La constellation Cioran
On peut tout imaginer : l’homme aujourd’hui n’est plus guère en mesure de faire savoir ce qu’il pense de ce centième anniversaire ni des diverses initiatives prises à cette occasion ; y a-t-il donc lieu de s’interroger sur ses éventuelles réactions puisque de toute façon la question restera sans réponse…
Quant au public, il ne peut que se réjouir desdites initiatives, assez peu nombreuses hélas, car ces cent bougies semblent avoir été soufflées sans tambour ni trompette. Parmi elles, et voilà qui rachète beaucoup de choses, la publication de deux ouvrages de première importance : un volume d’OEuvres dans la Bibliothèque de la Pléiade qui groupe la totalité des textes que Cioran a écrits en français et, aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, Cioran et ses contemporains, un recueil d’essais et d’entretiens conçu sous la direction de Pierre-Emmanuel Dauzat – traducteur et essayiste qui a voué son travail personnel à l’étude de la pensée chrétienne – et de l’écrivain belge Yun Sun Limet. D’une élégante sobriété, cet ouvrage se signale à la vue par le bel effet chromatique du bandeau jaune bordé de noir et de blanc se détachant avec éclat sur la couverture blanche barrée d’une large trace peinte gris pâle.
« CIORAN 100 ANS » clament de grandes capitales noires… La formule, carrée dans son graphisme, sonne brillamment – on se dit qu’elle cligne de l’oeil à la sensibilité picturale de Cioran autant qu’à son art de manier sons et sens à la manière d’un poète.
Mais quoi que laisse penser le bandeau arborant cette fière inscription, ce recueil n’a rien d’opportuniste – il résulte juste d’une heureuse synchronie. En réalité l’histoire du livre trouve son origine loin en amont du centenaire ; elle a été longue, passablement compliquée – Yun Sun Limet parvient toutefois à la résumer simplement, sans en taire les accidents : « Entre le moment où le projet a commencé d’être conçu et sa publication, il s’est écoulé à peu près sept ans. Je travaillais chez Fayard quand j’ai rencontré Pierre-Emmanuel Dauzat ; il avait déjà initié un recueil collectif consacré à Cioran pour les éditions de L’Herne. Me sachant spécialiste de Maurice Blanchot, il m’a demandé d’écrire une contribution qui traiterait des rapports entre les deux écrivains. À peine lui avais-je remis mon texte qu’il renonçait à la publication : de profonds désaccords s’étaient creusés entre Pierre-Emmanuel et la directrice de la maison qui ne parvenaient pas à se résoudre. Elle voulait en effet insérer les textes que Cioran avait écrits tandis qu’il était membre de la Garde de fer tandis que Pierre-Emmanuel s’y refusait, estimant que ces textes exigeaient un minimum de précautions éditoriales impossibles à prendre dans un recueil collectif. Pour lui, l’appartenance de Cioran à l’extrême droite est une question grave, qui ne doit pas être éludée mais qui ne peut être abordée de manière simpliste ou à des fins de “coups éditoriaux”. Qui plus est, la publication des textes litigieux ne pouvait se faire qu’en violation expresse des décisions de l’exécuteur testamentaire, Yannick Guillou : il n’était donc pas question de cautionner ce qui était un manquement à la parole donnée.
Le Cahier de L’Herne qui aurait dû paraître n’a donc jamais vu le jour. Là-dessus le temps a passé…
Voyant que rien ne bougeait, et que cet immobilisme attristait beaucoup Pierre-Emmanuel, je lui ai proposé de l’aider à trouver un autre éditeur. Mon implication dans ce projet, au départ très circonstancielle, est ainsi devenue plus étroite. « Après ce conflit avec les éditions de L’Herne, ce sont les éditions Gallimard qui se sont offertes pour publier le livre. Mais là encore les atermoiements se sont multipliés, pour des raisons complexes dont le détail importe assez peu et, de reports en reports, Gallimard a finalement jeté l’éponge. Pour corser le tout, il faut ajouter à ces aléas éditoriaux les énormes problèmes juridiques qu’a posés la succession de Cioran, qui n’a pas eu de descendants et dont l’épouse, son unique ayant droit, est morte en 1997. Malgré tout, Pierre-Emmanuel a persévéré – pourtant, d’autres obstacles ont surgi : en 2009, les éditions de L’Herne ont publié un Cahier Cioran où figuraient plusieurs textes originellement destinés au recueil de Pierre-Emmanuel. Ils n’étaient donc plus disponibles ; il a fallu repenser l’ouvrage dans son ensemble, solliciter de nouvelles contributions… In fine, c’est Pierre-Guillaume de Roux qui a accepté de publier le livre – il est le fils du fondateur de L’Herne ; peut-être est-ce un signe ? La décision a été prise très vite, dès que nous avons été libérés des engagements contractuels qui nous liaient à Gallimard ; c’était au mois de mai 2011 et, ensuite, les choses se sont accélérées. Voilà comment ce recueil en est venu à paraître tout à fait par hasard début novembre, quasi en même temps que le volume d’OEuvres dans la Bibliothèque de la Pléiade… »
L’objet issu de ce parcours à rebondissements est un livre imposant de presque quatre cents pages réunissant des contributions dues à une vingtaine d’auteurs, un petit assortiment de textes de Cioran – des lettres, quelques dédicaces – et une bibliographie bien nourrie.
Les articles sont variés de forme, et nombreux les thèmes qu’ils abordent. À cet égard, le titre est trop modeste : si une bonne part du contenu est en effet consacrée aux liens, humains et/ou littéraires qui se sont noués entre Cioran et plusieurs de ses contemporains – Camus, Gary, Malraux, Blanchot, Beckett, Ionesco,Michaux, et surtout Benjamin Fondane – l’on va bien au-delà de la stricte contemporanéité avec Manuel de Diéguez qui examine « L’héritage de Pascal dans l’oeuvre de Cioran », avec Constantin Zaharia qui relie « le rire de Démocrite » à la « mélancolie de Cioran », avec tous les contributeurs qui se sont penchés sur « les racines roumaines » de l’écrivain… Plusieurs perspectives se croisent à l’intersection desquelles Cioran et ses écrits gagnent en éclat. Il n’y a là rien d’inhabituel : imagine-t-on, aujourd’hui, que l’on puisse appréhender une oeuvre autrement qu’à l’intérieur d’un large contexte ? Il semble cependant, à écouter Yun Sun Limet, que Cioran n’ait pas beaucoup bénéficié de cette tendance intellectuelle : « Certes, son oeuvre est connue, et des mémoires, des études ont été publiés, mais sa postérité n’a pas été si importante que cela dans le milieu universitaire. Peut-être les polémiques qui ont entouré la révélation de son appartenance à la Garde de fer et la découverte des textes qu’il a écrits pendant cette période-là ont-elles entraîné une certaine méfiance de la part des chercheurs ? À moins que son oeuvre ait été jugée trop singulière, trop hiératique… Toujours est-il qu’on s’est,jusqu’à présent, assez peu intéressé aux passerelles qui existent entre Cioran et les autres écrivains de son époque, aussi avons-nous eu à coeur de montrer que sa pensée n’est pas isolée, tel un petit diamant posé sur son socle ; c’est pour cela que le livre s’intitule Cioran et ses contemporains. »
On l’a vu, le recueil offre plus, beaucoup plus. Pourtant les maîtres d’oeuvre le qualifient de « mince volume » en regard de l’oeuvre très riche de Cioran.
C’est la raison pour laquelle Yun Sun Limet le présente comme « une sorte d’introduction » à l’auteur : « Il y a d’une part son écriture, qui témoigne d’un vrai souci de la langue, et puis sa pensée, vraiment singulière, qu’on ne peut pas enfermer dans un système philosophique. Cette pensée qui se développe ne peut pas être séparée de l’écriture, l’une et l’autre sont indissolublement liées… Travailler sur cette oeuvre un peu sérieusement en révèle la richesse et la complexité, et montre que bien des pistes restent à exploiter. » Certaines de ces « pistes » sont à peine suggérées – on ne devine la passion de Cioran pour la peinture qu’à travers un texte qu’il a écrit sur Nicolas de Staël, inséré à la fin du volume – d’autres passées sous silence – par exemple aucun article n’évoque l’importance que l’écrivain roumain accordait à la musique – et cela justifie, pour Yun Sun Limet, que le recueil soit, malgré sa richesse et sa densité, considéré comme une introduction. Le terme pour autant ne signifie pas que l’ouvrage est
un jeu de clés destiné aux néophytes – veut-on aborder l’oeuvre de Cioran que l’on commencera par s’immerger naturellement dans ses
textes. Une fois franchi ce cap, on n’en appréciera que davantage tout ce qu’apporte ce volume – une lumière aux incidences multiples, dont on apprivoisera les reflets en circulant librement dans le livre, consultant un article par-ci, un entretien par-là… La variété de ton et de nature des textes s’y prête merveilleusement. Certes organisés en parties, ils ne sont pas corsetés par cette architecture et se laissent approcher « à sauts et à gambades » comme de petites unités autonomes, chacune dotée d’un minutieux appareil de notes. En regard de cela, on s’étonne qu’aucun des contributeurs ne soit présenté, fût-ce sommairement. L’omission est tout à fait délibérée, précise Yun Sun Limet : « C’est Pierre-Emmanuel qui l’a voulu ainsi. Il a estimé qu’il valait mieux ne pas présenter les auteurs des articles de façon à ce que ces derniers soient lus pour leur contenu et non en fonction de qui les avait écrits. De plus,
comme nous avons dû travailler très vite dès que la décision de publier a pu être prise, il aurait été extrêmement difficile d’obtenir des contributeurs qu’ils nous envoient leur biographie dans les délais impartis. » Le choix est conforme à l’esprit général de l’ouvrage : à l’écart des polémiques, suggérer plutôt qu’affirmer ou nier, puis laisser ensuite le lecteur disposer..
Déployant autour de l’oeuvre et de la personnalité de Cioran de nombreuses perspectives non pour en explorer des aspects précis mais pour, à son tour, ouvrir devant les lecteurs de larges espaces perspectifs où chacun d’eux s’aventurera comme il l’entend, ce livre est un port que l’on quitte pour commencer un long périple, non une terre où l’on accoste pour y dénicher des assertions péremptoires et des opinions définitives. Yun Sun Limet et Pierre-Emmanuel Dauzat l’entendent bien ainsi qui concluent leur introduction en désignant leur ouvrage comme « une invitation au voyage ». Il ne nous reste plus qu’à prendre le départ…
Yun Sun Limet : Concours de circonstances
Yun Sun Limet a dit de son implication dans l’élaboration de Cioran et ses contemporains qu’elle était « circonstancielle ». L’adjectif pourrait
tout aussi bien qualifier son installation en France : « J’ai quitté la Belgique pour la France il y a environ quinze ans parce que j’ai épousé
un Français ; lui avait un emploi stable quand moi je n’avais pas encore de profession tout à fait fixée ; je l’ai donc tout naturellement suivi dans
son pays, et à Paris puisqu’il est parisien. Si j’avais épousé un Guatémaltèque, je serais allée vivre au Guatemala », a-t-elle conclu en souriant.
Mais le cours de la vie a été tel qu’elle n’a pas eu à s’éloigner beaucoup du pays où elle a grandi et auquel elle demeure profondément attachée, ni à faire sienne une langue étrangère : « S’installer dans un pays où on parle français quand on est soi-même francophone, ça facilite les choses ! » Cependant, pour elle qui a passé son enfance et son adolescence dans un petit village, a peu fréquenté les grandes villes et n’a connu Bruxelles que pendant deux ans, s’adapter à Paris n’a pas été facile : « Je ne crois pas avoir beaucoup d’affinités avec Paris, le “champ littéraire parisien”… Je me suis sentie davantage dans mon élément en Normandie, pendant les quatre années que j’ai passées là-bas, et je ne suis revenue à Paris que forcée. Je ne peux pas dire que je me sente parisienne… » Tout en reconnaissant que Paris est une belle ville, stimulante d’un point de vue culturel et indéniablement favorable à qui veut faire carrière, elle estime l’ambiance de la capitale plutôt néfaste à son écriture – enfin… ce n’est pas aussi simple : écrire n’est pas affaire de lieu mais, avant tout, de disponibilité. C’est le temps, la liberté d’esprit dont elle dispose, qui décide si elle peut s’adonner ou non à l’écriture. À l’heure où nous nous entretenions, il y avait dans l’air la parution d’un roman prévue pour le printemps 2012. Et d’autres petites choses aussi, dont elle ne dira rien, craignant peut-être que des paroles trop tôt hasardées vinssent anéantir des projets encore fragiles tant qu’ils ne sont pas entièrement concrétisés…
ISABELLE ROCHE
Le Carnet et les instants - n°170 (février - mars 2012)
Cioran et ses contemporains, dir. Yun Sun Limet et Pierre-Emmanuel Dauzat (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Le coup de coeur par Christophe Bourseiller
Sans doute n’a-t-on jusqu’ici pas encore pris la mesure de l’importance de Cioran, cantonné qu’il peut être aux yeux du grand public à l’auteur de phrases de dissertations sur la vanité de l’existence. Le centenaire de sa naissance peut être l’occasion de redire ce que son œuvre a apporté à la pensée et le contexte intellectuel et historique dans lequel elle est apparue. Ce volume rassemble les contributions de chercheurs et de témoins importants. La première partie replace Cioran à la croisée d’autres écrivains ou penseurs : Beckett, Caillois, Ionesco, Romain Gary, Blanchot, Pascal. Le témoignage inédit de Jeannine Worms en particulier, vivant et spirituel, nous rend un Cioran très présent, et ses liens avec Caillois et Beckett dévoilés dans leur profondeur. En écho et dans la dernière partie sont publiées des correspondances inédites : en particulier celles avec Paulhan, celle avec un ami de longue date et qui sera un des derniers à qui il écrira, Gérard Benda : une lettre sur l’arrêt de l’écriture, de nombreuses dédicaces à Michaux, Beckett, ou Ionesco, présentées par Yves Peyré. Entre ces deux parties, des chercheurs et essayistes reviennent sur sa pensée et son écriture : la question de la langue, du passage du roumain au français, du « dialogue des métèques » pour reprendre l’expression d’Edouard Roditi, la question du style et le « moment Cioran » dans l’histoire des relations entre pensée et écriture, le rôle des carnets dans son œuvre, la double face mélancolie et rigueur classique, la dimension européenne de son influence également, les racines roumaines de sa Weltanschauung. Autant d’éclairages qui montrent à la fois l’importance de l’œuvre et son actualité, son « intempestivité ». Un dossier spécifique, élaboré par Monique Jutrin, montre ses liens avec Benjamin Fondane, poète et philosophe d’origine roumaine, mort à Auschwitz en 1944. De nombreux inédits, les contributions de Jacques Le Rider, Manuel de Dieguez, Edouard Roditi, Mario Andrea Rigoni, Norbert Dodille, Cecile Ladjali, Gabriel Matzneff, Constantin Zaharia, Simona Modreanu, Dorica Lucaci, Andrei Plesu, Liliana Nicorescu, Imre Toth, un entretien inédit avec Simone Boué : ce volume fera date.
CHRISTOPHE BOURSEILLER
Cioran et ses contemporains, dir. Yun Sun Limet et Pierre-Emmanuel
Dauzat (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
L'honneur dû à Cioran
Pour retrouver un Cioran démuséifié, contextualisé, il faut se plonger dans le passionnant Cioran et ses contemporains. On y voit que ce grand solitaire était aussi en plein dans la vie intellectuelle germanopratine, dialoguant indirectement avec Camus ou Blanchot et éblouissant Gary. Ce recueil permet aussi de saisir l’importance dans son œuvre d’une culture roumaine imprégnée d’antiques traditions thraces - où l’on pleurait la naissance et fêtait la mort. «Il m’a fallu toute une vie à m’habituer à l’idée d’être roumain mais les années me ramènent à mes origines et ces ancêtres dont j’ai tant médit, que je les comprends et que je les excuse», écrit-il dans ses Cahiers, immense journal qui n’en est pas vraiment un, et jaillissement de l’œuvre à l’état brut, qui mériterait un second volume dans la Pléiade.
MARC SEMO
Cioran et ses contemporains, dir. Yun Sun Limet et P-E Dauzat
(Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Le feuilleton d'Eric Chevillard
De l'avantage d'être né il y a cent ans - ou serait-ce encore l'un des inconvénients de n'avoir su rester inaccompli ? -, les commémorations éditoriales se multiplient. Signalons en particulier le copieux recueil collectif, Cioran et ses contemporains(sous la direction de Yun Sun Limet et Pierre-Emmanuel Dauzat, Ed. Pierre-Guillaume de Roux, 340 p., 26,50 €), qui rassemble des lettres inédites de Cioran, des entretiens rares, des témoignages, des lectures croisées (avec Gary, Camus ou Blanchot) et quelques contributions de haut vol. Yves Peyré évoque magnifiquement son "intense proximité" avec Beckett et Michaux. Constantin Zaharia pose la question "du bon usage de la négation". "Imaginer Cioran heureux est impossible", écrit-il après avoir décrit un homme rongé par une mélancolie voisine de la bile noire des Anciens puis pointé la "dimension apocalyptique" de son écriture, notant toutefois que le ton de celle-ci "n'en est pas moins celui de la jubilation ; c'est le ton d'un enthousiasme que seule l'idée de destruction est capable d'éveiller".
Tous les témoins s'accordent pourtant sur ce point : Cioran était un plaisant compagnon, drôle, volubile, qui confessait avec une honte un peu feinte un "amour morbide de la vie" et ne se tenait pas lui-même pour un nihiliste : "Est-ce qu'une gifle est une négation ? Donner une gifle, c'est une affirmation", dira-t-il lors d'un entretien télévisé. "Mais ce que je fais, c'est des négations qui sont des gifles, n'est-ce pas ? Donc des affirmations !"
ERIC CHEVILLARD
Pour en savoir plus : http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/11/17/cioran-pleine-peau_1604908_3260.html
Cioran et ses contemporains, essais (dir. de Yun Sun Limet et Pierre-Emmanuel Dauzat)
(Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
Cioran le complice du néant
Loin de la caricature, le remarquable « Cioran et ses contemporains »
(sous la direction de Yun Sun Limet et de Pierre Emmanuel Dauzat, éditions Pierre Guillaume de Roux, 3 40 p.,26,50 e) redonne toute sa complexité à l'écrivain, compilant des lettres et témoignages souvent inédits (Paulhan, Matzneff.), ainsi que des analyses mettant en perspective son oeuvre par rapport à Beckett, Ionesco ou Blanchot.
THOMAS MAHLER