Mais aussi un symptôme.
A.B
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Dites-nous des choses qui plaisent
« Dès lors qu'elle cesse d'être une aventure personnelle, la mixité raciale n'est plus qu'une aporie idéologique.» Il faut peser cette formule du romancier Richard Millet, écrivant tout récemment un petit essai au titre ô combien significatif : Fatigue du sens. Et il faut la relire si nous avons cherché, à première lecture, à en éviter le tranchant. Il est des sujets dont on n'ose plus parler, des réalités qui sont tellement tabous que l'on n'ose plus en prononcer le nom nec nominetur in vobis, disait saint Paul à propos des choses du sexe, qu'il n'en soit même pas question parmi vous. On peut dire que c'est ce qui concerne la race qui a pris le relais aujourd'hui. De la race, qu'il ne soit même plus question parmi nous ! Et voilà le premier indice de la fatigue typiquement occidentale qui est la fatigue du sens : ne plus parler de ce que tout le monde voit. Ne plus évoquer ce que tout le monde sait. Richard Millet enfreint l'omerta. Il le fait avec talent, et j'ajoute : il le fait de manière foncièrement chrétienne. Lui qui a vécu sa jeunesse au Liban, il sait ce qu'est la ruine d'un peuple par l'immigration extérieure, ce que l'on nomme couramment la « libanisation » Mais ce n' est pas la libanisation de la France qu'il dénonce d'abord. Dans son plaidoyer, il ne s'en prend pas tant à l'immigration qu'à l'indifférenciation des êtres qui domine aujourd'hui et à travers laquelle on a l'impression que les Français de souche sont devenus eux-mêmes des immigrés dans leur propre culture, tant ils partagent les réflexes et les habitudes des nouveaux venus. «L'autre, écrit encore Richard Millet, n'existe plus comme prochain, mais dans l'insignifiance de l'interchangeable.» Ces considérations ne sont pas forcément agréables à remuer. Mais elles nous aident à rester lucides, en continuant à mettre des noms sur ce que l'on ne veut plus nommer.
JOEL PRIEUR
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Millet le réactionnaire blessé
Le premier essai que publie Pierre-Guillaume de Roux dans sa toute nouvelle maison d'édition est aussi noir que du Cioran, aussi dérangeant que du Murray. "Fatigue du sens"est une absinthe pour âme forte. Ces apostilles sucrées-salées ont du goût, du corps et vous enivrent vite. Vénéneux à souhait. Provoquant et excessif, comme on le dit d'un pamphlet de Céline. Un chant d'amour en quelque sorte. La grenade que dégoupille Richard Millet risque de faire du bruit. Car cet homme blessé est un écrivain, un vrai, un dur, un tendre. L'auteur du "Désenchantement de la littérature" (2007) se sert de la langue française, sa douce maîtresse, pour faire passer un message la France court à sa perte, à sa dépossession « Je cultive le sain désespoir de ceux qui savent que tout est perdu, clame-t-il, la perte au sens moral, l'accomplissement de la décadence comme source d'espoir.» On est tombé si bas, que cette décadence ne peut qu'entraîner - mais quand ? – une véritable Renaissance, pense-t-il, en rajoutant une couche dans "Arguments d'un désespoir contemporain". Poète débarrassé de tout sentiment raciste, Millet refuse les tabous et quand il parle de Noir, de Blanc, de race et d'immigrés, il retrouve la langue de Montesquieu, de Voltaire et de Bernanos. Si les mots ont un sens, alors ils ne doivent pas nous faire peur. Ses mots agissent comme une matraque, son style huppe et siliceux vous atteint aux tripes. Ce qu'il refuse par-dessus tout ? La « sous-culture américaine », le multiculturalisme, l'immigration extra-européenne « érigée en modèle unique », l'islamisme, « la Loi, la Tolérance, le Bien, l'Humanité », tout ce qui est régenté par ce qu'il nomme les « lobbies sexuels, religieux, ethniques, régionalistes, maçonniques, etc », mais aussi Internet, qu'il appelle « la décharge publique de l'Opinion ». Cela fait beaucoup « Je n'estime pas assez l'espèce humaine pour tout supporter d'elle », lâche-t-il. Écoutez la voix de Millet le pur, vous gagnerez un frère Murray est mort. Vive Millet !
GILLES BROCHARD
SERVICE LITTERAIRE juillet/août 2011
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Olivier Germain-Thomas reçoit Richard Millet
Olivier Germain-Thomas a reçu Richard Millet à For intérieur le 8 juillet 2011 à 21heures.
Vous pouvez réécouter l'émission.
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Comment avons-nous cessé d'être fidèles à nous-mêmes ?
Comment avons-nous cessé d'être fidèles a nous-mêmes ? Comment nous laissons-nous mener au bord de la guerre civile ? L'écrivain Richard Millet brosse le tableau clinique de l'horizontalité postmoderne et de son symptôme le plus évident, l'immigration de masse, ou encore immigration de substitution « ll ne s'agit donc, ici, explique-t-il, que de savoir ce qu'il advient du sens de la nation et de mon identité devant une immigration extraeuropéenne qui la conteste comme valeur et qui, disons-le tout de go, ne peut que la détruire [ ] parce que l’illimitation de son nombre et son assentiment aux diktats du libéralisme international rencontrent cette terrible fatigue du sens qui affecte les Européens »
Dans la mesure où le libéralisme implique l'interchangeabilité des hommes, cette immigration de masse est le pur produit de cette logique Dès lors, toute verticalité, qu'il s'agisse des héritages religieux qui sont nôtres, du travail et de son « évacuation par l'hédonisme », ou encore du sentiment de patrie, est appelée à disparaître. Il ne reste plus entre les hommes que des liens juridiques et des rapports d'intérêt le droit et le marché. Le tout sur fond de sous culture américaine, mégamachine à déraciner qui, se nourrissant du déracinement, l'entretient et l'accélère.
Bien entendu certains points prêtent à discussion, comme l'idée que c'est l'islamisation de la société qui constituerait le problème majeur et non plus l'immigration. ll n'en reste pas moins qu'il s’agit là de l'ouvrage le plus radical, le plus existentiellement engagé, le plus crucial jamais écrit sur ce drame terrible de notre temps.
PIERRE LE VIGAN
Fatigue du sens, essai de Richard Millet
(Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Le courage de Richard Millet
Cet essai décrit l'histoire que nous vivons. ll est le plus courageux et libérateur que l'on puisse lire aujourd'hui C'est un cri de révolte et de Rage. Rage contre l'immigration de masse, contre le reniement des Français, leur fatigue de sens, leur fatigue d'être eux-mêmes. Cri d’amour aussi «J'aime me rappeler mes ancêtres gaulois J’aime ce grand songe généalogique Je n’écrirais pas s'il n'y avait en moi ce vaste souci de l'origine.»
De cet amour lucide naît l'angoisse d'aujourd'hui et la révolte « L'anéantissement nous guette, nous autres Européens, particulièrement les Français peuple dont la composition ethnique avait quelque chose de musical dans son harmonie. Cette harmonie détruite, je refuse la haine de ceux qui font de I assimilation un statut [ ] Je veux dépasser la haine par le combat la noblesse du combat »
Ce cri de colère vaut par l'élégance du style, les réalités et les idées consignées ll vaut par la qualité de son auteur, un homme du sérail en quelque sorte, romancier à succès (La Confession négative, Ma vie parmi les ombres ), éditeur et membre du comité de lecture chez Gallimard. Cet essai est un signe de ce qui change sourdement. ll mêle de brefs récits et des réflexions, les uns suggérant les autres « Je crois aux races, aux ethnies, aux étrangers, aux frontières, à I’ailleurs. J’aime qu’il y ait d'autres peuples et n’en juge aucun supérieur aux autres même si i en estime certains plus que d’autres pour des raisons culturelles, esthétiques, historiques, religieuses. Préférence qui suggère que les peuples doivent rester eux-mêmes. L’idée d’un monde entièrement brasilianisé me terrifie. Or, les peuples et les nations sont ce que le Nouvel Ordre moral entend éradiquer ou discréditer au profit de ce qui les globaliserait par l'annihilation réciproque l'humanité. » Saluons cette lucidité et ce qu'elle signifie de courage.
DOMINIQUE VENNER
NRH LA NOUVELLE REVUE D'HISTOIRE juillet/août 2011
Fatigue du sens, essai de Richard Millet
(Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Borloo, champion de la pensée conforme
Normalement, s'il continue ainsi dans le pathos du politiquement correct, Jean-Louis Borloo ne devrait pas tarder à s'épuiser dans les sondages. Les Français n'en peuvent plus, me semble-t-il, de tous ces clichés qui, au nom du respect de l'Autre, en arrivent à l'oubli de Soi. "Nous sommes tous des enfants d'immigrés, seule la date d'arrivée change", a-t-il ainsi déclaré, dimanche, en commentant sa nouvelle confédération centriste, présentée comme "la force anti-FN". Hervé Morin, qui rivalise avec son allié pour obtenir l'acquiescement des clercs, l'avait dit autrement en assurant dernièrement : "Les Français sont héritiers de l'immigration". C'est d'ailleurs en vertu de ce raisonnement, usuel chez les esprits clonés, que l'Education nationale a, par exemple, fait entrer dans les programmes de 4 e l'étude des civilisations africaines du Monomotapa et du Songhaï, au détriment d'Henri IV et de Louis XIV. Le processus de déculturation doit beaucoup à cette rhinocérite aïgue qui sacralise l'immigré au point d'en oublier l'autochtone. Personnellement, je trouve insultante cette discrimination qui me touche.
Faudrait-il que la France millénaire s'efface? Borloo ne voit pas plus loin que ses intérêts électoralistes. Il croit les trouver en flattant un conformisme de plus de trente ans d'âge, acquis aux exigences des minorités ethniques et sexuelles. Or, au contraire, je suis convaincu que l'urgence pour la République est de se libérer de cette tyrannie et de renouer avec l'intérêt général. Les hommes politiques ne mesurent pas la désespérance des Français oubliés, qui se voient relégués dans les soutes d'une nation que des Borloo-Morin jugent dépassée. C'est cette blessure que décrit, en écrivain écorché et provoquant, Richard Millet dans son essai, qui affole ces jours-ci la presse comme-il-faut (Fatigue du sens, Editions Pierre Guillaume de Roux). Il écrit : "Je veux dire en quoi je ne me sens plus français, pourquoi on me fait renoncer à cette qualité, et pourquoi je précipite le mouvement en m'excluant moi-même de ce corps malade, pratiquant une sorte d'apartheid volontaire (...)". Mais Borloo n'a pas encore gagné sur Millet.
Je participerai, mardi, à un débat sur LCI (1Oh-11h), puis à On refait le monde , sur RTL (19h15-20h)
(blog.lefigaro.fr/rioufol
le 27 juin 2011 15h19)
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Richard Millet enfreint nos tabous
Dans la post-littérature contemporaine, Richard Millet aggrave une fois de plus son cas avec son dernier opus, Fatigue du sens Le thème? Brûlant s'il en est, et bien propre à faire hurler les chiens de garde de la religion de l'antiracisme le renoncement des Français, sous l'aiguillon d'une maladie de la volonté, à leurs valeurs et à leur singularité face à une immigration extra européenne de masse qui ne peut ou ne veut se plier à l'assimilation .« Il ne s'agit ici, écrit-il-en liminaire de son ouvrage, que de savoir ce qu'il advient du sens de la nation et de mon identité devant une immigration extra-européenne qui la conteste comme valeur et qui, disons le tout de go, ne peut que la détruire [ ] parce que l'illimitation de son nombre et son assentiment aux diktats du libéralisme international rencontre cette terrible fatigue du sens qui affecte les Européens de souche » Nous sommes, poursuit Millet, entrés dans un monde post-démocratique qui se caractérise par la négation de toutes les valeurs de la verticalité et repose sur « l'universalité abstraite d'un mensonge - a savoir que l'homme est bon et perfectible, pour peu qu'on le délivre de l'ethnique, de la nation, du catholicisme, de la race blanche, des traditions européennes, de l'Occident même »
"Il est possible qu'être Français consiste à n'avoir plus d'illusions au sujet de la France."
Affranchi de tout signe d'appartenance, sans mémoire, sans fierté, fatigue de son histoire, mais imprégné des mots d'ordre du nouvel ordre moral, le sujet politique contemporain est un ludion individualiste, coupable, repentant, qui n'aspire plus qu'à se fondre dans une humanité indifférenciée et, hédoniste, à jouir de ses derniers privilèges de consommateur. Un peuple, une nation, une religion, une culture, qui abdique ainsi son identité historique et spirituelle se condamne à disparaître purement et simplement. Tel est le propos, provocateur mais juste, de ce livre, dont la forme - le fragment, l'aphorisme, le discontinu - ne facilite pas la lecture, et qu’on ne saurait confondre avec une diatribe primaire à I encontre de la figure de l'immigré, lui-même victime d’un phénomène pervers Les tenants et les relais de la nouvelle doxa antiraciste ne manqueront pas d'exploiter les "failles" de l'auteur l'aveu sans fard de son hostilité à la démocratie, de sa haine pour la société contemporaine, de son mépris pour les élites démissionnaires, de son antilibéralisme. Et il est vrai que Richard Millet se montre souvent abrupt et maladroit, mais cette rudesse, cette maladresse mêmes sont garantes de la sincérité de ce cri de colère et de douleur d'un homme condamné à l'exil intérieur dans un pays qu'il ne reconnaît plus et qui le nie dans son essence même.
BRUNO DE CESSOLE
Fatigue du sens, essai de Richard Millet
(Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Richard Millet : l'homme blessé
Dans un de ses précédents livres, L'Orient désert, Richard Millet dénonçait la perte des sens, l'infantilisation des esprits, les dérives de l'amour, l'héroïsme floué, les impostures érigées en dogmes, s'exclamant : « Je marche dans ma propre poussière. Pas d'autre mystère, du moins, que celui du mouvement par quoi se dessaisir de soi ».Cette fois, il récidive dans cette forme de pessimisme article_actif qui l'entraîne vers des sentiments habités par le découragement à travers deux ouvrages, Arguments d'un désespoir contemporain et Fatigue du sens. Refusant le monde tel qu'il est devenu aujourd'hui, avec surtout cette « immigration massive en Europe de peuples extra-européens » qu'il compare aux anciennes invasions barbares et totalitaires, Millet le paladin se dit en « apartheid volontaire », séparé des gens, des amis comme des intellectuels. Il vit ainsi un véritable exil intérieur, chassant en pleine lumière tous les affres qui pourraient l'encombrer. « Je cultive le sain désespoir de ceux qui savent que tout est perdu, clame-t-il ; la perte au sens moral ; l'accomplissement de la décadence comme source d'espoir ».
Les apostilles de son essai, d'une rare virulence, Fatigue du sens, qui sort dans la nouvelle maison d'édition Pierre - Guillaume de Roux , nous consolent de notre propre constat. Mais attention à ceux qui pourraient le lire sans comprendre que la démarche de cet écrivain solitaire n'a rien de politique en soi, c'est-à-dire d'idéologique. Millet ne roule pour aucun parti. Il est un des derniers « civilisés » du monde occidental qui fait acte d'écriture, comme un artiste en furie, un artiste dépossédé qui crie dans le désert.
« La Loi, la Tolérance, le Bien, l'Humanité »
Avec la rage au coeur, identique à celle que j'avais senti chez Robert Sainz, l'auteur d'Un Roi d'Allemagne dans la nuit d'Occident.Bruno de Cessole devrait ajouter un chapitre à son Défilé des réfractaires (L'Éditeur), car Millet serait à situer quelque part entre Jean Raspail, Dominique de Roux et Philippe Murray.Lui, l'homme blanc, le chrétien, le combattant, ne se reconnaissant plus dans ce monde couvert par « la Loi, la Tolérance, le Bien, l'Humanité » et régenté par ce qu'il nomme les « lobbies sexuels, religieux, ethniques, régionalistes, maçonnique, etc.».Il pointe du doigt la faillite du multiculturalisme qui va jusqu'à refuser de franciser les noms propres et les noms communs n'encourageant que la transcription anglophone : on ne dit pas Kossovar mais Kosovar, Burkinabé au lieu de Burkina Fasien ; sans parler de la féminisation des noms de métier.
En parallèle, il faut lire aussi Arguments d'un désespoir contemporain, au ton plus professoral sans doute, mais qui éclaire la structure de son propos, allant contre la « dégradation du sacré », offrant à son lecteur cette belle réflexion : « Si Dieu existe, Il est mon Créateur et il importe qu'il me voie à tout instant : ma vie en trouve non seulement une dimension tout autre, un sens d'une profondeur inouïe, mais aussi une lumière dont seul l'amour peut donner une idée ».
GILLES BROCHARD
(http://www.culturemag.fr/2011/06/10/richard-millet-l%E2%80%99homme-blesse/)
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Ce soir ou jamais - Frédéric Taddéi reçoit Richard Millet
Frédéric Taddéi reçoit Richard Millet dans son émission "Ce soir ou jamais" du jeudi 12 mai à 23 heures sur France 3.
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Répliques - Alain Finkielkraut reçoit Richard Millet
Jean-Christophe Bailly et Richard Millet sont les invités d'Alain Finkielkraut dans son émission Répliques sur France Culture " Au coeur de la France" qui sera diffusée le 11 juini 2011 à 9h10
Fatigue du sens, essai de Richard Millet (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)